Quand les puissances maléfiques tournent autour de Notre-Dame, et que la main de Dieu veille… L’enluminure, qui date du XVe siècle, n’a jamais été plus actuelle.
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La silhouette de la cathédrale Notre-Dame, bien blessée aujourd’hui, attire notre regard. Nous imaginons bien que d’autres l’ont contemplée et aimée avant nous, puisqu’elle domine Paris depuis plus de 800 ans. Mais voir, sur cette miniature, ces fidèles en prière tout près d’elle, comme nous le faisons maintenant, cinq siècles après eux, nous émeut particulièrement.
La main de Dieu
Les yeux et les mains levés vers le ciel, ramassés en un groupe compact, cherchant le réconfort de la prière commune, « cherchez dans l’Esprit votre plénitude » (Eph 5, 18), ils implorent et reçoivent le don précieux qui vient du Ciel : l’Esprit saint, représenté par la main de Dieu. Dieu ne se laisse pas voir : seule cette étonnante main d’or semble sortir du ciel comme de l’onde, d’un lac qui serait inversé.
Sur moi, il n’a aucun pouvoir
Cette main, tout autant qu’elle répond à la prière des fidèles, chasse les démons. Affolés, ils s’éloignent, ou plutôt s’enfuient, tout en se retournant vers celui qu’ils craignent plus que tout, car « leur supplice durera jour et nuit, pour les siècles des siècles » (Ap 20, 10), et vers la place qu’ils ont dû quitter. Le prince de ce monde le sait bien, la partie est perdue : « Sur moi, il n’a aucun pouvoir » dit Jésus (Jn 14, 30). Le ciel s’en trouve libéré, les démons chassés à droite et à gauche du tableau en un mouvement de panique. Cette présence du mal, sur une terre pourtant chrétienne, ne peut être chassée que par la prière. « Mais si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, c’est donc que le royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Mt 12, 28). Et Dieu retrouve sa place centrale.
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La ville médiévale
La ville médiévale est minutieusement représentée. On reconnaît en particulier le clocher de la Sainte-Chapelle. Le pont Saint-Michel, reconstruit à plusieurs reprises, traverse la Seine, reliant l’île de la Cité à la rive gauche. Il repose sur des arches de pierre, des bâtiments le recouvrent sur toute sa longueur, comme c’était habituellement le cas à l’époque en ville.
Sur un fond rouge, des lettres d’or reprennent les premiers mots de l’office des vêpres : Deus in adiutorium meum intende domine ad adiu (…vandum me festina pour compléter la phrase, dont quelques lettres ont été omises) », un appel au seul qui puisse sauver du mal, « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, viens vite à mon secours ».
Ce feuillet provient du Livre d’Heures, peint vers 1460, d’Étienne Chevalier, trésorier du roi Charles VII. À l’origine, le livre comportait probablement 190 feuillets de parchemin, dispersés au cours des siècles. Le musée Condé de Chantilly en conserve quarante. Fouquet est parmi les premiers à peindre des enluminures couvrant la totalité d’une page, en un véritable tableau, et non plus seulement pour illustrer une lettrine ou quelques lignes d’un texte.