Parti avec les Missions Étrangères de Paris (MEP) pour un an auprès de la communauté Karen de Thaïlande, Paul Bablot est rentré à vélo par la route de la soie. Son livre « Du Mékong à la place Saint-Pierre » raconte son incroyable périple porté par la foi.
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L’aventure n’est pas morte, et pas n’importe laquelle. Celle qui donna des ailes à Joseph Kessel, Sylvain Tesson, Éric Tabarly ou Saint-Exupéry, comme un troisième poumon accordé au monde et à l’avenir. Avoir une vingtaine d’années, c’est assez pour s’amarrer à l’espérance incarnée et réelle. Paul Bablot croit d’ailleurs fermement à l’enseignement de Charles Péguy, qu’il actualise à travers son témoignage. Et Alexandre Poussin de l’applaudir dans sa préface. « Quelle leçon pour nous qui osons à peine bafouiller que nous croyons en Dieu plutôt qu’au hasard ou à rien ! », « merci Paul de nous ouvrir les yeux ! Les écailles nous en tombent », « et c’est la bonne nouvelle de ce livre, la jeunesse qui nous suit est meilleure que nous ! ».
Pédaler à la rencontre de la minorité active
Rentrer à vélo à Paris. Curieuse idée quand l’avion ne prend que quelques heures. Paul semble ne jamais en avoir assez. Après un an de service en Thaïlande, il parcourt près de 20.000 km. Des hauts plateaux vietnamiens aux immenses plaines d’Asie centrale en passant par le désert d’Iran, la Terre Sainte et le Vatican, son retour est un paysage élargi, enrichi par les rencontres innombrables. Il a cherché les chrétiens et il en a trouvé. Car ils sont une minorité active. « Staline est le plus grand évangélisateur d’Asie. En déportant des Allemands et des Polonais, il a permis cette foi contemporaine », lui a-t-on appris avec humour, au détour d’une de ses étapes vécues comme un pèlerinage. C’est avec un même ton qu’il témoigne de son épopée, faisant ombrage à la tiédeur et donnant aux défis un accent plus humain, quand l’aventure devient un art de vivre, de faire rire, et enfin « d’être et de durer ».
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L’envoi en volontariat avec les MEP n’est « pas humanitaire mais pour servir un lien », en général dans les diocèses d’Asie, ce qui favorise un vrai lien ecclésial. Ainsi, le jeune aventurier invite d’autres jeunes chrétiens à se lancer à donner une année pour « découvrir une autre culture et voir que la richesse est faite d’hommes ». À dépasser ses limites aussi, au-delà d’une une vue illusoire de l’esprit : « On peut toujours faire mieux que ce qu’on avait imaginé ! »
L’avenir appartient à ceux qui espèrent
Ses photographies de voyage, rapportées dans le livre, le montrent au sommet d’un col de l’Himalaya, entre deux poètes boxeurs orthodoxes de Serbie, en costume traditionnel pour Noël au Tibet, devant le Saint-Sépulcre et enfin Notre-Dame de Paris, un soir de décembre 2017. Il est allé à Dien Bien Phu, au Monastère de Garni en Arménie, à la messe des Rameaux en Ouzbékistan. Au-delà d’une formidable aventure, dont il dit que « la liturgie des heures est le meilleur carburant du monde » et le chapelet une aide pour « gravir les montagnes », son ouvrage communique avec l’Histoire et la répand à travers son journal de bord d’aventurier catholique. Sa très belle plume nous fait dire qu’il n’a pas seulement emprunté l’espérance à Charles Péguy.
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« La jeunesse catholique française est exigeante, elle a soif de vérité. Nous sommes passés d’un christianisme de tradition à un christianisme de conviction », confie-t-il à Aleteia. Et quand on lui demande s’il pense que le meilleur est encore devant nous, il répond avec une assurance toute simple : « Quand je vois les chrétiens en Asie, je ne me fais aucun souci sur l’avenir des chrétiens ». Comme le disait Louis Parrot dans L’intelligence en guerre (éd. La Jeune Parque) : “Nous ne pouvons pas vivre seulement de notre passé en rentiers de la grâce, un capital s’épuise vite tant en numéraire qu’en valeurs spirituelles. Une réputation s’entretient et se consolide : nous ne pouvons pas nous gargariser de belles formules “vocation chrétienne de la France, fille aînée de l’Église”. (…) Ce pays-là, comme les autres, peut s’intoxiquer et disparaître si à un moment donné de son histoire, il n’engendre plus les hommes capables de maintenir son potentiel de vie.”
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« Conserver le cap », « c’est une question de posture, non de géographie ou de position sociale », conclut Paul Bablot dans son livre. « Tenir la distance, voilà le véritable enjeu », selon lui, et il explique à Aleteia qu’on peut tout simplement le faire au quotidien « en tenant sa parole et ses engagements ». Lors de leur rencontre au Vatican, l’on comprend mieux pourquoi le Pape lui a demandé de témoigner de son voyage, et il a eu raison.
Du Mékong à la place Saint-Pierre, de Paul Bablot, Première Partie, avril 2019, 20 euros.