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La grandeur de la condition humaine

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Guillaume de Prémare - publié le 24/05/19
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« N’appartient-il pas à notre condition humaine d’être des fardeaux les uns pour les autres, de contracter des dettes d’amour les uns pour les autres ? »

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Le cas de Vincent Lambert est complexe, c’est entendu. Et pourtant, il faut bien porter sur ce cas une évaluation éthique, qui ne peut être réservée à une poignée d’experts. Nous sommes en effet, avec les progrès de la technique médicale, face à des choix de société qui concernent tous les citoyens. Il faut dès lors savoir de quoi l’on parle ; et donc essayer de simplifier les choses, c’est-à-dire rendre simple, compréhensible, accessible, ce qui peut l’être.

Un handicap lourd

C’est ce qu’a fait à la télévision, dans l’émission C à vous sur France 5, le professeur Jean-Michel Gracies, chef du service de rééducation neurolocomotrice à l’hôpital Henri Mondor à Paris : « On est sur une affaire de handicap lourd. On a trois unités en France qui souhaitent le prendre. Il suffit d’un transfert. C’est très simple, c’est un patient qui n’est pas en fin de vie. Ce qui se passe est un scandale parce que c’est la porte ouverte à d’autres choses du même type. Il ne faut pas confondre un handicap lourd et une fin de vie, ce sont des choses bien différentes. »

Le cas de Vincent Lambert n’est donc pas si complexe, au plan du diagnostic, qu’il rendrait inextricable toute évaluation éthique. Chacun peut comprendre la différence entre une personne qui cumule des handicaps lourds, probablement irréversibles, et une personne en phase terminale d’une maladie.


DOCTOR PATIENT
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Chacun peut comprendre la différence entre l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de la personne handicapée et l’arrêt du traitement médical de la personne en fin de vie. Dans le cas de Vincent Lambert, l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation constituait une euthanasie qui ne dit pas son nom. Fort heureusement, la cour d’appel de Paris a interrompu le processus entamé lundi 20 mai par l’hôpital de Reims.

Le doigt sur l’essentiel

Cependant, parvenir à y voir plus clair sur le plan éthique ne résout pas toute chose, notamment la rude épreuve pour les proches que constitue l’accompagnement des handicaps les plus lourds. Mgr Éric de Moulins-Beaufort a peut-être mis le doigt sur l’essentiel en évoquant, lors d’un entretien donné à RCF, la profonde dépendance de l’homme : « N’appartient-il pas à notre condition humaine d’être des fardeaux les uns pour les autres, de contracter des dettes d’amour les uns pour les autres ? » Comme c’est vrai… Qui n’a pas entendu une personne profondément dépendante dire : « Je sens bien que je suis un fardeau pour vous » ? Et le proche de lui répondre : « Mais non, tu n’es pas un fardeau. » Or, le proche, s’il voulait être plus franc, ce qui qui n’est pas forcément recommandé, pourrait répondre : « Oui, en effet tu es un fardeau, mais ce fardeau je choisis de le porter parce que je t’aime. »

Le grand défi de la dépendance

Ne sommes-nous pas ici au cœur à la fois de la tragédie et de la grandeur de la condition humaine ? Sommes-nous prêts à nous porter les uns les autres comme fardeaux mutuels ? Sommes-nous prêts à accepter d’être soi-même, le cas échéant, un fardeau pour ceux que l’on aime ? Ces questions vont au-delà l’évaluation rationnelle d’une sagesse commune, elles demandent de mobiliser des ressources spirituelles, donc divines, que notre société contemporaine ferait bien de retrouver si elle veut affronter le grand défi de la dépendance.

Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance. Retrouvez-là aussi en podcast.

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