Proclamée « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions » par les Nations unies, ce 22 août est un moment privilégié pour mettre en lumière le quotidien de millions de personnes à travers le monde. « Dans certains pays, à force de banaliser les discriminations à l’égard de minorités religieuses on en vient à rendre possible des attentats », alerte auprès d’Aleteia Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient. « Cette banalisation des discriminations est la toile de fond, le terreau favorable aux actes de violence et aux persécutions ». Face à une augmentation inquiétante du nombre d’actes de violence contre des personnes issues de minorités religieuses et des lieux de culte, l’Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 22 août « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ». Directeur de l’Œuvre d’Orient, Mgr Pascal Gollnisch y voit une occasion de mettre en lumière des réalités pas toujours évidentes à saisir.
Aleteia : Que pensez-vous de cette journée de commémoration ?
Mgr Pascal Gollnisch : C’est un signal positif. Toute action qui permet d’éclairer, de mettre en relief le quotidien de ces personnes victimes de violences en raison de leur religion va dans le bon sens. Ceci étant dit, la question ne doit pas simplement être de faire mémoire mais également d’évoquer des situations concrètes. Et d’agir.
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De quoi ces minorités religieuses souffrent-elles ?
On peut distinguer trois degrés de violence. Il y a la persécution qui suppose quelque chose d’organiser et de systématique. Ensuite, il y a des actes de violences ponctuels, comme les attentats perpétrés contre une communauté définie par exemple. Enfin, il y a les discriminations. Cela peut être des discriminations à l’emploi, à l’entrée, à l’université… Globalement, j’observe une banalisation des discriminations envers les minorités religieuses. Mais à force de les banaliser on en vient à rendre possible des attentats ! La toile de fond qui sous-tend la persécution n’est autre que la banalisation des discriminations. Malheureusement, nous fermons les yeux et nous laissons ces situations se produire sans agir, comme si c’était normal. À partir de ce moment-là, il suffit qu’une organisation violente ou un gourou se mette en place et ces minorités se retrouvent victimes de persécutions. Dans certains pays du Moyen-Orient de nombreuses minorités sont ainsi discriminées : je pense aux chrétiens mais aussi aux yézidis, aux sunnites dans les pays à majorités chiite et inversement. Par exemple, en Arabie saoudite, plus de deux millions de chrétiens n’ont pas de lieu de culte. C’est une discrimination qui est banalisée. C’est un terreau fertile à des attitudes beaucoup plus persécutentes.
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Est-ce un signal positif de voir les Nations unies à l’initiative de cette journée ?
La liberté religieuse fait partie des droits fondamentaux. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme précise ainsi que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ». Bien sûr, c’est un signal positif mais je pense aussi que les Nations unies ne se sont pas assez arc boutées sur ces questions de persécutions religieuses… Quand on regarde le conseil des Nations unies, plusieurs pays qui y siègent pratiquent ces discriminations. Par exemple, dans de nombreux pays du Moyen-Orient, un musulman ne peut pas se convertir sans mettre sa vie en danger. S’habituer à cela, c’est entretenir un terreau favorable aux persécutions.
Que peut-on faire concrètement pour soutenir les personnes victimes de violences en raison de leur religion ?
Par la prière, si on est croyant. C’est par là que toute action commence et que toute action s’accomplit. Deuxièmement, il faut manifester ses convictions afin d’avertir ses élus, ses représentants politiques. Je crois également qu’il est important de s’informer, tout simplement, afin d’avoir une connaissance précise de ce qui se passe dans le monde. Enfin, et c’est là une chose essentielle, il faut savoir mettre des nuances sur des choses complexes. Je déplore parfois que certains confondent « mettre des nuances » et « mettre de la modération ». Non, il ne doit pas y avoir de modération sur ces persécutions. Mais il faut accepter la complexité du réel et comprendre qu’il existe des réalités diverses. On ne lutte pas contre un attentat ou une persécution de la même manière qu’on lutte contre des discriminations.