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Le cerf, un animal familier du bestiaire biblique

cerf vitrail

Cathédrale Notre-Dame de Paris, chapelle du Saint-Sacrement, vitrail, Saint Felix de Valois, apparition du cerf a la fontaine de Cerfroid.

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Philippe-Emmanuel Krautter - published on 04/06/19
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Présent dans l’Ancien Testament, sa soif de la Parole fait du cerf un animal familier du bestiaire biblique avant que le Nouveau Testament ne l’associe au Christ lui-même. Une représentation fertile, source de nombreuses évocations dont les chasses légendaires telles celles de saint Hubert.Chauvet, Lascaux, Altamira… où que le regard se porte sur l’art pariétal et les premiers balbutiements de la culture, le cerf est omniprésent parmi le bestiaire primitif. Élément central de la chasse et objet de culte, il n’a pas, non plus, laissé indifférent les premières civilisations qui succèderont à la préhistoire. Il suffit pour s’en convaincre de visiter la très belle exposition Royaumes oubliés – De l’empire hittite aux Araméens, actuellement au musée du Louvre, pour constater l’importance du cervidé dans les nombreuses représentations qui lui sont consacrées.

Cerf

© Julian Kumar / Godong

Musée Maurice Denis, Saint Germain en Laye, France. Maurice Denis, La légende de Saint Hubert.

Sa vigueur et la splendeur de son allure font de lui un animal royal associé aux divinités vénérées. C’est ce legs qui sera adopté par les Grecs et les Romains : Actéon surprenant Artémis au bain fut transformé en cerf. Cette métamorphose ne cessera de lier le destin de l’animal et de l’homme, tour à tour prédateur et proie. Les Celtes vénèreront également le cerf en tant que divinité tel Cernunnos le cornu, un dieu gaulois au souffle puissant. Ses représentations sont notamment présentes au musée du Cluny ou sur le fameux chaudron de Gundestrup au Danemark, et ne cessent encore aujourd’hui de fasciner le regard.

Le cerf dans L’Ancien Testament

La fougue, la vitalité et sa belle prestance constitueront les principaux traits légués à l’univers biblique. Le cerf deviendra, en effet, un des animaux  du bestiaire de l’Ancien Testament. Le Psaume 41 est certainement le plus éloquent : “Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu ». Cette soif insatiable de la Parole divine ne demeurera pas une simple métaphore superficielle et la vitalité qui en découlera inspirera le prophète Isaïe en ces termes : « Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride ».

cerf

© Nationalmuseet, Roberto Fortuna og Kira Ursem – Wikipedia
Cernunnos sur le chaudron de Gundestrup Gundestrupkedlen, inderside Beskrivelse Gundestrupkedlen, inderpladerne, Y.FRJ, Rævemosen, Ålborg Amt

L’animal dont la puissance étonne encore aujourd’hui avait déjà dans l’antiquité la réputation de traquer les serpents et de les dévorer, ce qui contribuait à son énergie selon Plutarque, Martial ou Lucrèce. L’art romain pré-chrétien semble ainsi avoir anticipé ainsi sur ce combat du bien contre le mal en de nombreuses représentations éloquentes de cerfs détruisant des serpents dans leur nid.

Le Christ Cerf

Bien que toujours impressionné par la belle prestance, notre époque a cependant quelque peu oublié l’importance que revêt le cerf dans le bestiaire biblique. Il fut pourtant l’un des premiers animaux retenus par la chrétienté, et le Physiologos lui réserve une place de choix en assimilant l’animal au Christ lui-même. La Légende dorée de Jacques de Voragine, au XIIIe siècle, offre à cette métamorphose du Christ en cerf d’extraordinaires légendes médiévales qu’il nous faut redécouvrir, notamment celles de saint Hubert et de saint Eustache. Ce dernier, avant de devenir un saint, se nommait Placide et chassait avec quelques amis. Il vit un magnifique cerf à nul autre pareil et s’élança à sa poursuite. Parvenu à un sommet, l’animal se retourna vers le chasseur et lui intima de le suivre sur les hauteurs plutôt que de le chasser. Et le Christ de révéler son identité avant de s’évanouir en une éblouissante image du Christ en croix, achevant de convaincre le chasseur ébahi. Placide abandonna alors tout et donna sa vie au Christ, saint Eustache était né.


Agnus Dei - Zurbaran
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La légende de saint Hubert s’apparente à celle de saint Eustache : Hubert, fils du duc d’Aquitaine, alors qu’il chassait un jour de Vendredi saint, aperçut un grand cerf avec une croix entre ses cornes. L’animal lui enjoignit d’abandonner sa vaine passion et de suivre les préceptes du Christ. La légende de saint Hubert si chère aux rois était née. Patron des chasseurs, saint Hubert est fêté le 3 novembre de chaque année et sa représentation a dès lors inspiré les plus grands artistes.

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