Du 26 au 28 avril derniers s’est déroulée à Cahors (Lot) l’ostension de la Sainte Coiffe. Selon la tradition, il s’agit du linge qui aurait recouvert le visage du Christ dans son tombeau. Alors que la précieuse relique n’avait pas été présentée à la vénération des fidèles depuis 1960, celle-ci a été placée dans un nouveau reliquaire installé dans la cathédrale Saint-Étienne à l’occasion de son 900e anniversaire. La manifestation la plus marquante s’est tenue le samedi 27 avril : la Sainte Coiffe a été portée en une procession qui, malgré un temps incertain, a rassemblé près de 3.000 personnes à travers les rues de la ville.
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La Sainte Coiffe est un bonnet qu’on appelle en hébreu pathil dont les Juifs avaient l’habitude de recouvrir la tête des morts lors de leur ensevelissement. Il est donc probable que le Christ en ait été revêtu lors de sa mise au tombeau. D’ailleurs, la présence de ce bonnet est citée dans l’Évangile de Jean (20, 8) relatant la Résurrection du Christ : en entrant dans le tombeau, Simon-Pierre aperçoit les linges posés à plat « ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place ». Et l’évangéliste d’ajouter (parlant de lui-même) : « C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut. » C’est d’ailleurs cette dernière phrase qui a servi de fil conducteur tout au long des cérémonies du week-end, la relique, par son existence, attestant, en quelque sorte, de la véracité de la Résurrection du Christ.
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Différentes versions de l’histoire
Comment la Sainte Coiffe est-elle parvenue à Cahors ? Plusieurs versions existent à ce sujet. La plus répandue, mais la moins probable, est celle évoquant une remise de la relique en 803 à Aymatus, évêque de Cahors, par Charlemagne qui l’aurait reçue du Calife Haroum el Rachid ou de l’impératrice Irène de Constantinople. Une autre hypothèse indique que c’est Géraud de Cardaillac, évêque de Cahors, qui l’aurait ramené de Terre Sainte au début du XIIe siècle, ajoutant même que l’autel sur lequel elle avait été placée aurait été consacré par le pape Calixte II en 1119. Enfin, une autre source mentionne que la relique, qui se serait trouvée dans l’église Sainte-Marie du Pharos, aurait été rapportée par un chevalier après la prise de Constantinople lors de la IVe Croisade.
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En tout état de cause, la présence de la Sainte Coiffe à Cahors est certaine à partir de 1408. Depuis 1899, elle était conservée dans un reliquaire en bronze placé dans la chapelle Saint-Gausbert adjacente au cloître dont elle était, jusqu’en 1960, extraite chaque année à la Pentecôte pour être présentée à la vénération des fidèles. C’est avec cette pratique, tombée en désuétude, que l’évêque de la ville, Mgr Laurent Camiade, a voulu renouer en cette année jubilaire, en présentant à nouveau la relique au public. Ainsi sera-t-elle, à partir de la Pentecôte, placée dans la chapelle du Saint-Sacrement encore en cours de réfection.
Trois jours de manifestations
Pour inaugurer cette nouvelle dévotion, trois jours de manifestations ont eu lieu autour du dimanche de la Fête de la Miséricorde, avec un parcours jubilaire en sept étapes et une grande procession dans les rues de la cité cadurcienne. Malgré la réputation anticléricale du Lot, la procession, organisée en lien étroit avec les pouvoirs publics, surtout en cette période de crainte d’attentats terroristes, a rencontré une grande bienveillance. Effet peut-être de l’émoi généré par l’incendie de Notre-Dame de Paris et du sauvetage de la Couronne d’Épines, croyants et incroyants se sont retrouvés dans la même ferveur autour de la cathédrale Saint-Étienne et de sa précieuse relique, jugées par tous comme un patrimoine inestimable, inséparable de l’histoire locale et fédérateur pour l’ensemble des habitants du département. De fait, en dépit du retentissement de l’ostension de la Sainte Coiffe au-delà des limites du Quercy, les organisateurs avaient manifestement souhaité, à la différence de la présentation de la Sainte-Tunique d’Argenteuil il y a trois ans, maintenir l’événement à l’échelle du diocèse.
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Que cela ne décourage surtout pas les fidèles et amoureux du patrimoine des autres régions, maintenant que la Sainte Coiffe est offerte à la vue de tous, de venir la contempler dans son nouvel écrin. Chacun, en fonction de ses convictions, y trouvera grand plaisir pour l’esprit et joie profonde pour l’âme.