Le 24 mai est une date particulière dans l’histoire de la papauté. Elle marque en effet l’anniversaire du retour triomphal du pape Pie VII à Rome, après cinq d’emprisonnement… en France.
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Aujourd’hui, les voyages à l’étranger d’un Souverain pontife sont une fête pour le pays qui l’accueille. Du chef d’État aux simples fidèles, tout le monde se mobilise. Visitée pas moins de huit fois par Jean Paul II – seule la Pologne a reçu le saint pape plus souvent ! – et une fois par Benoît XVI, la France attend ainsi avec impatience une venue du pape François, qui semble bien ne pas être inscrite à l’ordre du jour…
Il n’en a pas toujours été ainsi. Avant Paul VI, arrivé au pontificat en 1963, les papes ne voyageaient pas. Il faut dire que pendant longtemps – de 1870 à 1929 – ils se sont considérés enfermés au Vatican, entourés par une Italie qui avait réalisé son unité contre eux.
Avant cela, les papes sortaient très peu d’Italie, pour trois raisons. Tout d’abord, les moyens de transport n’étaient pas les mêmes. Désormais, le pape peut se rendre à l’autre bout du monde en quelques heures, visiter plusieurs villes d’un coup d’avion et revenir à Rome aussi rapidement. Par ailleurs, jusqu’en 1870, le Souverain pontife était à la tête de véritables États avec une population, impliquant des enjeux de pouvoir temporel bien supérieurs à ceux du tout petit territoire du Vatican.
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Enfin, il faut dire que la dernière visite hors d’Italie d’un successeur de Pierre ne s’est pas très bien passée… Et la France y est pour beaucoup. Avant le voyage de Paul VI en Terre Sainte en 1964, le dernier chef de l’Église catholique a avoir mis le pied hors d’Italie, est Pie VII (1800-1823). Et le voyage n’était pas vraiment volontaire…
L’anneau du pêcheur brisé
En 1809, les troupes napoléoniennes annexent les États pontificaux et dans la nuit du 5 au 6 juillet, un millier d’hommes entrent de force dans le palais du Quirinal où réside alors le pontife. Un général exige alors du successeur de Pierre qu’il rejoigne le camp français. “Non possiamo, non dobbiamo, non vogliamo. Nous ne le pouvons pas, nous ne le devons pas, nous ne le voulons pas”, rétorque, pas impressionné, l’évêque de Rome.
Évidemment, la réponse ne réjouit guère les Français qui enlèvent alors de force le chef de l’Église catholique. Pour éviter toute utilisation frauduleuse, le Pape fait briser l’anneau du pêcheur, seule fois de l’histoire où celui-ci est détruit alors que le pontife règne encore sur l’Église. Pie VII est conduit de prison en prison, jusqu’au château de Fontainebleau où il arrive en 1812. Il y croise l’Empereur qu’il appelle, pas rancunier, son “cher fils”. Il précise toutefois : “un fils un peu têtu, mais un fils quand même”.
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En 1814, l’empire napoléonien commence à s’effondrer et l’Empereur restitue au pape ses États. Le 23 janvier, le Souverain pontife quitte Fontainebleau pour se diriger plein sud, vers la Ville éternelle. Tout au long du trajet, le pape est acclamé, les foules se mettant à genoux au passage du cortège pontifical.
Le 24 mai 1814, Rome explose de joie au retour de celui qui est à la fois son souverain et son évêque. Les cheveux de son carrosse sont dételés tandis que la voiture est portée en triomphe jusqu’à la basilique Saint-Pierre. Après cinq ans d’absence, la Ville éternelle a retrouvé le successeur de Pierre. Il ne quittera plus les bords du Tibre jusqu’en 1964.