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Oui, Notre-Dame a bien failli s’effondrer

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Agnès Pinard Legry - published on 17/07/19
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Plus de trois mois après l’incendie qui a ravagé partiellement Notre-Dame et alors que l’enquête est encore en cours, le New York Times s’est replongé dans le déroulé, heure par heure, du drame qui s’est joué dans la nuit du 15 au 16 avril 2019. Et au cœur de la nuit, ces mots, prononcés par le général Gallet qui supervisait les opérations à l’intention du Premier ministre et du président de la République : « On a vingt minutes pour sauver la cathédrale ».Cette nuit-là, le cœur de Paris a bien failli cesser de battre. Il est 18h20, lundi 15 avril 2019, lorsqu’une première alarme à incendie se déclenche peu après le début de la messe. Les fidèles sont évacués, puis autorisés à pénétrer à nouveau à l’intérieur de l’édifice. Quelques minutes plus tard, à 18h43, seconde évacuation, cette fois dans une ambiance plus alarmiste. En levant la tête vers la toiture de Notre-Dame, on aperçoit déjà un immense panache de fumée s’élever au-dessus de la cathédrale, depuis les combles. C’est le début d’une longue nuit durant laquelle la cathédrale de Paris a failli disparaître. Le récit qu’en fait le New York Times est saisissant.

« La première heure se résume par une erreur essentielle : ne pas avoir réussi à identifier l’origine du feu ce qui a entrainé un retard pour la suite », rappelle le journal. « La deuxième heure a quant à elle été dominée par un sentiment d’impuissance ». Une impuissance que ressentent les membres de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) rapidement déployés sur le lieu. Myriam Chudzinski, 27 ans, a fait partie de la première équipe à intervenir. S’y étant rendue à l’automne dernier pour un exercice, elle savait que la charpente n’avait pas de pare-feu pour empêcher la propagation de l’incendie.



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Son collègue qui tenait le tuyau derrière elle constate que les flammes sont poussées par un vent fort en direction de la tour nord de la cathédrale. Le feu commence à les encercler, menaçant de les piéger dehors. Ils se retirent à l’intérieur, vers la charpente. Les flammes continuent à progresser et finissent par former un mur infranchissable. Vers 19h50, après quasiment une heure de combat, une explosion assourdissante se fait entendre, comme « un bulldozer géant jetant des dizaines de pierres dans une benne à ordures », détaille la jeune femme. La flèche de Viollet-le-Duc, haute de 93 mètres, s’effondre sur elle-même.

La cinquantaine de pompiers déployés reçoit alors l’ordre de redescendre. Avant l’explosion, le caporal Chudzinski et ses collègues font part à leurs supérieurs d’une observation critique : les flammes mettent en danger la tour nord. De cette information cruciale et de la manière dont elle allait être prise en compte allait dépendre l’issue du combat. En effet, la tour nord commençant à être gagnée par l’incendie, le risque que les flammes atteignent les cloches, notamment le grand bourdon de Notre-Dame qui pèse 14 tonnes, est fort. Du fait de son poids la chute de cette cloche peut entraîner celle de l’ensemble de la tour nord, puis la tour sud et, au final… celle de la cathédrale.

« Dans 20 minutes, je saurai si nous l’avons perdu »

Il est 20h30 quand Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Mgr Chauvet et d’autres responsables se retrouvent à la préfecture de Police pour faire le bilan des dégâts. Le général Jean-Claude Gallet, responsable de la BSPP, portant la tenue d’intervention des pompiers et ruisselant d’eau, lâche le verdict. La charpente ne pouvant être sauvée, il a pris la décision de l’abandonner afin que ses brigades se concentrent sur les tours, celle du nord étant déjà en feu.

« Il est entré et nous a dit : “Dans 20 minutes, je saurai si nous l’avons perdu” », se souvient Ariel Weil, maire du IVe arrondissement. « L’air était si épais… Mais nous savions tous ce qu’il avait voulu dire : il voulait dire que Notre-Dame pourrait s’effondrer », souligne le maire au New York Times. « À ce moment-là il était clair que des pompiers allaient pénétrer dans la cathédrale sans savoir s’ils reviendraient ». Le journal raconte que le Premier ministre entoura nerveusement ses pouces tandis qu’Emmanuel Macron garda le silence « mais a semblé donner son approbation tacite à la décision du général Gallet ».

Sur le parvis, un poste de commandement temporaire a été mis en place. Le général Jean-Marie Gontier, adjoint du général Gallet, dirige alors les pompiers sur les lignes de front. Il les rassemble autour de lui pour préparer la deuxième étape de la bataille. Tout le temps perdu au moment de donner l’alerte se fait sentir. Plus tard, le général Gontier le comparera à une course à pieds : « C’est comme partir de 400 mètres, plusieurs dizaines de mètres derrière ».



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Le commandement doit prendre une décision rapide. Rémi Lemaire, l’un des pompiers, suggère de monter les escaliers de la tour sud d’où ils pourraient transporter deux tuyaux supplémentaire et donner ainsi à l’équipe plus de pression d’eau. Une stratégie à haut risque qui est validée.

« Nous étions réticents à y aller au début parce que nous n’étions pas sûrs de pouvoir nous échapper », se souvient le sergent Lemaire. Ils décident néanmoins volontairement d’y aller. Les sapeurs-pompiers cassent une porte et, alors qu’ils entrent dans la tour nord, trouvent une partie de mur et le sol en feu. Ils montent des escaliers afin d’arriver à la hauteur des cloches et, de là, font tout pour éteindre les flammes. À la fin de la soirée, les flammes sont maîtrisées. Notre-Dame est sauvée.

L’intervention des pompiers lors de l’incendie de Notre-Dame :
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