Bâtir ou rebâtir une église est une œuvre de charité : c’est permettre l’ouverture des cœurs à la générosité en faveur des plus pauvres et servir la capacité de tous à aimer, connaître et servir Dieu.Suite à l’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris et qui a suscité au niveau mondial un élan de générosité rarement vu, une polémique dont les Français ont le génie a germé sur les réseaux sociaux et dans la presse pour opposer deux réalités qui en fait se répondent. On parle d’un côté de pierres vivantes et de l’autre, de pierres de construction. Les secondes ayant récolté un milliard d’euros en deux jours là où les premières seraient abandonnées à leur misère. Mettre en parallèle un amas de pierres effondrées et un SDF est peut-être médiatiquement fort mais n’est pas moralement juste.
L’action de l’Église de Paris en faveur des pauvres
Je veux rappeler tout d’abord la somme des projets engagés par le diocèse de Paris en faveur des pauvres, à hauteur de vingt millions d’euros dans les prochaines années, pour l’accueil, le soin, la réinsertion, le logement, l’éducation. Cela ne fait pas la une des médias mais c’est un souci constant de notre Église. Ce souci est porté et financé par des mécènes, fidèles, discrets et efficaces. Ce sont des actions au long cours qui font nombre avec tout ce que les paroisses font quotidiennement au service des personnes en difficultés, financé par la générosité et réalisé par le bénévolat de nombreux chrétiens. Cela ne fait pas la une des médias mondiaux mais cette fidélité dans le temps est plus utile que des coups médiatiques.
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Ensuite je veux rappeler que la dignité de l’homme ne se limite pas à sa vie et son bien-être physique. Sa dimension spirituelle et les moyens de sa vie spirituelle font partie du service de sa dignité. Bâtir une église n’est pas mépriser les pauvres : c’est servir un des éléments de la dignité humaine qui est sa capacité à connaître et servir Dieu. C’est aussi permettre à tous ceux qui fréquenteront cette église de prendre conscience que le service du Corps du Christ passe obligatoirement par le service du petit et du pauvre qui est l’image du Christ dans notre monde et multiplier ces actions caritatives à travers chaque croyant qui prendra sa part de service.
Les œuvres de miséricorde de la chair et de l’esprit
Il y a d’un côté les sept œuvres de miséricorde corporelle : donner à manger aux affamés ; donner à boire à ceux qui ont soif ; vêtir ceux qui sont nus ; accueillir les étrangers ; assister les malades ; visiter les prisonniers et ensevelir les morts. De l’autre, il il y a les sept œuvres de miséricorde spirituelle : conseiller ceux qui sont dans le doute ; enseigner les ignorants ; avertir les pécheurs ; consoler les affligés ; pardonner les offenses ; supporter patiemment le prochain et prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Au service de la dignité de l’homme
C’est dans la prière, la fidélité au Christ, la réception des sacrements et la vie communautaire que nous puisons comme chrétiens individuellement et collectivement la force du Saint Esprit pour réaliser chaque jour ces œuvres de miséricorde, avec fidélité et pas uniquement par un don en ligne.
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Si on relève Notre-Dame uniquement comme un lieu touristique, alors oui, un milliard, c’est un milliard de trop. Si on relève Notre-Dame pour rappeler l’urgence de servir la dignité humaine, corporelle, intellectuelle, artistique et spirituelle de l’homme, alors ce n’est pas encore assez. N’opposons pas les causes, unissons-les pour servir, nourrir, redresser l’Homme, tout l’Homme.