Il était une fois une Église de France où toutes les paroisses étaient presque parfaites… Toutes ? Non. Une petite paroisse résiste encore et toujours à l’envahisseur Esprit saint. Ce serait sans compter sur la nouvelle idée du curé.
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Non, ceci n’est pas la suite de Monsieur le curé fait sa crise… mais de son petit-frère : La paroisse était presque parfaite, de Anne Kurian. Tout comme son aîné, ce roman marie humour bienveillant et surprises de l’Esprit saint pour faire évoluer ses personnages — et lecteurs ? Et puisque c’est une histoire de famille, rencontrons ses parents.
Le père : un éditeur
Fin août 2016, les éditions Quasar se préparent à sortir Monsieur le curé fait sa crise, roman vrai, drôle et édifiant sur un curé qui fugue. Face au bien que ce livre pourrait faire à l’Église, l’éditeur comprend qu’il se doit de faire plus que les 2.000 ventes d’un roman catholique. Il élabore donc une sortie digne d’un cru Gallimard : pré-lecture à quelques leaders catholiques, gros service de presse estival, envoi à chaque évêque de France (dont la moitié répondra en un temps record), et sortie en avant-première à une session de Paray le Monial. L’auteur y dédicace 200 exemplaires en deux jours. Dix jours plus tard, le livre sort en librairie. Aussitôt l’éditeur relance une impression, la première d’une longue série. 50.000 exemplaires et 10 traductions plus tard, ce sont des milliers de cœurs touchés, de prêtres mieux compris, aimés.
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La mère : une auteure douée
Suite au décès de Jean Mercier, auteur du Curé fait sa crise, l’éditeur confie cette non-suite à Anne Kurian. Journaliste spécialiste du Vatican, elle sait qu’elle écrira depuis ses premières lectures avec la comtesse de Ségur. Il y a 4 ans, le fruit mûr, elle se lance. Avec talent, humour, tendresse et intelligence. Anne Kurian a l’art de croquer un personnage en deux traits, trois mouvements. Évitant la caricature, ne pastichant pas ses proches, elle brosse un portrait tendre et succinct, donnant envie d’aller plus loin. On est loin des trois pages de Balzac pour décrire un pantalon. « Ça m’ennuyait ferme et je me suis jurée de ne jamais faire pareil. » Elle, arrive dans la pièce, découvre ses personnages et décrit ce qu’ils laissent paraître d’eux. Elle s’immerge dans son monde et se laisse volontiers happer. Son rythme d’écriture s’approche dangereusement d’une Amélie Nothomb, à écrire des heures durant, tard la nuit, en musique. À l’inverse de son aînée, Anne Kurian affirme « ne pas fumer ni boire ». Et d’ajouter, espiègle : « Pas pour écrire en tout cas ! » Ce qui ne l’empêche pas d’être drôle, convaincue que « l’humour c’est de l’amour ». Et de poursuivre : « l’humour apprend à aimer les situations avec leurs paradoxes et nous permet une saine distance avec nos problèmes paroissiaux. »
Un roman pape François
Ce roman serait-il un chapitre bonus à La Joie de l’Évangile du pape François ? En effet, il réussit le tour de force d’aborder la réforme des paroisses sans tomber dans un écueil : se fermer à l’Esprit saint ou s’endormir dans l’attentisme. Ce qui a plu à Jean-Baptiste Nadler, prêtre ayant aider des paroisses à rentrer dans une dynamique missionnaire et ayant suivi la gestation de ce roman, qu’il voit comme « un véritable essai de théologie pastorale ». Et pourtant, l’idée pouvait être saugrenue d’aborder le sujet explosif des paroisses via un roman. Anne Kurian avoue s’être intéressée à la demande de son éditeur car elle « adore l’équipe ». Elle écrit un premier chapitre, « pour voir ». L’auteur aime l’exercice, l’éditeur trouve la piste excellente : c’est parti. « Ce qui m’a sauvé, c’est de donner le premier rôle à un regard extérieur : un journaliste agnostique. Mais dans lequel on peut tous se reconnaître parce qu’on a tous envie de distance ». Auteur et lecteur se laissent surprendre et guider par ce regard. Puis, tout ce petit monde assiste à l’accueil du ciel dans cette paroisse, avec tous les chamboulements que cela entraîne.
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Dans ce roman (prophétique?), nous vivons des conversions personnelles et une (r)évolution communautaire : cette paroisse parfaite passe enfin du distributeur à sacrement, (ou « centre administratif spirituel » dirait Natalia Troullier dans son dernier livre) à une famille, un lieu quotidien et fraternel de ressourcement, un foyer d’amour rayonnant. « Ce n’est qu’un roman ! » lâche l’auteur à la fin de notre échange. Sûr ?