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Après la modération, la bienveillance, la lecture spirituelle ou le travail… le Décalogue de la sérénité du saint pape Jean XXIII propose une résolution sur la foi dans la Providence.
Neuvième résolution : « Rien qu'aujourd'hui, je croirai fermement — même si les circonstances prouvent le contraire — que la bonne providence de Dieu s'occupe de moi comme si rien d'autre n'existait au monde. »
Comment parler de la confiance aujourd’hui ? Prenez cette chaîne de magasins qui a réussi à s’imposer comme l’une des enseignes prépondérantes sur les produits techniques grâce à son service après-vente. Son « contrat de confiance » a marqué toute une génération de clients, parce qu’effectivement, l’enseigne organisait un service de qualité au bénéfice de ses clients, que ce soit pour l’installation des produits ou pour la résolution de leurs pannes. Et c’est bien agréable, quand on est client, ce service exclusif, se sentir la personne la plus importante du monde… Même si l’on sait pertinemment que cela n’est pas toujours vrai, que ce n’est parfois qu’une flagornerie factice et intéressée, et que tout l’emballage qui nous conforte dans cette satisfaction béate est inclus dans le prix que nous avons payé.
Dans les bons et mauvais jours
Dieu, lui, dispense sa bonne providence. Aux gens heureux, tant qu’ils le sont, bien sûr. À vous aussi. Les circonstances sont parfois stéréotypées : rencontre, mariage, naissance, succès, extase, paix, pardon, et la liste n’est pas close. Il y a ceux qui sont capables de voir dans chaque évènement heureux une grâce qui nous est donnée par ce Dieu que l’on dit bon, un peu comme un diminutif affectueux. Oui, Il est bon, Il ne se lasse jamais de l’être, et nous, nous ne devrions jamais nous lasser de faire connaître sa bonté à tous.
Et il y a les jours sans, les jours où ces circonstances laissent penser que la bonne providence de Dieu nous a oubliés. Les évènements qui surviennent et qui nous attristent sont peut-être dus à notre faute, ou à celle d’un autre : ni lui ni nous n’échappons à cette condition de pêcheur consubstantielle à notre humanité. Le mal-heur est le fruit d’un mal-agir, peut-il en être autrement ? Dieu nous veut responsables, c’est pour cela qu’il nous a rendus libre. Nous sommes responsables de nos péchés et du malheur qu’ils engendrent chez nous et chez d’autres. Mais quand les causes des évènements qui nous affectent relèvent du simple hasard ?
Un amour qui ne nous lâche jamais
Là, le contrat de confiance de Jean XXIII fonctionne à l’envers : le pape fait confiance à la providence de Dieu malgré la preuve de l’échec, de cet oubli manifeste et tangible, prouvé et démontré comme un élément présenté aux jurés d’une cour d’assises et susceptible de les convaincre de la culpabilité ou de l’innocence du prévenu. Cette confiance va même plus loin, puisque le saint pape suppose être le seul à bénéficier de cette providence. Un seul sur trois milliards d’hommes à l’époque de son pontificat. Aujourd’hui, une personne qui reprendrait à son compte cette formule serait une sur presque huit milliards de frères ou sœurs. Et la Providence délaisserait tous les autres pour ne s’occuper que d’un seul ?
Peut-être que c’est vrai après tout. Aujourd’hui encore, Jésus, Dieu fait homme, souffre sur sa croix à cause de mes iniquités. Qu’il soit déjà ressuscité n’y change rien. La Providence, c’est d’abord et avant tout l’amour qu’Il me voue, gratuit, inconditionnel, immérité, plus fort que le péché que je commets. C’est bien l’amour du bon pasteur qui va chercher sa brebis égarée en laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres (Lc 15, 3-7 ; Mt 18, 12-13). Cet amour ne nous lâche jamais au gré des circonstances qui vont émailler chacune de nos journées, et aucune de ces circonstances, même les pires péchés des pires pécheurs, n’altèreront jamais l’intensité de cet amour… providentiel ! Alors oui, chez le Bon Dieu qui est trop bon avec nous pour ne pas être mauvais en maths, une ou quatre-vingt-dix-neuf ou trois ou même huit milliard de brebis égarées, c’est pareil ! Puisqu’Il est capable de se soucier du plus petit des oiseaux des champs (Mt 6, 26), il est capable de prendre soin de chacune de ces brebis perdues que nous sommes.
C’est bien à chacun de nous qu’il dit : « Ma Miséricorde est plus grande que ta misère et celle du monde entier. » Et cela, c’est la plus belle, la plus grande, la plus essentielle de toutes les providences possibles et imaginables.
C’est Ta Miséricorde qui justifie notre espérance, Deo gratias !