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Le bestiaire de la Bible : le dragon, emblème des forces du mal

The Scuola di San Giorgio degli Schiavoni. Saint George Killing the dragon. Venice. Italy.

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 23/07/19
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Le dragon, animal fabuleux hérité des temps les plus anciens, tient une place importante dans le bestiaire biblique. Sa chimérique existence, avérée dès les premiers temps bibliques, est présente jusqu’à l’Apocalypse de saint Jean. Emblème de Satan et des forces du mal, le dragon peuplera aussi avec la richesse que l’on sait l’imaginaire médiéval et les ordres de chevalerie.

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Il est acquis de nos jours que les dragons n’existent pas. Et pourtant ! Aujourd’hui encore, dans certaines régions de Malaisie, Sumatra ou Java, de curieuses bêtes, cependant, ont tout l’air de lointains parents de la bête mythologique. Rangés dans l’ordre des reptiles, les sauriens – ainsi sont-ils nommés, ont pour cousins les serpents, lézards et autres bêtes à écailles. Semblant sortis tout droit de la préhistoire, leurs étranges allures les apparentent grandement au dragon de l’antiquité et du Moyen Âge. Faut-il voir là l’origine de ce qui inspira les auteurs chrétiens tels Origène, Arnobe, saint Jérôme ou encore saint Augustin en évoquant le dragon terrifiant des Écritures ?


Phoenix
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La première rencontre dans les écritures avec ce monstre nommé dragon a lieu lors de la fameuse vision d’Isaïe où Dieu fait périr Léviathan : « En ce temps-là, le Seigneur, armé d’un glaive pénétrant et invincible, frappera Léviathan, ce serpent immense, Léviathan aux replis tortueux… ». Combat de Dieu engagé contre les puissances du Mal, ces dernières sont, dès cet épisode, liées à Léviathan, et seront dès lors personnifiées par cet animal monstrueux que l’on nommera plus généralement « dragon ». L’artiste Gustave Doré a admirablement illustré cette première apparition de ce monstre effrayant irrémédiablement lié au mal, et point de départ d’une longue histoire…

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Philippe Lissac / Godong

Abbaye de Saint-Savin sur Gartempes.Peinture murale du porche occidental : Apocalypse, la femme et le dragon

Le dragon de l’Apocalypse

Saint Jean a certainement livré le témoignage le plus impressionnant sur cette bête effrayante dans sa fameuse Apocalypse. Le texte de l’Apocalypse évoque, en effet, l’animal monstrueux, le dragon, en ces termes : « Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème ». Il faut avouer que celui-ci a effectivement de quoi effrayer ! L’évangéliste apparente sans équivoque le dragon au « Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan », et ayant pour mission de tuer l’enfant qui naîtra pour sauver le monde.



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Le récit de l’Apocalypse surprend encore de nos jours, dans la mesure où, le texte johannique accentue, plus encore, la monstruosité de la bête en lui associant toutes les perversités du monde. Le combat entre le mal et le bien est ainsi posé de manière tranchée, une opposition qui allait inspirer bien des représentations au Moyen Âge.

L’omniprésence du dragon dans le bestiaire médiéval

Le Moyen Âge occidental va, en effet, faire du dragon l’un des animaux les plus représentés dans les miniatures, sculptures et autres blasons. Il ressemble à une sorte de serpent, possède quatre pattes et des ailes de chauve-souris, crachant du feu la plupart du temps. Il est dit du dragon qu’il est né de l’air, mais se cache sous la terre. Il est nommé draco et se trouve conformément aux Écritures assimilé au diable. Le dragon sera la bête favorite opposée en combat aux nombreux saints et héros du Moyen Âge, occasion de faire valoir leur force et leur foi en des récits épiques tels celui de Yvain combattant le dragon aidé de son lion, celui de saint Georges terrassant le dragon devant la princesse Trébizonde ou encore saint Michel toujours représenté dans nos églises occidentales terrassant également le dragon et le mal.

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© Pascal Deloche / GODONG

Hydre à sept têtes. Basilique de Fourvière

La force du dragon…

Plus que sa gueule crachant du feu, c’est sa queue qui s’avère mortelle en fouettant ses victimes. Curieusement, certains nommés vouivres ne sont pas toujours tués dans ces luttes acharnées, mais se trouvent maîtrisés par le chevalier pour en capter l’énergie et l’utiliser pour la bonne cause ; force inconsciente révélée et utilisée pour le bien et non plus le mal… Une part sombre que l’on retrouve dans de nombreuses religions ou traditions extrême-orientales ou encore en psychanalyse. De là comment ne pas comprendre que nombre d’artistes, depuis tout temps, ont été inspirés par cette effrayante chimère qu’est le dragon, et ce jusqu’à nos jours, avec notamment les célèbres BD ou films de l’Heroic-fantasy.

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