Évêque de Santíssima Conceição do Araguaia, un diocèse d’Amazonie de 77.000 km2, Mgr Dominique You explique les enjeux de l’évangélisation de l’Amazonie brésilienne, tels qu’ils se présentent aux pères synodaux qui se réuniront en octobre à Rome. Face aux défis anthropologique et spirituel de l’évangélisation des peuples d’Amazonie, « l’unique solution est de susciter des chrétiens laïcs et consacrés déterminés à convertir leur vie, et à la donner dans une authentique recherche de la sainteté, le nom chrétien de l’écologie intégrale ». Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés ! (Ps 79,20)Évêque français au Brésil depuis 2003, et depuis 2006 en Amazonie, je remercie le pape François pour l’opportunité que le synode représente pour l’Amazonie en faveur de nos Églises particulières. Je demande à Dieu que cette assemblée d’évêques autour du Saint-Père nous aide à offrir à nos peuples un supplément d’âme, comme un second souffle, capable d’intégrer les dimensions matérielles et spirituelles de nos problèmes. Sans lui, notre région ne vaincra pas les défis qu’elle affronte. Nous devons apprendre à présenter la radicalité évangélique et la persévérance qui surgissent d’une recherche réelle de la sainteté de vie individuelle et communautaire, laïque ou consacrée. Seul ce « levain » pourra permettre les changements indispensables exigés dans notre « pâte », à la fois unique au monde, et paradigmatique de toute notre famille humaine.
Une situation paradigmatique
Le problème de l’Amazonie n’est pas d’abord écologique, social, économique, ethnologique, ni politique, il est anthropologique et spirituel : on n’y comprend pas facilement ce qu’est la personne humaine, sa valeur, sa dignité et son destin terrestre et éternel. De par les migrations successives qui ont eu lieu au long des deux derniers siècles, l’être humain n’est souvent perçu que comme un outil de travail. L’âpreté au gain d’un capitalisme sauvage, l’absence d’état de droit et le manque d’évangélisateurs ont déclaré une guerre prédatrice à l’encontre de toute harmonie et au mépris de toute créature, qu’elle soit minérale, végétale, animale ou humaine ! Les menaces y sont désormais tellement grandes, que le pape François y a vu une situation paradigmatique de ce que notre planète peut être amenée à souffrir, si des changements de comportement ne sont pas adoptés en urgence. Est-il exagéré de penser que la présence de l’Église au cœur de ce défi peut être considérée comme une miséricorde de Dieu, pour apporter la lumière et faire advenir la grâce ?
Des richesses et des menaces
La population de l’Amazonie brésilienne (23 millions d’habitants) représente 11,1 % de la population du Brésil (207 millions). La population indigène1 de l’Amazonie brésilienne est évaluée à 700.000 habitants, soit 0,33 % de la population brésilienne et 3,04 % de la population de l’Amazonie brésilienne. Notre région est une mosaïque de peuples, de cultures, de religions. Les plus anciens l’habitent depuis 11.000 ans. Au XXe siècle, après une succession de vagues migratoires, les militaires brésiliens au pouvoir (1964-1985) ont fait du développement de l’Amazonie un projet de prestige, autour du slogan : « L’Amazonie, une terre sans hommes, pour des hommes sans terres ! » Pour cette raison, l’immense majorité de la population n’a pas plus de soixante ans de présence ici. L’Instrumentum laboris — le « Document de travail »2 de notre Synode décrit assez justement cette situation sociale de l’Amazonie : d’immenses souffrances passées et présentes, un immense chantier, avec de nombreuses richesses et de très graves menaces.
Convoitée par nos migrants comme la Terre promise, notre Amazonie a offert des opportunités à ceux qui quittaient des terres arides, mais ce fut au prix de bien des souffrances et même du sang. Les différences entre les plus diverses cultures d’origine, qui dans un sens sont une richesse, ont aussi apporté leurs conséquences négatives. La migration n’a pas conduit au paradis rêvé ! Aujourd’hui, les petits-fils et filles des migrants doivent encore apprendre à regarder en avant, et non plus en arrière. Une nouvelle culture régionale est en train de naître sous nos yeux. À nous de contribuer pour que le meilleur (et non pas le pire) de ces cultures d’origine de nos peuples indigènes et migrants grandisse et rende possible un avenir plus digne. Mais la concurrence avec la culture mondialisée ne favorise pas la tâche !
