La Constitution apostolique “Praedicate Evangelium” sur la réforme de la Curie romaine devrait être publiée pour la solennité de saint Pierre et saint Paul (le 29 juin). En voici les grandes lignes prévisibles, présentées par le Fr. Thomas Michelet, professeur de théologie à l’université pontificale Saint-Thomas-d’Aquin (Angelicum).
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Actuellement étudiée par les conférences épiscopales nationales pour avis, la constitution Praedicate evangelium reprend les travaux du Conseil des cardinaux (C6), dont le pape François s’est entouré pour l’épauler dans la définition d’une réforme de la Curie romaine. Selon le journal espagnol Vida Nueva, cette promulgation pourrait intervenir dès le 29 juin, jour de la fête des saints Pierre et Paul. En attendant de se faire une idée précise du contenu réel de cette réforme encore en cours d’élaboration, il est possible d’en dégager sept principales orientations, ainsi qu’il ressort des articles parus dans la presse internationale.
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Un super dicastère pour l’Évangélisation
Cette réforme porterait d’abord sur la création d’un nouveau super dicastère pour l’Évangélisation, fusion de la congrégation pour l’Évangélisation des peuples (la vénérable Propaganda fidei) et du Conseil pour la nouvelle évangélisation (lesquels avaient déjà commencé à se rapprocher, les pays anciennement chrétiens étant devenus en fait des pays de mission, tandis que les anciens pays de mission deviennent des Églises adultes). Ceci afin de manifester que l’essence et la finalité première de l’Église est d’être d’abord missionnaire, quel que soit le lieu de la mission, comme le soulignait Evangelii Gaudium (2013).
Deuxième point, la Congrégation pour la doctrine de la foi (la Suprema) perdrait sa suprématie et passerait après l’Évangélisation (voire après un autre nouveau dicastère pour la Charité).
Mise en œuvre de la synodalité
Troisième point, les dicastères ne seront plus considérés comme une bureaucratie au service du pape et au-dessus des évêques, mais comme un instrument au service du pape et du collège des évêques (mise en œuvre de la synodalité). Ainsi, les chefs de dicastères ne seront plus considérés comme supérieurs aux évêques locaux, mais au même niveau hiérarchique.
Ensuite, la différence entre « congrégations » et « conseils » disparaîtrait, au profit de terme génériques de « dicastères ». Ceux-ci ne seront plus nécessairement dirigés par des clercs (actuellement, seul le dicastère pour la communication est dirigé par un laïc) sauf lorsqu’ils ont un pouvoir hiérarchique sur les évêques et les prêtres. Le principe fondamental est aussi de manifester davantage l’importance des laïcs dans l’Église.
Moins de dicastères
Cinquième point, le nombre de dicastères devrait diminuer. Ainsi, la Congrégation pour l’éducation catholique devrait fusionner avec le Conseil pontifical pour la culture (qui était aussi chargé du dialogue avec les non-croyants).
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Sixième point, le Conseil pontifical pour la protection des mineurs deviendrait un dicastère à part entière, afin de lui donner un statut légal et une autorité plus grande qui lui faisait défaut. On ne sait pas encore comment les compétences seront réparties avec la Congrégation pour la doctrine de la foi qui traitait jusque-là les cas d’abus.
Enfin, le Secrétariat à l’économie, dirigé jusque-là par le cardinal Pell, pourrait être rétrogradé, la lutte contre le blanchiment d’argent ne paraît plus être une priorité (sans doute parce que les finances sont désormais assainies et transparentes…).