Trois attitudes assez paradoxales sont fondamentales pour accompagner l’être aimé qui s’en va : parler, se taire et prier. Sans oublier la nécessaire préparation au vide de l’absence.
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La première façon d’être avec l’être aimé qui s’en va est de beaucoup parler, de dire les choses. Il est important de nommer la maladie et de l’annoncer à son entourage. Il n’est plus possible de fermer les yeux et de continuer à vivre comme avant.
Se parler en vérité
Il faut nommer la maladie, ne pas se fermer les yeux. Quand c’est grave, dire que c’est grave. Si l’on veut pouvoir continuer à vivre dans la paix, il est important de dire les choses sans attendre les derniers instants. Il faut pouvoir se les répéter plusieurs fois, à partir du moment où l’on sait que la guérison n’aura pas lieu, à moins d’un miracle. Nous avons besoin de pouvoir se dire que l’on s’aime, de se dire merci, de se demander pardon et de se dire que l’on se pardonne. C’est essentiel d’être vraiment en paix pour pouvoir continuer à vivre. Il serait dommage d’attendre les derniers souffles pour penser à vivre autrement. Au fond de soi, nous savons. Il faut être courageux.
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C’est horrible d’être dans le déni en donnant ou en recevant de faux espoirs. Le déni empêche de se préparer. Espérer quelque chose qui ne viendra pas, c’est prolonger son mal, c’est ne pas se préparer à ce qui va arriver. Ne pas mentir, être dans la vérité : « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). La bonne intention de vouloir changer les idées du malade ou de ceux qui l’entourent, en parlant de tout et de rien, n’est pas une aide, c’est une fatigue, une illusion. Il faut que tous soient conscients que nous allons aborder une nouvelle vie. C’est une vie inconnue qui effraie, tant celui qui va à Dieu que ceux qui restent. Ceux qui sont témoins de ce passage ont une place : ils peuvent et doivent aider.
Se préparer
Nous avons besoin d’être dans la réalité, pour nous, pour l’entourage et pour le malade. Ainsi, chacun peut accueillir la situation et se préparer pour la suite. L’annonce de la nouvelle que l’être aimé ne va pas aller mieux et ne va pas guérir est un gros choc. C’est une secousse terrible, le passage est très difficile quand nous recevons cette nouvelle. Il y a une rupture. Puis, quand nous sommes passés de l’autre côté, le chemin à prendre conduit à la vraie paix. Mais ce chemin est sinueux. Il est parfois nécessaire de repartir et rebondir pour l’emprunter. C’est un chemin ardu mais une fois qu’il est pris, on avance.
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Vivre avec les autres
S’arrêter d’être dans le tournis du quotidien est nécessaire. Entendre les gens parler de leur vie basique est une épreuve. Il faut essayer de faire le silence pour laisser venir la parole de Dieu, l’approche de Dieu. C’est cette façon d’être dans laquelle il va falloir entrer. C’est aussi pour mieux comprendre. L’entourage est extrêmement important pour nous soutenir, pour nous aider à être dans le réel et à préparer les choses de tous ordres. Nous avons besoin de plusieurs personnes, disponibles, discrètes, positives, de personnes fortes. En même temps, il ne faut pas être trop nombreux. Pour ne pas se disperser. Tout est fait en fonction de celui qui se prépare à partir.
Accepter de se taire
Pour mieux se comprendre et comprendre l’autre, pour se préparer, le silence est nécessaire. Il faut écouter, et en même temps fuir les « faux bruits », les conversations inutiles. Le silence est indispensable. Se taire pour écouter le malade et pour l’entendre. Se taire aussi pour mieux le voir et le regarder, se taire pour mieux l’accompagner dans tout ce dont il a besoin, pour répondre aux attentes de son corps et de son âme. L’important est de réussir à parler mais aussi d’être capable de rester en silence.
Le bien-aimé qui s’en va est fatigué, de plus en plus fatigué. Il a besoin que nous soyons présents en silence. Il a aussi besoin de solitude. Il faut passer un grand nombre de caps pour supporter le silence mais à un moment, celui-ci s’impose, on se comprend d’un regard, d’un léger signe de l’œil. Le silence permet à chacun de se poser, de comprendre et accueillir la vie qui passe, de l’ancrer.
Prier dans la communion
La prière, c’est déjà la paix. La communion. Le chemin vers le Père que l’on se prépare à rejoindre. Répétitive, la prière apaise et rassure. La récitation en continu du « Je vous salue Marie », du chapelet, calment.
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Profitez de chaque moment pour prier : la prière de confiance, la prière d’abandon, la prière spontanée, la prière pour le bonheur d’un moment, pour le début ou pour la fin d’un repas, pour une rencontre avec quelqu’un. La vie s’oriente vers Dieu, elle devient toute à Dieu. Nous remercions Dieu de tout ce que nous avons vécu ensemble, l’un grâce à l’autre. Dans la prière, nous nous rassurons, nous nous redisons que nous avons reçu la foi, que nous la redynamisons. Celui qui s’en va peut réaffirmer qu’il est en Dieu, qu’il est confiant. La prière est fortifiante.
Retrouver des forces
Il faut ensuite vivre après le départ de l’aimé. Nous avons longtemps besoin d’être accompagnés de plusieurs personnes fortes et compétentes. Nous trouvons de la force dans ses propres enfants qui souffrent autant que nous et ont besoin de nous. Faire partie d’un groupe de paroles donne la possibilité de décharger son agressivité, ses craintes, ses inquiétudes.
L’aspiration à être entouré de personnes fortes, de personnes terre à terre, qui ont la foi, qui osent parler et conseiller, est juste. Nous avons besoin de personnes qui nous aident dans les multiples démarches à faire, dans les décisions à prendre, avec respect et efficacité. Il ne peut pas y avoir qu’une seule écoute : notre besoin de parler de ce que l’on a vécu et de la personne disparue est intarissable. Nous aspirons à échanger, à se rappeler des souvenirs, cela nous fait du bien.
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Les autres pensent parfois qu’il faut nous changer les idées, et ils nous épuisent de banalités. Très souvent, ils n’osent pas parler de celui qui est parti. C’est absolument le contraire ! Nous n’attendons que des questions, des souvenirs et des échanges à n’en plus finir. C’est cela, juste cela, qui nous fait du bien, nous apaise, nous console.
Carnet d’à Dieu, mon amour, Anne Liu, DDB, 2014, 140 pages, 12,50 euros.