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Philippines : un myopathe de 17 ans en route vers la sainteté

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Sylvain Dorient - publié le 10/06/19
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Darwin Ramos, mort à 17 ans, en 2007 a été reconnu « serviteur de Dieu » par le Vatican, ce qui pourrait être le premier pas vers sa canonisation.

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La vie de Darwin Ramos, philippin pauvre et mort de sa maladie à 17 ans, aurait pu passer comme l’une de ces étoiles filantes si rapides et discrètes que personne ne les voit. Il a pourtant marqué un nombre incalculable de personnes, qui témoignent en vidéo. Et le postulateur de sa cause en béatification, le père Thomas de Gabory, croit fermement qu’il obtiendra gain de cause : « Dans les paroisses, l’annonce de sa reconnaissance comme serviteur de Dieu a été accueillie dans l’effervescence ! Ce petit gars est devenu une vraie fierté nationale. » Il regrette même que beaucoup de bêtises soient dites sur le compte du jeune Darwin, qui suscite des articles douteux et même d’authentiques fake news aux Philippines. “Sur certaines pages internet, il est déjà canonisé, mais cela ne sert pas notre cause”, déplore le prêtre.


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Darwin n’avait pourtant pas le bagage d’une star. Né en 1994 dans une famille très pauvre de Manille, il gagnait quelques piécettes comme chiffonnier, quand sa maman remarqua qu’il perdait fréquemment l’équilibre. Un examen médical a révélé qu’il était atteint d’une myopathie de Duchenne, une maladie atrophiant petit à petit ses muscles. Sa mère fut naturellement effondrée, mais son père l’utilisa comme gagne pain, le faisant mendier au pied d’une station de métro, l’encourageant à mettre son handicap en évidence. Recueilli par un éducateur de « Tulay ng kabataan » (Un pont pour les enfants, en langue philippine), une œuvre en faveur des enfants des rues de Manille, il commença une nouvelle vie.

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« Un chrétien, c’est celui qui prend soin de Jésus »

C’est là que les qualités d’empathie et de soif spirituelle de Darwin se sont révélées, raconte le père Thomas de Gabory. Aimable avec tous, cherchant à résoudre les conflits, il se fit rapidement aimer des enfants accueillis au centre. Il a bluffé les pères par sa sagesse, qui lui inspirait des phrases comme cette définition : « Un chrétien, c’est celui qui prend soin de Jésus ».


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« Il plaçait sa vie de prière à l’échelon le plus haut de ses priorités, jusque dans l’urgence », décrit encore le prêtre. Pris d’un malaise respiratoire en pleine oraison, il refusa de partir pour l’hôpital avant qu’il n’ait achevé son temps de prières avec ses compagnons de foyer.

“C’est le point décisif, explique le père de Gabory, qui a ouvert une page Facebook consacrée au garçon. Certes c’était un enfant joyeux, bon… Mais beaucoup d’enfants des rues sont comme ça ! Darwin résume et dépasse la thèse de 3.000 pages que j’ai pu faire sur la théologie et la maladie ! Il ne parlait jamais de sa maladie mais de sa mission, et c’est ainsi qu’il l’a vécu.”

L’ultime combat de Darwin

Jeudi 20 septembre 2012, l’état de Darwin était devenu critique. Lui toujours souriant, il avait un visage grave et fermé « Mon Père, il faut prier ! » A-t-il dit à l’aumônier qui était à son chevet. Le prêtre lui demanda : “Pourquoi es-tu angoissé ?
– Parce que je me bats.
– Tu te bats contre ta maladie?
– Je me bats contre le Démon.”

Le lendemain, la maladie a progressé et Darwin, intubé, ne pouvait plus parler. Il montrait toutefois un visage apaisé, « on lisait sans conteste la paix sur son visage » affirme l’aumônier qui l’a assisté dans ses derniers moments. L’adolescent demanda qu’on lui apporte un papier sur lequel il écrivit : « Un immense merci » puis « Je suis très heureux », « Je suis très heureux ».

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