Réalisé pour le couvent des capucins de Lille, ce tableau est aujourd’hui conservé au palais des Beaux-Arts de Lille. Il invite à contempler le mystère de la Passion et à méditer, à travers les personnages demeurés au pied de la croix, sur notre propre présence auprès du Christ souffrant.
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Jésus est mort. Pour respecter le repos prescrit, il fallait que le corps soit descendu de croix avant la nuit. « Déjà brillaient les lumières du sabbat » rapporte saint Luc (23, 54). L’atmosphère est sombre en effet, laissant déjà dans l’ombre certains personnages, et le décor, réduit à rien. Une lumière crue, comme artificielle, éclaire la partie centrale du tableau. Autour de la diagonale formée par Jésus et son linceul, la composition est très ramassée.
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Le linceul ne cache rien des souffrances subies
« Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix » (Lc 23, 52). Joseph d’Arimathie, disciple de Jésus, est là, alors que presque tous ceux qui suivaient le messie ont disparu. Nicodème aussi est présent. Les deux hommes, montés sur des échelles et aidés d’un serviteur, descendent le corps. Le linceul dans lequel ils le retiennent, d’un blanc nacré tâché de sang, ne cache rien des souffrances subies : la plaie au côté, les traces des clous, le teint livide. La couleur presque bleue du supplicié tranche avec les couleurs lumineuses des vêtements que portent les participants à la scène.
Les femmes aussi sont présentes, éplorées, elles qui n’ont jamais abandonné Jésus. La Vierge Marie, Marie-Cléophas et Marie-Madeleine sont au pied de la croix, groupe compact qui reçoit, accueille et embrasse celui en qui elles continuent de croire.
Les visages sont loin d’être idéalisés
Au premier plan, les clous, la couronne d’épines la bassine de cuivre et le périzonium tâché de sang, en une triste nature morte, rappellent au spectateur les instruments qui ont valu une telle accumulation d’épreuves au Christ.
Rubens, loin de figer la scène dans la désolation de l’instant, réussit à lui conférer une incroyable énergie. Saint Jean, vêtu de rouge et vert, que nous voyons de dos, avance avec vigueur sa jambe contre l’échelle pour retenir le corps du crucifié, qu’il reçoit avec force et douceur. Sous le poids, son effort est visible. Les visages sont loin d’être idéalisés. Une vieille femme, légèrement en retrait, signifie, d’un mouvement des mains, à la fois sa surprise et sa compassion devant la mort de son Sauveur.
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Un infini respect
« Comme le sabbat des Juifs allait commencer, et que ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19, 42). Les disciples accomplissent ainsi un dernier geste, d’un infini respect, pour le corps de Jésus, vrai Dieu, mais aussi vrai homme.
« Tout est accompli » (Jn 19, 30). Dernier geste. Dans l’attente de la Résurrection.