“Le Petit Chaperon Rouge”, “La Belle au Bois Dormant”, “La Légende de saint Georges”… Si ces contes ont bercé l’enfance de nombreuses personnes, ce ne sera pas le cas de certains enfants espagnols. La commission en charge de réviser le catalogue de la bibliothèque de l’école Taber, à Barcelone, jugeant quelque 200 titres « toxiques » parce qu’ils reproduisent des schémas sexistes, a décidé de les retirer des étagères d’une école maternelle de Barcelone.
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Un tiers du catalogue. C’est le pourcentage de livres censurés par l’école Taber, une école maternelle barcelonaise, créant une polémique relatée récemment dans le journal El Pais. La raison ? S’adapter aux nouveaux codes de la société et casser les stéréotypes de genre. Pourquoi les hommes auraient-ils le monopole du courage et les femmes celui de la faiblesse ? Anna Tutzó, mère de famille et membre de la commission chargée de réviser le catalogue de l’école Taber, a ainsi déclaré au quotidien espagnol : « La société évolue et est plus sensible à la question du genre, mais cela ne se voit pas dans les histoires. Même dans les situations de violence, même s’il s’agit de petites farces, c’est le garçon qui s’en prend à la fille. Cela donne un message traduisant qui peut exercer la violence et contre qui. »
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Résultat, sous prétexte d’égalité entre les sexes, on brûle les contes de Perrault ou de Grimm, au profit de nouveautés dans lesquelles les stéréotypes sont effectivement bouleversés : ce n’est plus saint Georges, saint patron de la Catalogne, qui combat le dragon pour sauver la princesse mais une certaine Santa Jordina ! Apparaissent sur le marché espagnol des titres tels que Santa Jordina (Inés Macpherson, Éditions La Galera) ou La révolta de Santa Jordina (Lyona et David Fernàndez, Éditions d’Amsterdam), dans lesquels non seulement l’héroïne est une jeune fille, mais aussi où le dragon ne meurt pas. Antispécisme oblige.
Traînée de poudre
Une préoccupation qui se répand dans de nombreuses écoles de Barcelone. L’école Montseny a elle aussi annoncé qu’elle allait retirer les ouvrages qu’elle considère comme sexistes. Quant à l’école de Fort Pienc, l’association de parents d’élèves a créé sa propre commission sur l’égalité des sexes, chargée, entre autres, d’examiner de près le contenu des livres. « Le type de livres que les enfants lisent est très important car les livres traditionnels reproduisent les stéréotypes de genre et il est bon de disposer de livres rompant avec eux », a expliqué au média espagnol Estel Crusellas, présidente de l’association.
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Autodafé ?
« Une civilisation qui commence à trier ses livres, quels qu’en soit les motifs, est en phase régressive », alerte dans le Figaro Olivier Babeau, professeur d’université et président de l’Institut Sapiens. Selon lui, une telle décision procède d’une méconnaissance du rôle des contes. Et de citer Bruno Bettelheim, qui, dans son livre Psychanalyse des contes de fées, avait montré combien les contes ont une utilité profonde dans la formation des jeunes esprits : ils montrent, chacun à leur manière, les difficultés auxquelles les enfants seront confrontés dans l’existence, et la façon dont il est possible de les surmonter. En outre, censurer la littérature, c’est revenir à un système de pensée unique, telle qu’il a été conçu dans les régimes communistes ou nazis. « N’autoriser que des textes qui sont des catéchismes de la morale du jour revient ni plus ni moins qu’à réactiver le projet de contrôle de la pensée », souligne Olivier Babeau. Reste à espérer que ce vent de folie ne passe pas les frontières.
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