Un peuple déraciné
A-t-on idée de ce qu’est un diocèse encore en première évangélisation, avec ses cinquante à cent ans d’âge, dans une situation sociojuridique si jeune ? Les migrants qui sont venus planter chez nous leur tente étaient chrétiens. Ils arrivèrent par milliers, de tous les États du Brésil ; mais, dans la caravane, il manquait les missionnaires. Leur déracinement a été si grand que toute l’évangélisation a dû être reprise à la base pour être transmise aux générations suivantes. Aujourd’hui encore, cela représente autant de perles que de failles ! On y trouve tout pour s’émerveiller, et tout pour s’indigner ! Tout est à penser et à réaliser, comme dans n’importe quelle région de première évangélisation. Selon les lieux, le nombre de prêtres a commencé à monter il y a quarante ans, mais beaucoup de diocèses traînent encore à devenir autosuffisants… Il n’y a pas de temps à perdre pour nous mettre au travail, et pour que cette nouvelle culture en train de naître soit, un jour, une culture digne de la personne humaine fille de Dieu5 !
Être missionnaire en Amazonie
Pour tous ceux qui mettent la main à cette charrue, cela signifie abandonner sa vie à la « folie de Dieu » plus sage que les sages. Rêver et croire, à la fois ! C’est le mystérieux optimisme du missionnaire. Il voit le « péché du monde » à l’œuvre ! Mais il rencontre aussi les « semences du Verbe » présentes dans les cœurs et les cultures. Tôt ou tard, il commence à percevoir les premiers signes du Royaume qui lève dans les jeunes communautés. À la traditionnelle soif de Dieu de nos migrants, succèdent les conversions authentiques : la sortie de la commodité, la découverte de nouvelles raisons de vivre, de servir et d’aimer, l’accueil offert au plus petit, l’inclusion de l´arrivant, la solidarité entre les disciples riches ou pauvres, l’attention à la foi des humbles, l’importance de la fidélité dans le mariage, l’émergence de vocations consacrées, etc. (cf. Mc 9 et 10). Ce sont des signes qui, dans leur humilité, ne trompent pas. Ils sont annonciateurs d’une maturité en croissance. Avec son cœur, le missionnaire embrasse alors cet immense chantier de l’Esprit Saint, avec autant de motifs d’enthousiasme que de préoccupations qui paraissent insurmontables !
La promesse de la seule Unité
De quelle unité rêvons-nous pour cette mosaïque de peuples divers ? Nous autres missionnaires, il nous faut avoir le rêve attelé à l’Espérance en Dieu : à travers les conquêtes et les drames, la Cité de Dieu s’édifie mystérieusement en nos terres, par des voies imprévisibles qui, très souvent, ne sont pas les nôtres, parce que Dieu est fidèle à sa Promesse, nous dit la Parole de Dieu. Appelé à devenir le Père de toutes les nations, Abraham fut le premier géant de cette attitude en réponse à cette Promesse divine, sans savoir par où il passerait, ni même où il arriverait : « Il partit sans savoir où il allait, écrit St Grégoire de Nysse, et c’est “parce qu’il ne savait pas où il allait” qu’il savait qu’il était dans la bonne voie ; car il était sûr alors de ne pas se laisser conduire par les lumières de sa propre intelligence, mais par la Volonté de Dieu ! ». Notre-Dame n’a pas eu un moindre mérite que son aïeul : dans les rires et les larmes, elle a accueilli et cru à la Promesse du Fils-Roi d’un peuple à rassembler et réunir, et elle a chanté les « merveilles de Dieu » ! Saint Paul, enfin, l’Apôtre des nations, comme les deux précédents a bu avant nous à cette Source de la Promesse de l’Unité entre juifs et païens tous deux convertis. Il s’est livré corps et âme à ce joug. Il est devenu le prophète de la filiation divine et de la fraternité universelle qui fondent le Royaume3 !
