Le sujet de l’argent dans le couple est à aborder, non seulement lors de la préparation au mariage, mais aussi après. S’il n’y a pas de modèle de fonctionnement parfait, voici de bonnes questions à se poser afin de rester délicat et respectueux envers l’autre.
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Ne plus dépendre financièrement de son mari : c’est l’objet d’une des principales luttes des femmes depuis Mai 68. La libération, c’est aussi une question de sous. L’approche est tristounette, mais pragmatique. Il s’agit pour les femmes d’assurer leur liberté matérielle de divorcer si nécessaire ou de ne pas se retrouver dans la misère si leur mari les quitte ou meurt, bien avant le critère de l’épanouissement par une carrière. C’est une des raisons pour lesquelles être mère au foyer est devenu une option rare ou peu valorisée, puisqu’elle supposerait une confiance, jugée imprudente, en son mariage et dans son mari. L’argent peut effectivement devenir un levier de pouvoir, de contrôle, d’autonomie ou de dépendance, dans un couple.
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L’argent révèle des traits de la personnalité qui disent quelque chose d’une vision de la vie : cigale et fourmi ne goûtent pas l’existence de la même façon. Une différence qui aura bien des implications dans la vie de couple. Comptes séparés ou compte joint ? Transparence totale ou gestion individualisée ? Héritages mis en commun ou pas ? Ces choix ne sont pas neutres, et peuvent être sources de tension. S’il n’y a pas de modèle de fonctionnement parfait, les choix posés témoignent-ils respect et délicatesse de l’un pour l’autre ?
Un dialogue nécessaire
Quand tout est séparé, le dialogue porte sur la répartition des charges et risque de devenir envahissant. Qui paie quoi ? Qu’est-ce qui est juste au regard des différences de revenus ? Mon conjoint connaît-il le montant de ces revenus ? Si non, pourquoi ? Est-il justifié qu’il ne les connaisse pas ? La différence des revenus est-elle un sujet difficile pour l’un ou l’autre ? Cette question de l’argent, souvent abordée en préparation au mariage, resurgira régulièrement au fil des ans, et ne doit pas rester sous le tapis.
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Si l’un des deux n’a pas de revenus, a-t-il voix au chapitre pour les décisions financières ? Est-il culpabilisé, se sent-il libre de faire des dépenses ? Comment l’autre le met-il à l’aise et à pied d’égalité ? Si la femme, ou l’homme, reste au foyer pour les enfants, ce travail de service aux personnes et à la famille est-il reconnu à sa juste valeur par l’autre ? Quels moyens concrets pour reconnaître cette valeur non chiffrable mais importante ? Quelle considération ou reconnaissance le conjoint qui travaille à l’extérieur du foyer va-t-il offrir ?
Un manque d’attention ressenti
Un jeune mari s’étonnait de l’agressivité de sa femme, au foyer avec trois petits, qui lui reprochait de ne jamais lui préciser l’heure de son retour du travail. Avait-il conscience que cette légèreté pouvait être perçue comme un manque d’attention pour ce qu’elle vivait dans le créneau horaire de fin de journée, si éprouvant avec de jeunes enfants ? On ne mesure pas l’effet que peut faire sur celui qui est « bloqué » à la maison la liberté qu’a l’autre de rentrer plus ou moins directement à la maison après son travail.
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L’argent gagné ne décide pas de la valeur d’une personne, ni de la valeur de son travail. La valeur de mon amour pour l’autre ne se mesure pas au coût de mes cadeaux. L’amour ne s’achète pas, mais les bons comptes font les bons amants. Ou presque.
Sophie Lutz