Si les Reliques, le Saint-Sacrement, les œuvres d’art et la structure même de la cathédrale ont été sauvés dans la nuit de lundi à mardi, c’est grâce aux efforts conjoints de quelque 600 soldats du feu qui ont lutté contre les flammes pendant 15 heures. Portraits et récits de ces héros, dont le courage, l’abnégation et l’humilité forcent une immense admiration.
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“Sauver ou périr”, c’est leur devise. Lundi soir, ils ont sauvé. Dans la lutte acharnée contre le feu qui a embrasé la toiture de Notre-Dame lundi 15 avril, les pompiers étaient sur tous les fronts. Une équipe intervenait au sol, à l’intérieur de la cathédrale, pour évacuer les œuvres d’art. Dans les tours, une autre évoluait dans les escaliers en colimaçon pour aller au plus près des flammes, au péril de leur vie. Enfin, aux abords extérieurs de la cathédrale, d’autres pompiers tentaient d’arrêter la propagation du feu, juchés sur des bras mécaniques à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Zoom sur ces héros de l’ombre et du feu, sans qui les deux tours de Notre-Dame ne seraient plus.
Père Jean-Marc Fournier, aumônier des sapeurs-pompiers de Paris
Il a pénétré avec les pompiers à l’intérieur de Notre-Dame en feu afin de sauver les Reliques de la Passion, ainsi que le Saint-Sacrement. Il a pris le temps, « acte de foi » expliquera-t-il plus tard, de bénir la cathédrale, avant de mettre les hosties consacrées à l’abri dans la sacristie.
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« Tout de suite en arrivant, deux choses me semblent essentielles à accomplir. La première, sauver ce trésor inestimable qu’est la Couronne d’épines, et ensuite Jésus présent dans le Saint-Sacrement », explique-t-il à KTO. Alors que la flèche s’est déjà effondrée et que la voûte au-dessus de la nef menace de céder, le père Jean-Marc Fournier et son équipe longent les murs de la cathédrale dont la toiture s’embrase à grande vitesse. « Il y a deux brasiers ardents au sol. Un devant l’autel principal. Un autre devant le Maître-autel, dans le chœur des chanoines. Il y a des pluies de feu qui ne cessent de tomber du toit », raconte-t-il à Famille Chrétienne. Cependant, il demeure imperturbable et demande au sacristain où se trouve la Présence Réelle. Elle demeure à deux endroits : sur l’autel des Chanoines, absolument inatteignable en raison des poutres qui brûlent à cet endroit, et sur celui de saint Georges. Là, « nous trouvons les clés. Je récupère Jésus. Et je bénis avec le Saint-Sacrement la cathédrale. C’est un acte de foi. Je demande à Jésus — que je crois réellement présent dans ces hosties — de combattre les flammes et de préserver l’édifice dédié à sa mère », confie l’aumônier, également membre du Saint-Sépulcre. « Le Saint-Sacrement, c’est Notre Seigneur présent réellement avec son corps, son âme, sa divinité, son humanité, alors il est un peu délicat de voir quelqu’un qu’on aime périr dans les flammes. (…) Voilà pourquoi je désirais préserver absolument la Présence Réelle de Notre Seigneur Jésus Christ ».
Miryam Chudzinski, caporal-chef des pompiers de Paris
Elle fait partie de la première unité à se rendre sur place, moins de dix minutes après le signalement. Son équipe, chargée d’un matériel lourd, s’engage dans un escalier en colimaçon, et gravit ainsi à l’étroit, dans la chaleur et l’obscurité, plusieurs dizaines de mètres jusqu’à un balcon. De là, elle voit les flammes immenses, dont l’ampleur l’oblige finalement à reculer. Concentrés sur leur mission, ils décident d’attaquer le feu par en-bas. Le combat reprend, acharné. Mais quelques minutes plus tard, d’énormes blocs de pierre s’effondrent, les forçant à évacuer. Elle ne réalise qu’après les risques qu’elle a encourus, tellement sa concentration était forte. « On est tout petit, par rapport à tout ça », confiera-t-elle plus tard, sans cacher sa « grande fierté d’avoir fait ce feu ».
Elle faisait partie de la première unité à intervenir sur l'incendie de Notre-Dame.
Myriam, caporal-chef des @PompiersParis, raconte comment ça s'est passé. De l'intérieur. pic.twitter.com/3IqcYQy2gM— Brut FR (@brutofficiel) April 17, 2019
Philippe Demay, adjudant-chef
Primo intervenant également, l’adjudant-chef Philippe Demay affirme que le sauvetage complexe et périlleux de la cathédrale a été « l’intervention majeure » qu’il a rencontrée dans son métier. Il était dans les escaliers d’une des tours de Notre-Dame, cherchant à atteindre le dernier étage afin de mettre en place les lances pour arroser au maximum et stopper la propagation des flammes. Or, le matériel était lourd, les marches glissantes, l’air suffocant. Des conditions difficiles, qui ne l’ont pas arrêté pour autant : « Si on n’avait pas été aussi rapides, les deux tours seraient tombées, c’est une certitude », a-t-il déclaré lors du point presse mercredi 17 avril.
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Colossus, le robot télécommandé
Il n’est pas un homme, mais on lui doit également une fière chandelle. Engin ultra-sophistiqué, piloté par télécommande, il prend le relais des sapeurs-pompiers lorsque la situation est jugée trop dangereuse. C’est ainsi que lundi soir, raccordé à une lance à incendie, il a permis de lutter contre les flammes et de faire baisser la température à l’intérieur de la nef.