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Préservons la pureté de Notre-Dame de Paris

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Karen Darantière - publié le 05/08/19
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La fascination qu’exerce Notre-Dame de Paris ne peut pas se comprendre sans l’humilité de ses bâtisseurs et leur sens de la beauté. C’est en respectant leur foi que la cathédrale retrouvera l’éclat de son mystère et de sa splendeur.

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La merveilleuse beauté et splendeur de Notre-Dame de Paris est telle que, voyant qu’elle a survécu à l’incendie, et à peine essuyées nos larmes devant l’effroyable spectacle, nous éprouvons le désir de la voir resplendir à nouveau. À peine l’incendie éteint, l’on parle justement de la reconstruction de la cathédrale. Or, d’emblée, une ombre noire apparaît qui assombrit cette pensée louable, et une grave inquiétude surgit, qu’il faut maintenant affronter. Car déjà le débat est lancé sur sa reconstruction, et principalement sur le style de la flèche future, qui pourrait, suggèrent certains, être reconstruite dans un style « moderne » galvaudé.



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Au sujet de cette reconstruction qu’il vaudrait mieux appeler restauration, je souhaiterais faire entendre deux plaidoyers afin que perdure, dans toute sa pureté, Notre-Dame de Paris.

Retrouver l’humilité des bâtisseurs

Le premier plaidoyer est pour l’humilité, pour une humilité profonde et patiente à l’instar des premiers bâtisseurs des cathédrales. Pour comprendre le sens de ce propos, méditons un moment sur la profonde humilité des bâtisseurs de Notre-Dame. Il leur a fallu deux siècles pour construire cette cathédrale, depuis le milieu du XIIe siècle jusqu’au début du XIVe siècle. Imaginons-nous un instant à la place de ces humbles bâtisseurs qui posèrent les toutes premières pierres de l’édifice : nous commençons à travailler avec ardeur et conviction, tout en sachant bien que nous ne verrons pas l’achèvement de nos travaux, mais notre foi en Dieu nous nourrit et nous soutient, ainsi que notre confiance dans la génération suivante qui reprendra notre labeur quand nous aurons rendu nos âmes à Dieu. Et les générations successives reprendront la torche, nous le savons, jusqu’à ce que Notre-Dame s’élève dans toute sa beauté et sa splendeur. Et ainsi de suite, pendant des siècles et des siècles. Après guerres, destructions, révolutions et incendies, à chaque fois elle sera restaurée, nous l’espérons, dans le même esprit d’humble fidélité. Alors, oui, restaurons Notre-Dame et mettons-nous à l’œuvre, mais dans ce même esprit d’humilité, de sorte que nous attachant à un labeur d’amour et de patience nous ne nous hâtions pas d’achever le travail dans un délai si court qu’il empêche qu’il soit bien fait et digne de ce trésor de l’humanité.



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Car ce qui nous émerveille dans cette splendide cathédrale, c’est que les hommes l’ont construite puis restaurée en vue d’une finalité qui les surpassait infiniment, avec la ferme conviction, le profond sentiment, l’immense espoir que cette finalité était bien réelle, en un mot que ce Dieu, source de toute beauté, existe et soutient le monde et les entreprises humaines.

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La descente du Saint-Esprit avec la cathédrale Notre-Dame par Fouquet.

Le désir de beauté éternelle

Cependant, il y a infiniment plus important encore : il faut plaider pour la beauté. Ce plaidoyer réclame une réflexion sérieuse. Pour commencer, réfléchissons un instant à un fait qui est passé presque inaperçu. Nombreux étaient ceux dans le monde entier qui s’inquiétaient du sort des splendides rosaces, beaucoup imploraient Dieu de les préserver du feu, et par conséquent nombreux sont ceux qui se sont réjoui de ce qu’elles sont demeurées intactes. Or, à ma connaissance, peu de personnes n’ont beaucoup commenté l’écrasement de l’autel moderne sous les décombres, alors qu’on se félicite que l’ancien autel et la magnifique Pietà soient intacts. C’était une espèce d’épreuve par le feu, où le monde entier, par sa désolation devant le risque de perdre un trésor de beauté ainsi que par son soulagement de le voir préservé, a manifesté très clairement son élan naturel vers le beau éprouvé par le temps. C’est comme la preuve de l’existence de ce désir profond, indéracinable, de beauté éternelle. Imaginons-nous une pareille réaction, si spontanée et si universelle, si une œuvre d’architecture contemporaine partait en fumée ?

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AFP

Fidèles au signe

Reconnaissons-le, aimer Notre-Dame, aimer sa beauté, sa pureté, n’est pas compatible avec ce qui est sous-entendu par un soi-disant « geste architectural contemporain » en conformité avec « les enjeux de notre époque », façon ambiguë d’insinuer un désir de construire une flèche dans un style « futuriste » rebattu pour couronner une cathédrale médiévale d’une beauté intemporelle. Notre-Dame telle que Victor Hugo l’a célébrée est belle parce qu’en accord et en harmonie avec les lois de la nature, alors que l’architecture contemporaine, spécialement sous sa forme étatique, telle que l’a évoquée le grand écrivain anglais C.S. Lewis dans Cette hideuse puissance1, se veut un « ascétisme anti-Nature », pensé pour déstructurer le désir profond de l’homme vers le vrai, le bien et le beau. L’architecture gothique de Notre-Dame s’est voulue un signe visible de l’existence de Dieu. Alors, oui, restaurons Notre-Dame mais en conservant cet amour antique, cet amour de la beauté et cette espérance qui l’ont faite naître. Reconstruire la cathédrale, c’est bien dans l’esprit de Notre-Dame, comme les siècles passés en témoignent. L’histoire de Notre-Dame n’est jamais finie, elle perdure. Elle s’élèvera encore, brillera encore dans toute sa splendeur, si Dieu le veut, et si dans nos cœurs nous décidons de lui être fidèles.


Jeune fille pensive
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1 “That Hideous Strength”, volume 3 de The Space Trilogy de C. S. Lewis, publié en 1945, chapitre 14.

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