Pour la quatrième année consécutive, le cœur de Granville (Normandie) va palpiter au rythme du festival Mission on the Roc. Du 4 au 15 août, plusieurs milliers de personnes sont attendues pour un programme dense combinant évènements culturels et religieux autour de l’église Notre-Dame du Cap Lihou, ouverte 24h/24 pour l’occasion.
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Traditionnellement les festivals ont leur thème et leur invité(e) d’honneur. À Granville, c’est l’église Notre-Dame du Cap Lihou qui est au centre de toutes les attentions. Perchée sur le roc, elle affronte les intempéries, veille sur la cité, la mer et les marins. Un juste retour des choses puisque c’est à eux qu’elle doit son existence. Selon la légende, au tout début du XIIe siècle, des marins trouvent dans leurs filets une statue de bois de la Vierge à l’Enfant. Ils décident alors de lui construire une chapelle en bois. Au XVe siècle, les Anglais, qui ont pris possession du Cap Lihou, remplacent la petite chapelle par une église en granit de Chausey. Quant à la statue de bois, elle disparaît dans des conditions mystérieuses, probablement vers la fin du XIVe siècle, et est remplacée par une nouvelle Vierge sculptée dans de la pierre calcaire de Caen.
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La dévotion mariale se développe autour du sanctuaire, surtout à la fin du XVIIIe siècle lorsque la ville sort indemne d’une attaque des Anglais contre le port et après la Seconde Guerre mondiale. C’est à cette époque que naît le grand pardon pour remercier Notre-Dame du Cap Lihou d’avoir protégé Granville des bombardements. Mais au fil des années, le sanctuaire s’endort peu à peu et perd de son rayonnement. Pour lui redonner vie, l’abbé Guillaume Antoine, vicaire à Granville, et le père Régis Rolet, curé de la paroisse, décident de lancer en 2016 Mission on the Roc, festival culturel et spirituel, qui se déroulera cette année du 4 au 15 août 2019.
Aleteia : Les festivals ne manquent pas en cette saison, en quoi Mission on the Roc se distingue-t-il dans ce paysage estival ?
Abbé Guillaume Antoine : Lorsque j’étais séminariste, j’ai été marqué par le discours d’une sociologue selon laquelle l’obligation dominicale ne parlait plus aux gens et ne constituait plus un moteur pour la foi. Si l’on voulait que les gens reviennent dans nos églises, il fallait leur proposer « des temps forts dans de hauts lieux ». Notre église du Cap Lihou est un haut lieu, au sens propre comme au sens figuré. Elle est située sur le roc, au cœur de la cité, on ne peut pas la manquer ! C’est autour d’elle que s’est développée la ville, c’est une sorte de phare spirituel, mais qui s’était peu à peu éteint, par manque de valorisation. C’est pourquoi nous avons pensé à ce festival, à la fois culturel et spirituel, comme un temps fort. Nous voulions que Notre-Dame du Cap Lihou retrouve le rayonnement qui a été le sien pendant des siècles. Mission on the Roc est le seul festival de ce type en Normandie. Le choix de la date n’est pas anodin, le dernier weekend de juillet a lieu le grand pardon de la ville, un événement marial très fort, mais il fallait ensuite attendre le 15 août pour que soit proposée une autre manifestation d’envergure. Ces 15 jours entre ces deux évènements sont pourtant ceux où il y a le plus de monde à Granville, c’était donc la période idéale pour créer un lien entre les deux et maintenir l’intérêt et la ferveur.
“Découvrir pour connaître, connaître pour aimer, aimer pour transmettre”.
N’est-ce pas en quelque sorte une nouvelle forme d’évangélisation ?
