Le vicariat de Siam (Thaïlande) fête ses 350 ans cette année. Là-bas, l’Eglise locale garde la mémoire des ses missionnaires. Et pour cause ! Ils avaient de sacrées personnalités.
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« Nous faisons mémoire avec gratitude de l’œuvre d’évangélisation lancée par des membres des MEP, suivis par d’autres missionnaires et religieux, hommes et femmes, appartenant à différents instituts », a lancé le cardinal Filoni lors de son homélie le 18 mai dernier à Sampran, non loin de la capitale du pays, Bangkok, à l’occasion des 350 ans du vicariat de Siam. « Par leur zèle apostolique, ils se sont dévoués à l’implantation de l’Église au sein de cette grande nation », Mais qui sont ces figures courageuses au point de créer de toute pièce une Eglise locale ?
Tout commence il y a 360 ans, lorsque les premiers vicaires apostoliques sont arrivés en Thaïlande alors que le royaume de Siam s’ouvrait aux puissances occidentales coloniales. « Ils s’installèrent dans la capitale de l’époque, Ayutthaya et y fondèrent la première mission, l’ordre des amantes de la croix mais aussi un séminaire », raconte à Aleteia Charlotte de Montagu, volontaire aujourd’hui aux MEP en Thaïlande auprès des Karens. « La mission des MEP fût, et reste aujourd’hui encore, la fondation de l’Église. Or, sans clergé, pas d’Église possible ». Tout se gâte à la fin du XVIIe siècle. Louis XIV envoie des diplomates au royaume de Siam et la politique défendue par ces derniers aboutit à un coup d’Etat en 1688. « Les églises furent brûlées, les missionnaires emprisonnés et les religieuses prostituées »,détaille la volontaire. Français et catholique, il ne fait pas bon vivre en Thaïlande à cette époque. Si bien qu’en 1767, les Birmans détruisent la capitale Ayutthaya. La capitale est alors déplacée vers l’actuelle Bangkok.
Le mystique de l’équipe
A partir de là, la mission reprit avec la fondation d’écoles, d’hôpitaux, d’églises et de séminaires… Au fur et à mesure de la fortification et de la maturité de l’Église de Thaïlande, les MEP ont confié leurs écoles, hôpitaux, paroisses, diocèse à l’Église de Thaïlande afin qu’elle les dirigent et en ait la charge.
Aujourd’hui, l’Église catholique constitue une infime minorité de la population thaï : à peu près 0,8% de la population. « Mais elle est structurée et dynamique », assure encore Charlotte de Montagu. En tout cas, l’Église garde la mémoire des ses missionnaires. Et pour cause ! Les trois premiers missionnaires MEP en Thaïlande avaient de sacrées personnalités. A commencer par Mgr François Pallu, véritable organisateur et grand voyageur. Celui qui a fait partie des fondateurs des MEP a certainement passé plus de temps à sillonner mers et chemins qu’en Asie. Avec trois allers-retours entre Rome et le Siam, il a eu le temps de penser la mission et de l’inscrire durablement au cœur de l’Église.
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De son côté, Mgr Pierre Lambert de La Motte, un autre des autres fondateurs des MEP, est le mystique de l’équipe. Il donne l’élan spirituel de la mission et aimait à dire : « Les conversions ne peuvent débuter sans la conversion du missionnaire lui-même ». Il œuvra beaucoup pour la formation et la fondation du clergé local. Pour compléter le tableau vient ensuite Mgr Louis Laneau, le premier à être envoyé spécifiquement pour le Siam. Selon Charlotte de Montagu, « il devient l’homme de la culture, de l’inculturation mais aussi des langues qu’il maîtrisera parfaitement. »
Plus récemment, le père Joseph Quintard, décédé il y a quinze ans et également missionnaire MEP, avait été envoyé auprès des Karens. Pionnier auprès de ce peuple, il arrive dans une société animiste et accompagne la communauté vers une foi nourrie et célébrée. Bâtissant routes, églises et école, il mourra épuisé mais heureux d’avoir servi le peuple qu’il aimait tant. Au soir de sa vie bien remplie et entièrement offerte, il confiera ainsi : « Les Karens ont été mon bonheur et je meurs pour eux ».
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