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L’hommage d’une Américaine à Notre-Dame de Paris, blessée mais toujours debout

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Karen Darantière - publié le 14/06/19
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Deux mois après l’incendie tragique, une catholique américaine qui vit de près les flammes embraser le toit de la cathédrale, explique pourquoi Notre-Dame de Paris est un « édifice maternel » universel, la seconde église de la chrétienté après Saint-Pierre de Rome.

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Notre-Dame de Paris, dans l’Île de la Cité, est le sein maternel de la cité, de tout un pays, l’âme de la civilisation occidentale. Et nous l’avons vue brûler sous nos yeux. Notre-Dame est le centre géographique de Paris, le lieu à partir duquel sont mesurées les distances du pays tout entier. Elle est le centre spirituel de la France, de l’Europe, de notre civilisation. Et nous avons devant nos yeux ce spectacle si accablant, si épouvantable de la voir calcinée ; nous avons le sentiment de voir le cœur de l’Occident qui se brise. C’est dans les larmes que les Français redécouvrent ce merveilleux monument, ce trésor inestimable de leur foi ancestrale. C’est dans les lamentations que tous les hommes, quelle que soit leur origine ou leur foi, voient se consumer un édifice qui manifeste le mystérieux amour maternel auquel tous aspirent au fond d’eux-mêmes sans même le savoir.



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Une douleur universelle

La douleur de voir Notre-Dame en proie aux flammes est partagée par tous, universellement, y compris par tous ceux qui ont perdu la foi ou bien ne l’ont jamais connue1. Que peut signifier cette union de cœurs de tous les hommes et femmes, chrétiens ou non, si spontanée et universelle à travers le monde qui s’est faite à la vue de Notre-Dame en flammes ? Même si, alors, nous n’arrivions pas à le dire, à le formuler distinctement, ou même à le penser clairement, nous étions tous en train d’exprimer deux choses : d’abord un amour universel du beau et, sans le savoir peut-être aussi, l’amour de la foi qui a construit cette cathédrale, et qui l’a reconstruite encore et encore à travers les siècles au gré de ses épreuves. Ce sentiment universel est l’expression même de cet amour. Il ne peut s’expliquer autrement.



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Cet amour naturel, humain s’est exprimé aussi dans la littérature, surtout dans le célèbre roman de Victor Hugo, qui s’est donné tant de mal pour sauver la cathédrale après sa mutilation par la Révolution française. Dans Notre-Dame de Paris, avec son personnage, Quasimodo, sonneur des cloches de Notre-Dame, qui aimait profondément « l’édifice maternel », l’écrivain célèbre cet amour avec éloquence : « Et la cathédrale ne lui était pas seulement la société, mais encore l’univers, mais encore toute la nature. Il ne rêvait pas d’autres espaliers que les vitraux toujours en fleur, d’autre ombrage que celui de ces feuillages de pierre qui s’épanouissent chargés d’oiseaux dans la touffe des chapiteaux saxons, d’autres montagnes que les tours colossales de l’église, d’autre océan que Paris qui bruissait à leurs pieds2. »

L’amour de la beauté

Comme Quasimodo, nous aimons tous la beauté de Notre-Dame de la même manière que nous aimons les beautés de la nature : nous aimons la vivacité des couleurs des vitraux comme nous aimons les arbres fruitiers en fleur, nous aimons nous abriter sous les chapiteaux des colonnes aux motifs végétaux comme nous aimons la fraîcheur de l’ombre sous les arbres, nous aimons le chant grégorien comme nous aimons entendre le chant des oiseaux, nous admirons le vaste paysage qu’est la cathédrale comme nous admirons les campagnes verdoyantes et vallonnées, les montagnes vertigineuses couvertes de neige, le soleil couchant sur une mer calme.

En images : Notre-Dame cicatrise ses blessures
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