L’exemple est un des plus puissants moteurs de l’éducation, moteur irremplaçable même s’il n’est pas sans risque. Sa principale limite vient de ce que le but de l’éducation n’est pas de modeler nos enfants à notre image mais d’aider chacun d’eux à être pleinement lui-même — tel que Dieu l’a désiré depuis toujours.Même si l’enfant apprend d’abord en imitant, en « suivant l’exemple », il doit peu à peu se détacher de cet exemple pour être lui-même et non la reproduction d’un modèle, si beau soit-il. L’exemple ne doit jamais devenir ni une prison, ni une limite infranchissable : en disant à nos enfants « venez », nous souhaitons qu’ils nous dépassent. Examinons quelques domaines où l’exemple des parents s’avère particulièrement précieux.
La question de la foi
La première condition pour que nos enfants découvrent et comprennent que l’Eucharistie est au cœur de toute vie chrétienne, c’est qu’ils nous voient aller à la messe chaque dimanche et que nous fassions de cette démarche le « point fort » autour duquel se bâtit le reste de notre emploi du temps dominical.
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Mon ado n’a plus la foi, que faire ?
Tous les catéchistes le savent : il est très difficile de demander à un enfant d’aller à la messe lorsque ses parents n’y vont pas. Cependant, il faut bien prendre garde de ne pas tomber dans un cercle vicieux : parce que les parents ne pratiquent pas, on n’insiste pas toujours auprès des enfants sur l’importance de la messe pour ne pas les blesser ou les culpabiliser mais, du coup, les parents n’ont aucune raison de changer d’attitude et il n’y a guère d’espoir que les enfants puissent participer à la messe chaque dimanche avant l’adolescence (et encore !), à moins d’un soutien extérieur. Bien sûr, cette question n’est pas facile. Mais il est vrai aussi que beaucoup de parents, plus nombreux qu’on ne croit, n’hésitent pas à reprendre le chemin de l’église pour faire plaisir à l’un de leurs enfants qui est revenu du catéchisme en disant : « Tu sais, ça serait bien si on allait à la messe dimanche. » Les enfants sont de très bons porteurs de la Bonne Nouvelle et beaucoup de parents n’attendent qu’un petit coup de pouce pour se remettre à pratiquer, s’ils trouvent alors des communautés paroissiales et des prêtres capables de les accueillir tels qu’ils sont, là où ils en sont, des merveilles sont possibles.
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Et si aller à la messe rendait effectivement plus heureux ?
Apprendre aux enfants que l’Eucharistie est au centre de notre vie chrétienne, c’est aussi leur montrer, par l’exemple (et pas seulement par des mots et de pieux discours), que « la messe n’est pas l’acte religieux hebdomadaire qui dispenserait de tout le reste. » Ce qui veut dire, concrètement, que donner l’exemple de la pratique dominicale ne s’arrête certainement pas à la sortie de l’église. Si nos enfants constatent que la messe n’est qu’une parenthèse extérieure à notre vie, il risquent de dire un jour: « C’est hypocrite d’aller à la messe, c’est se donner bonne conscience à peu de frais. » Vivre l’Eucharistie, c’est essayer de vivre comme le Christ : c’est donner sa vie, très concrètement, quotidiennement et cela ne se limite certes pas à l’heure que nous passons à l’église.
La question de l’argent
L’argent : la manière dont les parents se comportent à l’égard de l’argent imprime une marque très profonde sur leurs enfants. Bien sûr, devenus adultes, il peut arriver qu’ils aient des comportements différents de ceux de leurs parents mais il n’en demeure pas moins que l’attitude à l’égard de l’argent est très fortement influencée par l’éducation. Or, « nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; où il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. » (Lc 16, 13) C’est dire l’importance de cet aspect de la vie. Soulignons que l’amour de l’argent n’est pas directement lié à la possession de richesses matérielles : il est vrai que « plus on a d’argent, plus on en veut » mais il y a des familles très aisées, voire fortunées, qui usent de leurs biens avec sagesse et charité (au plein sens du terme) et qui éduquent leurs enfants dans un réel esprit de pauvreté, il y a des familles tenaillées par de graves soucis financiers qui, à travers les innombrables difficultés quotidiennes, vivent un abandon douloureux mais joyeux à la Providence, toujours prêtes à partager le peu dont elles disposent et d’autres, riches ou pauvres, qui chercheront à « faire de l’argent » par tous les moyens et seront avares du moindre sou.
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Faut-il donner de l’argent de poche à son enfant ?
Cela dit, nous sommes loin d’être des parents parfaits et toujours exemplaires. Cependant nous n’avons pas à essayer de donner une image parfaite de nous-même mais plutôt à être vrais et à savoir reconnaître : « J’ai tort j’ai mal agi, je me suis trompé. » Nous avons à montrer que nous aussi, nous avons besoin du pardon de Dieu et de sa force. Être soi, être vrai, cela ne veut pas dire se confesser publiquement ou rapporter à ses enfants des fautes qu’ils n’ont pas à connaître : l’exhibitionnisme spirituel, sous prétexte de sincérité ou de vérité, est dangereux et nuisible. Mais beaucoup de nos écarts n’échappent pas aux enfants : ils nous voient être injustes ou coléreux, ils nous entendent médire de notre prochain, porter des jugements téméraires ou nous disputer entre époux, etc. Chaque fois que nous leur avons donné le mauvais exemple, ils ont besoin de recevoir de nous l’exemple du repentir (qui est tout autre chose que le regret ou le remord), du pardon demandé et donné. Ils ont besoin de voir, et de revoir sans cesse, que le plus grave n’est pas d’être une brebis perdue — le berger est toujours à notre recherche — le plus grave est d’être une brebis qui désespère de la sollicitude du berger ou qui refuse de se laisser retrouver. L’exemple que nous avons à leur donner n’est pas celui de parents parfaits, mais de parents qui se savent toujours perfectibles et qui, pour cela, comptent sur Dieu seul.
Christine Ponsard