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Les raisons de participer à l'Eucharistie ne manquent pas. L'une des moins connues, mais aussi l'une des plus profondes, consiste à prendre part au culte à la place de ceux qui n'y viennent pas. Et si notre participation à la messe, où s'actualise l'œuvre de salut du monde entier, représentait la plus importante mission que nous puissions accomplir en faveur de nos frères ?
Rencontre inopinée sur le chemin de la messe
Un samedi soir, tandis que je me rendais en voiture à la messe anticipée, je fis halte chez le marchand de journaux afin d'acheter un quotidien. Là, je fus arrêté par le regard d'une personne. Ses yeux semblaient exprimer un désarroi profond. Comme si elle implorait un secours de ma part. Avait-elle remarqué ma détermination ? En effet, comme je me rendais dans un village voisin où l'Eucharistie était célébrée, mon attitude devait dénoter l'état d'esprit de quelqu'un qui sait où il va et bien résolu à s'y transporter promptement. Manifestement, il n'en allait pas de même avec l'homme dont l'expression m'avait frappé.
Dans un premier temps, je me fis cette réflexion : « Quel dommage que toutes ces personnes (car il y avait de nombreux clients dans ce commerce, qui vendait également du tabac) ignorent le don incommensurable que Dieu fait de Lui-même à l'endroit où je me rends ! Comme leurs visages seraient changés alors ! Ils ne financeraient plus La Française des Jeux en achetant leur « grille » quotidienne (les jeux de hasard compensent la baisse de vente de la presse écrite chez les marchands de journaux) ! Ils ne s'en remettraient pas au dieu Hasard pour le soin de leur avenir ! »
Mais j'arrêtais là ma songerie. Elle était à la fois juste et vaine. Effectivement, si tous les hommes se mettaient soudainement à croire en Jésus-Christ, les choses changeraient ! De même, si tous les habitants de notre planète se donnaient la main, il n'y aurait plus de guerre ! Douce et vaine rêverie que celle-la !
Aller à la messe est aussi un geste de solidarité
Tandis que je sortais du magasin, une pensée me vint : n'était-ce pas le Seigneur qui avait attiré mon attention sur cette personne ? Si c'était le cas, qu'avait-Il bien voulu me dire ? Me faire toucher du doigt la chance que j'avais de croire en Lui ? En partie, mais ce genre de considération n'est pas trop dans le « style » de Jésus. Le Christ nous fait penser toujours plus large que la considération de nos avantages. À son école, notre regard, dépassant le périmètre de notre petit moi, s'élargit en direction de nos frères. Aussi n'était-ce pas seulement sur la veine qui était la mienne de me rendre et d'être attendu au banquet céleste, que le Christ désirait attirer mon attention, mais surtout sur mon devoir de solidarité envers la personne dont le regard venait de m'interpeller de façon énigmatique.
Mais comment concrétiser cette solidarité ? me demandais-je, tandis que je bouclais la ceinture de sécurité dans mon véhicule. Je ne pouvais pas retourner chez le buraliste, et déclarer tout à trac au client sur lequel le Christ avait attiré mon attention : « Bon, maintenant, fini de rire ! Vous laissez tomber vos hochets à deux balles qui vous aident à supporter le nihilisme ambiant ! Vous me suivez en direction de V... ! Je vous amène à la messe ! » Ce n'était pas réaliste ! Non, il fallait trouver autre chose en guise de solidarité.
En ambassade auprès du Seigneur
J'en étais là de mes interrogations quand la lumière se fit tout à coup. Mais bien sûr ! Jésus me demandait de venir à sa table à la place de cette personne qui, pour des raisons sûrement très longues à expliciter (et que lui seul connaissait), avait renoncé depuis longtemps à fréquenter l'Église — à supposer qu'elle ait jamais été catéchisée dans son enfance. Je me rendais à l'Eucharistie pour elle ! Mieux : je la représenterai auprès de la Trinité ! Je dirai au Christ, tandis que je ferai corps et présence dans l'assemblée dominicale, et que le prêtre élèverait la coupe du salut : « Seigneur, Ton enfant n'a pas pu venir, pour des raisons que j'ignore, mais que Tu connais ! Peut-être n'est-ce pas de sa faute. Toujours est-il que je la représente ce soir, à la table où Tu partages Ton Corps et ton Sang. »
C'est ainsi que le Seigneur, au milieu de toutes les raisons que nous avons de venir à la messe, nous en fournit une supplémentaire qui n'a pas moins de poids que les autres : venir pour nos frères qui n'y viennent pas ! Un peu comme s'ils nous députaient auprès du Christ pour lui porter leurs prières, voire leurs présences.
À la messe, nous sommes en ambassade — c'est-à-dire que nous prenons place au festin des noces de l'Agneau pour d'autres que nous. Non seulement nous intercédons pour eux, nous pallions leur déficience (à laquelle notre péché n'est pas étranger — ceci dit afin de ne pas tirer gloriole d'avoir répondu positivement à l'invitation du Père), mais surtout nous les représentons. Nous les rendons présents. Un ambassadeur représente un État auprès d'un autre État. Pareillement, en allant à la messe, nous représentons ceux que Dieu veut sauver, mais qui ne viennent pas.
Des assemblées eucharistiques qui pourraient être plus nombreuses
Grande et noble mission que cette ambassade auprès du Christ et de son Père ! Tout à coup, notre présence à l'assemblée devient plus dense, plus sérieuse. Si Dieu nous demande alors, comme Il le fit jadis à Caïn : « Qu'as-tu fait de ton frère ? », nous pourrons alors Lui répondre : « Il n'a pas pu venir à cause de mon péché. Mais il m'a envoyé à sa place ! » De la sorte, en offrant Jésus au Père, je répare à la fois mes omissions et celles de celui, ou de celle, que je représente. Ainsi, si nos assemblées eucharistiques nous semblent parfois bien clairsemées, elles pourraient cependant être beaucoup plus fournies que ce que nos yeux de chair nous en donnent de voir !