John Bradburne (1921-1979) avait une personnalité haute en couleur. À la fois poète et grand voyageur, ce franciscain anglais a eu une grande fécondité dans sa mission en Afrique au service des malades lépreux. Le 1er mai, le feu vert pour la première étape vers sa canonisation est tombé, 40 ans après sa mort en martyr.
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Le « vagabond de Dieu », c’est ainsi que l’on appelle John Bradburne. Un surnom qui sonne plutôt bien pour ce personnage assez invraisemblable. Moine, pèlerin et artiste, toute sa vie durant, tourmenté par sa quête d’idéal, il a voyagé autour du globe. Si nous fêtons le 40e anniversaire de la mort de John Bradburne, il s’agit aussi de l’année qui marque le début de son procès de béatification. Le premier mai, la conférence épiscopale du Zimbabwe a, en effet, approuvé que l’enquête diocésaine débute. La date du 5 septembre 2019, jour anniversaire de son assassinat à l’âge de 58 ans, a été retenue pour enclencher le début de l’enquête.
Du héros de guerre au Franciscain
Fils de pasteur anglican, John Bradburne est né en 1921 en Angleterre. Il est d’abord un héros de guerre. Rescapé de la seconde guerre mondiale, il est resté, suite à la chute de Singapour, un mois à devoir survivre seul dans la jungle avant d’être sauvé par un destroyer de la Royal Navy. Pour ce fait d’arme, il fut décoré de la Military Cross.
À son retour à la fin de la guerre au Royaume-Uni, le jeune homme a une révélation religieuse. En 1947, il se convertit au catholicisme. Il multiplie alors les noviciats : des bénédictins de Buckfast (Davon) à ceux de Prinknash en passant par les Chartreux, le globe-trotteur a du mal à trouver sa place. Lorsque les bénédictins de Buckfast lui refusent la possibilité d’être moine, John Bradburne se met en route : il arpente alors l’Angleterre, la France, l’Italie, la Grèce et le Proche-Orient, pendant près 16 ans avec, en tout et pour tout, qu’un sac-à-dos.
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Le globe-trotteur est aussi un poète. « Il ne savait pas écrire en prose » confiait l’auteur de sa biographie, Didier Rance, à Aleteia en juin dernier. Grand lettré, c’est un aussi un écrivain prolifique. Même Victor Hugo fait pâle figure à côté de ses vers abondants : il en écrivit deux fois plus ! « Ses poèmes révèlent un mystique, un maître de l’humour, mais aussi de l’observation fine de la nature, de l’amitié, des rêves, des joies et des peines quotidiennes », écrivait Didier Rance dans France Catholique en mai 2012.
Finalement, après ces tribulations, il rentre en 1956 au tiers ordre franciscain, un vendredi saint. Quelques années plus tard, le chercheur de Dieu décide de partir, non pas en ermite comme il l’avait d’abord souhaité, mais en missionnaire en Afrique, en Rhodésie (devenue Zimbabwe) où il rejoint un ami jésuite.
Auprès des lépreux en Afrique
C’est finalement dans une léproserie à Metemwa, dont il devient le directeur, que John Bradburne trouve le Dieu qu’il cherchait à travers le monde. Pris de compassion pour ces lépreux, déformés, marginaux, oubliés voire maltraités, il se met à leur service, attentionné et infatigable… « Ils ont été traités de façon horrible. Je suis un marginal, ils sont des marginaux, donc je pense que nous nous comprendrons. Et donc j’y vais, c’est ce qu’il me faut », explique-t-il alors à un de ses amis.
Hélas, la guerre se déclare dans la région. Menacé de mort, John décide de rester coûte que coûte auprès de ses chers malades. Il parvient à faire naître un oasis de joie, de paix et de foi au milieu du pays ravagé par la guerre. Une guérilla marxiste, le soupçonnant de renseigner le pouvoir en place le fait assassiner, le 5 septembre. Si Metumwa est devenu le plus grand lieu de pèlerinage de la région, nul doute que la fécondité du frère John Bradburne continue, encore aujourd’hui. Les nombreux miracles signalés en sont les témoins.
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