Au milieu de cette difficile multiplicité culturelle qui est la nôtre, nous apprenons à reconnaître la seule Unité promise. Celle qui résulte d’une conversion au Christ, et non pas d’une imposition. C’est l’unité à laquelle on arrive quand chacun ne vit plus pour soi-même, mais avec les autres, pour tous. Elle se réalise dans la charité, quand chacun reconnaît la « soif d’être » de l’autre, sympathise avec ce qu’il y a de bien autour de soi, sans chercher à prendre la place de l’autre. Ni vouloir les assimiler à sa propre culture mais au Christ. Cette Unité, nous dit S. Paul, vient du Christ-Jésus quand Il est accueilli intégralement. Elle construit le Corps du Christ Total !
Ce qu’il faut attendre du synode
« Nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale », tel est le thème de l’Assemblée spéciale du synode des évêques pour l’Amazonie. L’insistance répétée du pape François sur les motivations spirituelles à ce sujet, dans sa Lettre encyclique Laudato Si’, m’aide à préciser mon attente du synode4 :
« Je veux proposer aux chrétiens quelques lignes d’une spiritualité écologique qui trouvent leur origine dans des convictions de notre foi, car ce que nous enseigne l’Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre. Il ne s’agit pas de parler tant d’idées, mais surtout de motivations qui naissent de la spiritualité pour alimenter la passion de la préservation du monde. Il ne sera pas possible, en effet, de s’engager dans de grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime, sans les mobiles intérieurs qui poussent, motivent, encouragent et donnent sens à l’action personnelle et communautaire… » (n. 216).
Comment décrire ces « motivations spirituelles » si importantes pour montrer « les nouveaux chemins » ? Ce sont les convictions surnaturelles que la foi, l’espérance et la charité enracinent dans la spiritualité chrétienne et qui sont en mesure d’engendrer les comportements de l’« homme nouveau ». En cela, elles se distinguent des motivations anthropologiques naturelles ou des réflexions sur le monde, « comme le ciel est au-dessus de la terre, et les pensées de Dieu au-dessus de nos pensées » (Is 55, 9). Pour notre pape, la contribution spécifique de l‘Église doit être celle d’apporter ces motivations spirituelles car elles sont le patrimoine de l’Église. Elles seront lancées comme des semences et des fondations pour les indispensables changements de comportements. Elles soutiendront et enrichiront les motivations anthropologiques naturelles : le respect des peuples, le sens du travail et de la famille, la justice, l’écologie, etc. Elles sont « une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité » (Laudato Si’, n. 216). Bien au-delà d’un ensemble de lois humaines, elles sont une lumière et une vie à accueillir, à témoigner et transmettre. L’homme et la société ne grandissent et ne s’améliorent qu’ainsi. Avant le pape François, Jean-Paul II, au Brésil, nous avait déjà alertés il y a quarante ans, que nous devrions devenir « plus humains, plus fraternels, plus fils et filles de Dieu ».
