Médecin, professeur au CHU de Lyon, René Écochard anime des parcours de formation des couples dans leur intimité conjugale. Il présente le récent document de la Congrégation pour l’éducation catholique sur la question du genre dans l’éducation.
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La Congrégation pour l’éducation catholique, dicastère en charge des écoles et universités catholiques, propose « d’emprunter la voie du dialogue sur la question du genre dans l’éducation ». Elle a publié cette année, le 10 juin, un document d’une grande clarté : « Il les créa homme et femme. Pour un chemin de dialogue sur la question du genre dans l’éducation ». Les parents et les éducateurs sont bien souvent désorientés, voire effrayés, devant la violente promotion de l’idéologie du genre qui « nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme » (n. 2). Selon les mots du pape François, « cette idéologie induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une intimité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin » (n. 2).
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Le document montre, sans aucune ambiguïté, que l’utopie du neutre met en danger la personne, détruit les fondements de la famille (n. 21) et touche aux fondements même de la relation à Dieu. Le document invite à faire de ces défis une opportunité pour entrer en dialogue. Ce dialogue compte trois temps : écouter, raisonner et proposer.
Le quiproquo sur le lien nature-culture
Le document propose de commencer par écouter. Il s’agit avant tout de « comprendre ce qui s’est passé » (n. 8). Un vaste quiproquo sur le lien entre nature et culture s’est installé. Les développements de la recherche sociologique ont montré l’ampleur des actions que la société a toujours entreprises, dans tous les continents, pour accompagner les jeunes dans leur chemin vers leur horizon d’homme ou de femme : à l’école, dans les familles. C’était le cas, par exemple, dans la culture africaine au moment de l’initiation. Cet apport de la culture, venant comme support au développement du potentiel naturel, a été interprété, à tort, comme produisant de toute pièce le masculin ou le féminin, que certains veulent appeler « genre » pour le séparer du sexe. Cette opposition entre nature et culture n’est pas adéquate (n. 12).
L’éducation aide la nature
La culture est au service de la nature pour lui permettre de développer son potentiel. Il est nécessaire que chacun soit accompagné pour devenir ce qu’il est, pour tendre vers son horizon. La masculinité et la féminité sont à considérer dans une dynamique de croissance (n. 4). Devenir un homme adulte en développant son potentiel masculin (génome XY), devenir une femme adulte, et peut-être une mère, en développant ses capacités féminines (génome XX), sont une tâche à accomplir (n. 32). La société a donc confondu l’aide apportée par l’éducation à la nature avec une construction de toute pièce.
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En conséquence, la « nouvelle éthique mondiale » appelle à supprimer tout accompagnement de la croissance d’un être vers son accomplissement en tant qu’homme ou femme, et même à nier toute spécificité de l’homme et de la femme. Ceci crée une confusion entravant le plein épanouissement de la personne et laisse dans l’abandon celles qui connaissent une dysharmonie entre ce qu’elles sont vraiment, homme ou femme, et leur projet de vie. La dissociation entre sexualité et procréation, par la diffusion de la contraception, a gravement trompé sur la vraie nature de la beauté du corps, de la relation homme-femme ainsi que sur le sens du mariage, faisant le lit de cette confusion.
L’égale dignité de l’homme et de la femme
L’écoute aborde ensuite les points qui peuvent être partagés sans difficulté avec les tenants de l’idéologie du genre. L’égale dignité de l’homme et de la femme est le premier d’entre eux. Cette égalité n’a pas toujours été respectée, elle était pourtant affirmée par Jésus lui-même (n. 15). Le second point de rencontre est celui de la grande valeur de la féminité (n. 17, 18).
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Plusieurs documents du magistère ont développé cet aspect essentiel, car, il ne suffit pas de dire que l’homme et la femme ont un horizon différent, complémentaire. En effet, les dons particuliers de l’homme, avec son capital génétique propre (n. XY) et de la femme avec le sien (n. XX), ont besoin d’être accueillis pour être révélés et porter tous leurs fruits pour la personne elle-même, pour la famille et pour la société.
La masculinité et la féminité dans le plan de Dieu
Ensuite, l’écoute peut aborder les points critiques : points qui mettent en opposition la vision chrétienne et celle qui sous-tend l’idéologie du genre. Le document de la Congrégation pour l’éducation catholique montre le caractère central de la masculinité et de la féminité dans le dessein de Dieu. Ceci est tellement important que la phrase de la Genèse « Il les créa homme et femme » est le titre du document.
Le document poursuit le dialogue par une réflexion. En effet, après avoir écouté nos interlocuteurs, nous pouvons utiliser le langage de la raison pour chercher ensemble les voies d’une progression.
Proposer une écologie pleinement humaine
Enfin, compte-tenu de la gravité du danger de l’idéologie du genre pour l’homme et la société, le chrétien peut et même doit faire des propositions. Celles-ci doivent reposer sur la raison mais aussi sur la foi, dont l’éclairage est primordial (n. 29). En effet, la question est in fine métaphysique, puisqu’il s’agit d’une remise en cause par le genre du sens et de l’horizon de la vie humaine. Ce troisième temps du dialogue consiste à proposer une écologie pleinement humaine et intégrale ! Le document fait en effet des propositions autour des axes suivants : l’anthropologie chrétienne, la famille, l’école, la formation des formateurs. Il s’agit d’une vaste invitation à l’enseignement d’une « écologie pleinement humaine et intégrale » (n. 35) !
Au cours de ces dernières années, la France a été particulièrement active et innovante en matière de pédagogies pour l’enseignement de l’écologie humaine. L’éducation à la sexualité fait place peu à peu à une éducation à l’amour, par un accompagnement des jeunes sur plusieurs mois voire plusieurs années, car c’est dès le plus jeune âge que l’on apprend à aimer. C’est le cas par exemple du parcours Grammaire de la Vie, une formation explicitement centrée sur l’écologie intégrale, environnementale et humaine, qui se diffuse rapidement en France, en particulier dans des établissements d’enseignement catholique, et dans plusieurs pays d’Afrique francophone et anglophone. Le défi lancé par l’idéologie du genre peut devenir une opportunité pour l’enseignement de l’écologie humaine, en permettant à chaque personne de progresser vers son accomplissement d’homme ou de femme.