Le document fondateur de l’Ordre cistercien fête cette année ses 900 ans. Aujourd’hui encore, les moines poursuivent les règles instaurées par les fondateurs. Document juridique rédigé au XIIe siècle, la Charte de Charité (Carta Caritas) est l’élément fondateur de l’Ordre de Cîteaux. C’est afin d’organiser avec rigueur la vie interne de ce nouvel Ordre qu’Étienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, décida de rédiger ce document constitutionnel qui fait toujours figure de référence chez les cisterciens aujourd’hui. Cette charte, constituée d’une trentaine d’articles, règle le contrôle et la continuité de l’administration de chaque maison et définit les rapports des maisons entre elles tout en assurant l’unité de l’Ordre.
Création d’un Chapitre général
Par exemple, la charte déclare que tout monastère créé est indépendant mais demeure soumis au regard de l’abbé de la maison qui l’a fondé, appelée “la maison-mère”. La charte élabore également la création d’un Chapitre général — gouvernement suprême de l’Ordre — qui réunit, au moins une fois par an, tous les abbés. Cette réunion, qui a toujours lieu de nos jours au sein de l’Ordre cistercien, permet de surveiller d’éventuelles déviations et s’assurer de la stricte observance de la règle bénédictine. Si elle a évolué durant quelques décennies après sa création — notamment au moment de l’approbation pontificale du droit cistercien en 1119 par le pape Calixte II — la charte finit par être définitivement adoptée au milieu du XIIe siècle. 900 ans après, celle-ci est toujours d’actualité.
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Attention néanmoins à ne pas confondre : la Carta Caritas ne remplace en rien la Règle de saint Benoît sur laquelle les cisterciens s’appuient toujours. En effet, l’Ordre cistercien, fondé en 1098 par Robert de Molesme, avait été créé dans un désir de revenir à la rigueur de la Règle originelle des bénédictins qu’il estimait mal interprétée par la réforme clunisienne.