Ils choisissent de renoncer à leur confort, de marcher dans le désert, de ne manger que deux bols de riz par jour. Au milieu du renoncement, les goumiers lient des amitiés et enracinent leur foi. Témoignages.
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C’est une expérience pour le moins extraordinaire, un voyage qui ne figure pas dans les dépliants des agences, un voyage dans le renoncement. Pendant une semaine, les goumiers marchent dans le désert. Ils parcourent une trentaine de kilomètres par jour, parfois plus, et portent la djellaba, une longue robe à capuche aux rayures verticales brunes et noires. C’est la marque de reconnaissance des goumiers. Pendant huit jours, ces marcheurs un peu particuliers quittent le monde, se lancent un défi au service du spirituel. Ils renoncent à leur confort, dorment à belle étoile, quittent leur téléphone, leur montre. Pendant cette marche ils acceptent de ressentir la faim : les goumiers ne mangent que deux portions de riz par jour : un bol le matin, un bol le soir.
Un prêtre les accompagne, c’est le « padre ». Tous les jours, il célèbre la messe en pleine nature, profite des moments de marche pour recevoir les confessions et les confidences. Il aide les goumiers à se “connecter” à Dieu. Voilà maintenant 50 ans que ces retraites physiques et spirituelles existent. L’idée a été lancée par Michel Menu, un grand visage du scoutisme français. Le plus vieux goumier voulait répondre à quatre besoins vitaux : la dépense physique, le silence, le développement spirituel et le lien social.
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Les goumiers se retrouvent dans les endroits désertiques, souvent dans les Causses (Aveyron), parfois au Maroc, ou encore en Terre Sainte. Pour beaucoup cette expérience est une étape importante dans leur vie, avec un avant et un après. Portés par la fraternité qui s’est nouée entre eux, beaucoup ont pu se retrouver face à eux-mêmes et enraciner leur foi. Témoignages.
Hélène, 50 ans, pour se dépouiller du superflu
La plupart des goumiers ont entre 20 et 30 ans, mais il n’est pas interdit de tenter l’aventure passé cet âge. À l’instar d’Hélène, professeur d’EPS en Bretagne. Il y a trois ans, alors qu’elle avait déjà 50 ans, elle a effectué sa première marche. La décision a été rapide : l’ancienne cheftaine scoute connaissait le principe depuis 30 ans. Au cours d’une discussion, le curé de sa paroisse évoque sa jeunesse, les deux goums qu’il a effectués…. L’idée jaillit, c’est le déclic.
Dans le désert des Causses, Hélène retrouve l’esprit scout qu’elle affectionne « les repas sur le feu de bois, la vie en communauté ». Elle peut « se dépouiller du superflu, la marche désencombre l’âme et le corps ».
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Auprès d’Aleteia, Hélène évoque avec émotion le lien fraternel que nouent les goumiers « les relations sont très simples, sans masques, chacun fait attention à l’autre, à sa fatigue, au poids qu’il doit porter, il y a une véritable solidarité dans la difficulté. La foi est un véritable ciment entre nous. » De retour chez elle, conquise, elle arrive à convaincre son mari de renouveler l’expérience avec elle.
Christophe, 30 ans, pour répondre à une crise de foi
Il y a quatre ans, quand Christophe décide de faire un goum, il sort d’une crise de foi très profonde. Le trentenaire a l’habitude de marcher, il a usé ses chaussures dans le Vercors, le Mercantour, le long chemin de Saint Jacques de Compostelle : “Je ne voulais pas faire de goum, jeûner et marcher en même temps me paraissait trop difficile. » De retour vers la foi, il a voulu poser un acte fort pour incarner son retour vers Dieu. « J’étais à la recherche d’une radicalité, c’était le moment de relever ce défi. » Il y a cinq ans il a revêtu l’habit du goumier, l’habit du pauvre. « Je me suis senti libéré, je ne me préoccupais plus de ma petite personne, je pouvais me tourner vers les autres et vers Dieu. Ce goum, c’était le goum de la joie ! »
Christophe est revenu profondément marqué par cette expérience. Pendant les huit jours se son goum, il a noué des amitiés profondes et a découvert une nouvelle manière de vivre sa foi : la spiritualité des goumiers construite autour de cinq piliers, « la pleine santé du corps, la liberté de l’esprit, les relations humaines authentiques, une foi rayonnante et le don de soi créatif ». « Je me suis rapidement dit que cette spiritualité me convenait. »
Isabelle, la quarantaine, salue la fraternité qui y règne
“Les Goums ? J’avais le sentiment que ce n’était pas pour moi, reconnaît aujourd’hui Isabelle. Une amie m’en a parlé. Et quand j’ai vu les étoiles qu’elle avait dans le yeux, l’impact que cette aventure avait eue dans sa vie, je me suis laissée tenter par l’expérience. » Isabelle a tout de suite été fascinée par le concept. Jugez plutôt. En vingt ans, elle a effectué la bagatelle de 22 goums…
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La première fois, Isabelle est revenue de son goum remplie de joie, avec le sentiment d’avoir accompli quelque chose de grand, la satisfaction d’avoir réussi à marcher 150 kilomètres malgré un sac rendu lourd par la marche et surtout cette joie d’une communion fraternelle. « Avec ce groupe, j’ai eu le sentiment d’avoir goûté un petit bout de paradis. » Car pendant huit jours, les goumiers renoncent à beaucoup, ils sont souvent poussés dans leur retranchement. Pourtant Isabelle note qu’il n’y jamais de frictions entre les marcheurs. « Il y a une charité incroyable dans ces groupes. »
Enthousiaste, Isabelle tente à nouveau l’expérience du goum dès l’année suivante. Elle vit alors une expérience spirituelle très forte, une rencontre avec le Seigneur. « Il y a eu un avant et un après, ce goum a chamboulé ma vie spirituelle, il y a peu de journées où je ne pense pas à ces moments. » Depuis, Isabelle est devenue « lanceuse », elle appelle les autres goumiers à se mettre en marche. C’est elle qui organise la semaine de marche, trouve les lieux pour bivouaquer, reçoit les inscriptions…
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Marie-Alix, 37 ans, pour se ressourcer après une séparation
Il y a deux ans, Marie-Alix venait de divorcer et cherchait un moyen de se retrouver face à elle-même quand elle s’est lancé dans son premier goum. « Je cherchais une randonnée où l’on pouvait éprouver son corps, confie cette attachée territoriale à Aleteia. J’ai tapé quelques mots clefs sur internet, je suis tombé par hasard sur une proposition de goum. Je ne savais pas que la spiritualité avait une place aussi importante. » Rapidement, elle a été frappée par la solidarité qui règne au sein du groupe : « Je venais de trébucher sous le poids de mon sac, un goumier m’a déchargée, il a porté deux sacs dans une descente. Ce geste d’attention tout simple m’a beaucoup touchée. Chacun prend soin de l’autre pour que le groupe puisse avancer. »
Les premiers jours, Marie-Alix a été surprise par les règles du goum, mais rapidement, elle a senti que c’était un moyen de se libérer, une occasion riche que le quotidien offre rarement. Aujourd’hui, les cinq piliers du goumier sont des véritables repères dans sa vie spirituelle.
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