Il y a bien des façons de visiter une église. Comment entrer dans la signification chrétienne de cet espace sacré et de ce qui s’y trouve ?
Être curieux, prendre son temps
Pour commencer, renseignez-vous un peu à l’avance pour vous mettre dans l’ambiance. Sur place, ne vous précipitez pas à l’intérieur : regardez comment l’église est placée dans son environnement ; faites le tour de l’édifice ; s’il y a des sculptures, tâchez de reconnaître ce qu’elles représentent et demandez-vous pourquoi elles sont là. On n’a pas toujours la réponse, mais c’est bien de chercher. Le visiteur doit être curieux.
À l’intérieur, commencez par vous asseoir : une église, c’est un volume et il faut en prendre la mesure ; c’est aussi une atmosphère et il faut la laisser vous imprégner. Si c’est une église ancienne, évoquez les générations qui l’ont bâtie, modifiée, habitée, et qui ont prié en ce lieu. Si c’est une église récente, admirez le courage de ceux qui, aujourd’hui, prennent le risque de construire une église.
Des images de l’Église de Dieu
Ensuite, parcourez l’église. Si elle est dotée d’innombrables œuvres d’art, ne cherchez pas à tout voir. N’oubliez pas que le cœur d’une église, c’est le chœur. Regardez l’autel. Certains autels d’aujourd’hui valent la peine. Si vous êtes croyants, priez devant le Saint-Sacrement. Ne vous contentez pas de faire le tour : avant de repartir, arrêtez-vous encore dans la nef. Emportez une brochure, une carte postale ; prenez une photo. S’il y a un livre d’or, mettez un mot : les chrétiens du lieu y seront sensibles.
Les églises de pierre sont des images de l’Église de Dieu. L’Église est un Mystère de foi : nous disons que nous croyons « en » elle. Les églises de pierre restent des énigmes si l’on oublie pour quoi, pour qui elles ont été construites. Imagine-t-on un théâtre sans représentation, un stade sans match ? L’inauguration d’une église ou d’un autel donne lieu à une liturgie de dédicace. La plupart des chrétiens n’y ont jamais assisté : c’est elle, pourtant, qui donne le sens de l’édifice.
Le sens de ces multiples trésors
Il faut aussi savoir ce que contient une église : un autel, bien sûr, avec tout ce qui sert pour la liturgie, mais bien d’autres choses, notamment des vitraux, des statues, des tableaux. Qu’est-ce que l’arbre de Jessé ? Pourquoi saint Jean est-il représenté avec un calice ? À la cathédrale de Chartres, le labyrinthe est-il un héritage des druides ?
Bien des éléments se retrouvent dans toute église chrétienne, mais à travers le monde, les architectures sont fort variées, les décorations aussi, de même que les saints locaux. Entre une abbatiale cistercienne du XIIe siècle et une église baroque autrichienne, il faut aller à l’essentiel pour trouver les points communs. Comme recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, j’avais remarqué que les guides étaient très compétents sur l’histoire du gothique, mais muets sur le reste de ce qui constitue un tout, « la cathédrale » — c’est pourquoi, il était si important que, deux mois après le terrible incendie, l’archevêque vienne, non seulement y prier, mais célébrer la messe.
Comme un escalier
Par la suite, successivement évêque de Chartres, puis de Tarbes et Lourdes, aujourd’hui retiré dans le Limousin, j’ai découvert des églises différentes, et pour beaucoup d’entre elles complètement inconnues. Il n’est pas nécessaire d’aller à l’autre bout, ni du monde, ni même de la France, pour trouver des merveilles ou, du moins, des choses remarquables. Comme cet escalier de pierre en colimaçon, en couverture de Comment visiter une église : le visiteur peut le monter et passer des églises, à l’Église, signe du Royaume. Il peut aussi le descendre, jusqu’aux fondations.