Olivier et Joséphine Mathonat, mariés depuis sept ans, sont confrontés à l’épreuve de l’infertilité. Dans leur beau témoignage “Attendre et espérer” (Éditions de l’Emmanuel), ils racontent sans fard et en toute humilité le cheminement qu’ils ont effectué en couple pour passer de la colère à l’apaisement, de l’infertilité à la fécondité. Entretien avec Olivier Mathonat.
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Aleteia : Pouvez-vous dire aujourd’hui que vous avez réussi à combler le manque que représente le désir d’enfant ?
Olivier Mathonat : Non, je ne crois pas que l’on puisse combler ce manque-là. Il ne sera jamais comblé, il fait partie de nous, de notre couple, de notre parcours. Mais nous avons découvert d’autres façons de vivre, d’autres manières d’être féconds. Et puis assumer la souffrance ne se décrète pas. C’est un chemin qui prend du temps.
“Nous ne nous sommes pas mariés pour avoir des enfants, nous nous sommes d’abord mariés pour nous aimer.”
Une fois qu’on essaie d’assumer ce manque, il faut essayer de se donner : ne pas se retourner sur sa souffrance mais en faire une occasion d’ouverture vers l’autre. Nous avons compris que nous sommes faits pour la relation, pour les autres. Que nous avons besoin de leur consacrer du temps, de l’énergie, de la créativité. Et c’est ce qui nous procure le plus de joie. La tentation pourrait alors être de ne vivre plus que pour les autres, mais nous sommes convaincus que le couple doit rester le socle.
Peut-on être heureux malgré cette souffrance ?
Vivre des choses difficiles, que l’on n’a pas choisies, ne signifie pas que la vie va être horrible et qu’on n’a pas le droit d’être heureux ! On peut être heureux malgré la souffrance. Oui il y a un manque, mais il n’empêche pas d’être heureux. Quelle que soit la situation, il y a toujours une issue.
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Nous pouvons être un couple heureux même si les circonstances ne nous sont pas favorables, même si nous n’avons pas ce dont nous rêvons. Nous ne nous sommes pas mariés pour avoir des enfants, nous nous sommes d’abord mariés pour nous aimer. Nous nous sommes fait la promesse de vivre ensemble tous les jours et c’est ce que nous faisons. Alors, nous devrions avoir largement de quoi être heureux !
Votre couple, vos métiers respectifs, vos engagements associatifs, sont autant de lieux où s’épanouissent d’autres formes de fécondité. Comment savoir reconnaître ces lieux où chacun est appelé à donner du fruit ?
Cela dépend de chacun. L’enjeu est, autant que possible, d’intégrer toutes les facettes de notre vie : ce que nous étions avant cette épreuve et ce que nous sommes aujourd’hui. Il y a des personnes qui se révèlent à partir de la blessure car la souffrance peut, étonnamment, révéler des choses fabuleuses en nous.
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La recherche de fécondité « non filiale » répond à cet élan, ce besoin de donner la vie autour de nous, malgré tout. De partager avec d’autres cet amour que nous avons en réserve pour qu’il ne devienne pas un vase trop plein. Une phrase entendue à la fin d’une rencontre de couples dans notre situation avait fortement résonné dans mon esprit : « Ce n’est pas parce que nous sommes infertiles que nous devons être inféconds ! ». C’est pourquoi nous nous sommes engagés dans les week-ends Esperanza pour les couples sans enfant, dans différents groupes de jeunes, et plus récemment dans la préparation au mariage. Mais pour nous, ces formes de fécondité impliquent un discernement permanent. Contrairement aux couples qui contemplent le fruit de leur fécondité tous les jours, nous devons les remettre fréquemment en question : sont-elles les plus adaptées à notre situation actuelle ? Nous permettent-elles d’être vraiment féconds ? Ce n’est jamais une évidence.