Alors que le Festival de Cannes bat son plein cette semaine, Aleteia vous propose de revivre son édition de 1986. Cette année-là, plusieurs films très inspirés figuraient au palmarès.
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Arrêt sur image. Nous sommes le 19 mai 1986. La cérémonie de clôture de la 39e édition du Festival de Cannes est animé par Patrick Poivre d’Arvor. Le président du jury annonce solennellement la remise des prix. Il s’agit de Sydney Pollack, acteur et réalisateur américain, mondialement connu grâce aux succès de Tootsie, d’Ouf Africa ou encore Le Talentueux Mr Ripley. Cette cérémonie va en surprendre plus d’un… Dieu se serait-il penché sur la croisette en cette année 1986 ? Pas impossible… au vu d’un palmarès mettant en valeur des films remarquables pour leur dimension spirituelle.
La Palme d’Or pour Mission de Roland Joffé
La Palme d’or est décernée à Mission de Roland Joffé. Ce film raconte avec lyrisme l’aventure de deux prêtres espagnols interprétés par Robert De Niro et Jeremy Irons, partis évangéliser les populations amérindiennes au XVIIIe siècle. Alors que les empires espagnols et portugais poursuivent leur expansion, une mission de jésuites s’installe dans un territoire vierge et reculé où résident les Guaranis, un peuple autochtone vivant en harmonie avec la nature. Dirigée par le frère Gabriel, un prêtre altruiste et idéaliste incarné par Jeremy Irons, la mission est chargée d’évangéliser cette communauté tout en la protégeant des exactions des colons.
Si le pont entre les deux cultures paraît impossible à construire, le père Gabriel parvient à entamer le dialogue grâce à la mélodie harmonieuse de son hautbois, dans une scène restée mémorable. La Mission essaie de convaincre la puissance coloniale que les indiens Guaranis méritent d’être écoutés, et qu’ils ne se réduisent pas à une simple force de travail à exploiter. Ils bâtissent alors ce qui ressemble à une utopie chrétienne, fondée sur la foi et l’amour, où chacun peut trouver sa place. Roland Joffé signe ainsi une oeuvre d’une grande envergure. Les images splendides de Chris Menges et la bande son du grand Ennio Morricone imprègnent le film d’une force lyrique et esthétique inoubliables. Regardez cette video où le réalisateur reçoit la Palme d’Or des mains d’Inès de la Fressange et d’un Johnny Hallyday aux cheveux blancs.
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Le Grand prix spécial du jury pour Sacrifice
Le prix spécial du jury de ce 39e festival de Cannes revient quant à lui à Sacrifice d’Andrei Tarkovski, film que son propre auteur décrit comme une “prière”. Comme dans Stalker, le cinéaste russe plaide pour la conquête d’une liberté intérieure qui se réalise dans la fidélité au spirituel incarné. Le film se déroule en respectant le principe d’unité cher à Tarkovski. L’unité de lieu : une maison de bois au bord d’une baie déserte dans un paysage évoquant la Russie. L’unité de temps : quelques heures avant le déjeuner d’anniversaire d’Alexandre, le professeur, puis la nuit et le matin. L’unité d’action : le sacrifice d’Alexandre, qui offre à Dieu de renoncer à tout ce à quoi il tient le plus — sa famille, sa maison — pour sauver les siens au moment où surgit la menace d’une guerre nucléaire.
Dès le générique, où l’on entend La Passion selon saint Matthieu de Bach, puis avec l’apparition à plusieurs reprises de l’Adoration des mages de Léonard de Vinci, le son et l’image placent le Sacrifice sous le signe de la naissance et de la Passion du Christ. Tarkovski inscrit cette « parabole poétique » de l’offrande de soi dans une esthétique du sacré et de l’incarnation où les éléments naturels jouent un rôle essentiel. Le Sacrifice est un film où l’eau, le vent et le feu se manifestent en puissance. Pour Tarkovski comme pour Bernanos, le spirituel ne peut être suggéré qu’à partir du monde réel.
Le Prix du jury pour Thérèse d’Alain Cavalier
Le film Thérèse d’Alain Cavalier est une évocation de la sainteté. Exercice rare à l’écran, Thérèse essaie de répondre à deux questions. Qui était sainte Thérèse de Lisieux ? Quelle était sa passion ? Alain Cavalier met l’accent sur deux « moments » de la vie de sainte Thérèse, interprétée par Catherine Mouchet. Le premier, c’est lorsqu’à l’âge de quinze ans, la jeune femme entreprend des démarches passionnées pour être admise au Carmel de Lisieux. Le second revient sur les six derniers mois de sa vie, marqués par la double épreuve d’une profonde souffrance physique et morale. Le film nous rappelle que la Petite Thérèse aura connu le doute et la tentation de la « nuit obscure » jusqu’au terme de sa vie.
Présenté comme un portrait par touches à l’intérieur du couvent, Thérèse esquisse le dépouillement d’un itinéraire intérieur centré sur une passion — celle de l’amour du Christ éprouvé comme un « amour fou » — et un projet, celui de devenir une sainte. La foi est vécue comme un comportement irrationnel, voire mystique, dont on ignore l’origine. L’image nous laisse entrevoir l’univers de la sainteté et du spirituel, sans pour autant pouvoir vraiment y pénétrer comme on le peut davantage chez Bresson ou Tarkovski. Regardez Alain Cavalier ovationné pour Thérèse lors de la cérémonie de clôture :
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