Aux pèlerins d’Emmaüs écrasés par la chute du royaume de Dieu qu’ils espéraient, Jésus annonce une renaissance plus grande que nos propres désirs. De même, Notre-Dame retrouvera son âme si nous laissons Jésus-Christ retrouver toute sa place dans nos cœurs.
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Le terrible incendie de Notre-Dame de Paris, ainsi que l’émotion générale qu’elle a suscité à travers tout le pays et dans le monde, a rappelé à nos compatriotes que notre pays avait des racines chrétiennes. Que ferons-nous de cette mémoire rafraîchie ? Un aliment pour nourrir notre nostalgie, ou bien une occasion de retrouver le chemin de la foi ?
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Sans verser dans le chauvinisme confessionnel, force est de reconnaître que le catholicisme a fait la France, même si d’autres composantes ont bien évidemment œuvré à son édification. Certains ont cru discerner dans ce tragique événement le signe d’un rappel à l’ordre, d’un avertissement. En admettant le bien-fondé du statut de « signe » de l’événement parisien, encore faut-il préciser l’objet sur lequel porte cet avertissement. Que devons-nous lire à travers cet événement ? La reconnaissance des racines chrétiennes de notre pays ? Mais la gratitude exprimée pour l’apport sans pareil du catholicisme à notre histoire nationale suffira-t-elle à remettre Notre-Dame au centre du cœur des Français ?
Notre-Dame : un musée ou un écrin pour Jésus-Christ ?
Notre-Dame de Paris représente d’abord une église, et une cathédrale. C’est à ce titre qu’elle a traversé les siècles. Or une église-écrin n’est pas pensable, comme le rappelait Mgr Aupetit, sans le joyau qu’elle renferme : Jésus-Christ. Autrement dit, la reconnaissance de notre dette historique envers le catholicisme ne suffira pas à remettre à flot durablement le vaisseau amiral de la foi française si nous n’entretenons pas un rapport fort et personnel avec le Fils de Marie.
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Avoir des racines, c’est bien. Encore faut-il que la sève circule en elles pour alimenter les arbres que nous sommes. Et cette sève n’est pas réductible à la nostalgie, ni au rêve d’un retour à la chrétienté passée. Cette sève, c’est Jésus-Christ, présent dans la communauté rassemblée, les sacrements et la foi de ses disciples. Telle est la condition première de la survie de Notre-Dame dans nos cœurs. Sinon, elle ne subsistera plus qu’à l’état de musée. C’est-à-dire qu’elle perdra son âme, et nous avec elle.
Renouveau de la foi ou feu de paille ?
Ce renouveau de la foi peut s’avérer moins facile que le premier élan de générosité des Français le laisse présager, après les images de l’incendie de la cathédrale. Il n’est pas inutile de souligner que la foi n’est pas un automatisme qui, une fois sur les rails, est emporté par sa force d’inertie et finit par rouler tout seul.
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Les disciples d’Emmaüs avaient cru en Jésus. Cependant, après sa crucifixion, ils s’en retournèrent tout tristes chez eux. C’est alors que le mystérieux Voyageur, qui cheminait avec eux, leur fit comprendre que l’idée qu’ils s’étaient faite de la promesse du Messie de Nazareth devait mourir en eux, que leur image de Dieu qu’ils avaient forgée et dans laquelle ils essayaient de L’enfermer, devaient laisser la place à quelque chose de plus grand. Dieu est toujours au-delà de ce que nous imaginons de Lui. Le soir du Jour de Pâques, Jésus le fit toucher du doigt aux deux pèlerins désenchantés qui marchaient vers Emmaüs en sa compagnie. Pareillement, avec l’incendie de Notre-Dame, ne nous emballons pas trop vite, au risque d’oublier les fondamentaux et d’être déçus par le court terme.
Retrouver notre premier élan d’amour
La reconstruction de la cathédrale sera longue. Celle de notre foi le sera peut-être davantage. Mais c’est la seconde qui est la plus importante. Surtout, la renaissance de notre foi ne pourra s’effectuer qu’à condition que nous laissions Dieu être plus grand que ce que nous imaginons de Lui. Plus qu’aux racines chrétiennes de la France, c’est à notre premier élan d’amour envers Jésus-Christ qu’il s’agit de revenir, sans se décourager si le chemin est déconcertant. La foi est une aventure pascale, une traversée. Et souvent le feu nous brûle, comme il a ravagé notre cathédrale bien-aimée. L’Amour, qui est Dieu, n’est pas de l’eau de rose.