Les pierres de la Bonne Nouvelle
L’Instrumentum laboris, quant à lui, surprend. Visiblement, il est l’œuvre d’experts : de sociologues, d’ethnologues, d’économistes, de biblistes, d’altermondialistes, d’ONG, etc. Chacun dessine sa « carte » de nos peuples : tous selon son espèce ! La quantité de suggestions d’améliorations sociales de notre région effraie ! De son côté, la Sainte Trinité6 n’est pas présentée comme unique « origine et terme » digne de toute personne humaine, ni Jésus-Christ comme « Lumière des Peuples7 », ni la Rédemption de tous les peuples par son Sacrifice rédempteur, ni l’Adoption filiale, ni l’Incorporation dans le Christ, ni l’Église reconnue comme « Sacrement universel de Salut8 », ni l’Héritage éternel… À partir de toutes ces pierres et de tant d’autres qui forment la mosaïque de la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu, nous autres, Pasteurs, devrons offrir un fondement anthropologique et spirituel, adapté au lien entre « foi et vie » en cette mission d’Amazonie. Nous ne pouvons pas garder pour nous le patrimoine reçu9 ! À cette condition seulement, de « nouveaux chemins » s’ouvriront alors pour nos peuples…
Au-delà des nombreuses suggestions apportées par l’Instrumentum laboris sur ce qui est vrai ou faux, juste ou injuste, risqué ou sûr, en face des multiples gangrènes qui tenaillent l’Amazonie, nous savons que l’unique solution est de susciter des hommes et des femmes, des chrétiens laïcs et consacrés, qui soient déterminés à convertir leur vie, et à la donner dans une authentique recherche de la sainteté. Car c’est le nom chrétien de l’écologie intégrale ! L’Amazonie a besoin d’un supplément d’âme, comme un second souffle, capable d’intégrer les dimensions matérielles et spirituelles de nos problèmes ! Cela se manifestera à travers chacun des trois « sauvegardes » mises en lumière par le pape François10 : l’amour inconditionnel au sein de la famille, la miséricorde en faveur des plus nécessiteux et l’écologie en faveur de la Maison commune. L’Amazonie a besoin de chrétiens habités par la joie d’être fils et filles d’un Père qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer ! Des chrétiens, animés par une gratitude infinie, qui cultivent dans leur vie familiale et leurs responsabilités la communication bienveillante plutôt que l’égoïsme, la recherche du plaisir et l’arrogance ; des chrétiens chez qui l’honnêteté soit plus forte que l’âpreté au gain à travers les petites ou grandes corruptions ; des chrétiens pour qui l’implantation de la justice sociale en notre sol soit une exigence incontournable ; des chrétiens qui luttent contre tous les esclavages modernes, y compris ceux des vices et des dépendances, et qui aient le souci de « gérer » la création comme elle le mérite, etc.
Dépasser les sciences humaines
Il nous faudra dépasser les lumières des sciences humaines et les leçons « basées sur une lecture propre de la Bible » (n. 137), qu’elle soit fondamentaliste ou horizontaliste. Car la Promesse de Dieu veut nous entraîner plus loin et plus haut. Et la faim de nos peuples n’y trouverait pas son pain ! Le travail de notre Synode ne pourra pas manquer d’être traversé par la Bonne Nouvelle intégrale qu’est Jésus Christ, sa Personne, son message et son Royaume ! Car il revient à notre Synode de faire advenir dans l’Avent de notre région amazonienne les deux faces de la réalisation de la Promesse : la filiation divine et la nouvelle fraternité, déjà apportées par Jésus, mais qui doivent encore s’incarner dans l’histoire de tout homme et de toute société. L’unité de l’Amazonie dont nous rêvons est à ce prix… Adveniat regnum tuum — « Que ton règne vienne » ! C’est cette illumination qui, pénétrant l’intelligence et la conscience, permettra à nos communautés ecclésiales « samaritaines » de l’Amazonie de faire des pas de géant vers le Royaume !
La cohérence héroïque du célibat sacerdotal
Une question provoquée par l’Instrumentum laboris agite les esprits : Serons-nous autorisés ou non à ordonner prêtres, des hommes mariés (n. 129)11 ? Notre Amazonie peine encore pour embrasser avec enthousiasme des réalités comme « l’engagement à vie », le « célibat en vue du Royaume des Cieux » qui contribuent à cette radicalité évangélique ! Le pape François nous a demandé des propositions « courageuses, osées ». Le courage, la vertu de force, c’est pour affronter avec davantage de cohérence les réalités les plus difficiles, celles qui demandent de l’héroïsme. Faudra-t-il donc remettre à plus tard les exigences de la conformité au Christ Jésus : celles de vivre le sacerdoce avec Lui et tout comme Lui, jamais sans Lui, ni différemment de Lui12 ?