Oui ! Mission on the Roc est un festival religieux mais ouvert à tous. Notre objectif est de favoriser la rencontre et la découverte, en accord avec le message de Notre-Dame du Cap Lihou : « Découvrir pour connaître, connaître pour aimer, aimer pour transmettre ». Il nous faut aller au devant des gens sans attendre que ce soit eux qui viennent à nous, les surprendre, leur donner envie d’en découvrir davantage, en un mot, remplir notre rôle de missionnaires. Nous souhaitions que le festival soit accessible à tout le monde, toutes les entrées sont en libre accès sauf les séances de cinéma. Il est possible de déposer une offrande à la fin des manifestations ou de faire un don. Mission on the Roc ne reçoit aucune subvention publique, ni de l’Église. Son équilibre financier est un véritable défi et sa pérennité ne repose que sur la générosité des participants et des donateurs ! C’est une démarche qui est aussi enrichissante pour nous-mêmes. Elle nous pousse hors de notre zone de confort ! Et je suis à chaque fois très heureux de constater à quel point les jeunes qui participent à l’organisation de Mission on the Roc en retirent de satisfaction. Sur les 250 personnes qui contribuent à la préparation et au bon déroulement du festival, ils sont une soixantaine de jeunes qui se mobilisent du début à la fin, et suivent un rythme plus que soutenu ! Mais les nombreuses rencontres qu’ils sont amenés à faire, entre organisateurs, avec les intervenants comme avec le public, tout ce qu’ils découvrent au cours de ces quelques jours ou quelques semaines leur apportent une réelle motivation. C’est l’occasion d’un véritable enrichissement culturel et spirituel.
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Expos, musique sacrée, théâtre, pop louange, cinéma, ciné-concert, conférences, témoignages … L’offre est très variée, le traditionnel se mêle au moderne, comment établissez vous le programme ?
Nous essayons d’offrir une programmation riche, diversifiée et de qualité pour intéresser différents publics. Mais tous les ans, c’est un véritable casse-tête ! Le choix est incroyablement vaste et c’est aussi la mission du festival que de montrer la grande richesse du patrimoine chrétien. Aucune religion n’a produit autant de beauté au cours des siècles ! Mise en valeur, cette beauté permet d’élever les âmes, de rechercher la transcendance, c’est pourquoi nous voulons offrir le plus grand nombre de portes d’entrée possible pour toucher la sensibilité des personnes. Il est difficile de citer tout le monde (plus d’une trentaine d’événements sont programmés), mais nous recevons par exemple les Tallis Scholars, l’un des chœurs les plus connus au monde, créé en 1973. Nous aurons aussi des conférences traitant de sujets très variés, comme la révision des lois de bioéthique ou le danger des pratiques occultes. Le côté moderne de la programmation montre aussi que ce patrimoine chrétien a su évoluer au cours du temps, je pense par exemple aux expositions d’art moderne ou aux concerts de pop louange qui sont très appréciés. Cela permet de donner une autre image de l’Église, non pas poussiéreuse et endormie mais dynamique et vivante. Au cours des trois dernières éditions, nous avions organisé une lecture en continu de la Bible. Cette année, nous innovons avec une lecture, toujours en continu, des grands auteurs chrétiens comme saint Augustin, sainte Thérèse de Lisieux ou Charles Péguy, en tout 264 créneaux à pourvoir !
“Nous devons dépasser les obstacles et développer de nouveaux modèles pour faire vivre notre Église.”
Depuis la première édition de Mission on the Roc, le nombre de participants est en constante évolution : 10.000 en 2016, 18.000 en 2017, 30.000 en 2018. Quand on voit ce succès, n’est-on pas tenté de se dire que cela pourrait marcher ailleurs ?
J’en rêverais et j’en suis d’ailleurs persuadé ! Chaque année, les touristes viennent en nombre visiter nos villes et villages, découvrir notre patrimoine, mais je suis étonné de constater le peu de propositions de la part de la communauté chrétienne pour accueillir toutes ces personnes et participer ainsi à l’évangélisation. Et pourtant, la France est l’un des pays les plus touristiques au monde et il y a de la place pour beaucoup d’événements du même style. Encore une fois, nous devons être des missionnaires, oser sortir des sentiers battus, dépasser les obstacles et développer de nouveaux modèles pour faire vivre notre Église. Si Mission on the Roc peut inspirer d’autres évènements dans le même esprit, ce serait vraiment formidable et nous sommes tout prêts à partager notre petite expérience !
Pour le programme et plus de renseignements : www.festival-mission-on-the-roc.com