Bien d’autres diocèses du monde, au fil des siècles, ont éprouvé le désir que des prêtres plus nombreux prononcent ces mots qui soutiennent notre fidélité à tous et toutes : « Ceci est mon corps livré pour vous… ceci est la coupe de mon sang versé pour vous et pour la multitude ! » Ces diocèses n’ont pas reculé devant ces exigences d’un « engagement pour toujours » ni du « célibat à cause du Royaume des Cieux », en vue du sacerdoce. Et ils ont remporté la victoire. Et nous, ne le pourrions-nous pas également ? La réponse à cette question qui agite les esprits viendra du pape François…
« Ce que je demande à Dieu »
Ce que je demande à Dieu, c’est que les Pères synodaux réunis autour du Saint-Père fassent résonner le rêve, attelé à l’Espérance en Dieu, qui ouvrira « les chemins nouveaux »! Notre Synode devra nous faire puiser dans le trésor de la foi, de l’espérance et de la charité. En lui, nous présenterons à nos peuples le supplément d’âme capable d’intégrer les dimensions matérielles et spirituelles de nos problèmes et l’appel à la sainteté qui transforment les vies et les sociétés ! Alors, nos communautés et nos peuples amazoniens embrasseront avec radicalité évangélique et persévérance cette immense bataille intérieure et extérieure, paradigme de tant d’autres batailles qui doivent encore être affrontées, dans les autres parties du monde et sur d’autres sujets…
[1] Ces évaluations sur la population indigène au Brésil sont peu sûres, mais sont les statistiques officielles.
[2] Instrumentum laboris pour l’Assemblée spéciale du Synode des Évêques pour l’Amazonie. Il sert à préparer les débats qui auront lieu au cours du Synode. http://www.sinodoamazonico.va/content/sinodoamazonico/fr/documents-/instrumentum-laboris-.html
[3] Cf. Jean Daniélou, Le Mystère de l’Avent, Seuil, Paris, 1948.
[4] Huit fois, au moins, dans cette lettre encyclique, le pape François commente la nécessité de ces motivations éducatives (n. 15), motivations de la foi (n. 17), convictions de la foi (n. 64), les grandes motivations (n. 200), motivations appropriées (n. 211), profondes motivations (n. 211), mystique (n. 216), convictions de notre foi (n. 217).
[5] Jean Paul II, Bahia, juillet 1980 : « Plus hommes, avec toute leur dignité ; plus frères de tous les hommes, dans la famille humaine ; et plus fils de Dieu, en sachant et pratiquant ce que cela veut dire. » https://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/pt/speeches/1980/july/documents/hf_jp-ii_spe_19800707_favela-bahia.html
[6] Elle n’est citée qu’une seule fois, dans le contexte de la formule baptismale (n. 115).
[7] Titre de la Constitution dogmatique Lumen gentium, du concile Vatican II.
[8] Vatican II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 48.
[9] Une parabole de Jésus met en lumière la tentation de refuser à un frère en voyage le pain dont il a besoin : devant un ami qui, à minuit, lui demande « trois pains » pour alimenter le voyageur, l’homme sollicité ne sait que répondre de l’intérieur de sa maison : « Ne me cause pas de tracas ! Maintenant la porte est déjà fermée ; mes enfants et moi sommes au lit ; je ne peux me lever pour t’en donner ! » (Lc 11,5-8). Conformément à cette parabole, notre humanité en son voyage supplie le pain dont nous disposons. Est-ce trop allégorique d’identifier les trois pains avec les motivations qui naissent de la foi, de l’espérance et de la charité, desquelles l’humanité a un besoin vital pour continuer sa route ? L’absence de réponse à cette faim de nos peuples d’Amazonie serait une grave omission, cherchant à dissimuler notre manque de volonté derrière une mensongère impossibilité de donner. Répondre à cette nécessité vitale est une exigence d’obéissance à Dieu, et de miséricorde pour le prochain.
[10] Dans trois des documents majeurs du pape François : Laudato sí (2015), Misericordiæ vultus (2015) et Amoris lætitia (2016).
[11] Beaucoup n’ont lu de l’Instrumentum laboris que ce paragraphe 129 !
[12] Pape François, exhortation post-synodale Amoris Laetitia : « Comprendre les situations exceptionnelles n’implique jamais d’occulter la lumière de l’idéal dans son intégralité ni de proposer moins que ce que Jésus offre à l’être humain. Aujourd’hui, plus important qu’une pastorale des échecs est l’effort pastoral pour consolider les mariages et prévenir ainsi les ruptures » (n. 307).