La réponse du président de la République à la crise des Gilets jaunes a trouvé une réplique inattendue dans la tragédie de Notre-Dame de Paris : l’Union sacrée autour d’un immense projet qui nous dépasse et qui donne du sens à nos vies.Notre-Dame en feu. Estomaqué, le monde entier a assisté au ravage d’un des plus importants monuments de France et du monde. Beaucoup ont pleuré en ce soir du Lundi saint. La Semaine sainte a commencé dans une vallée de larmes comme un prélude au Vendredi saint. Au chevet de la Dame de cœur, la France et aussi le monde s’étaient rassemblés. Ceux qui croyaient au Ciel et ceux qui n’y croyaient pas communiaient dans la peine. Les croyants ont beaucoup prié, les non-croyants les ont soutenus et des agnostiques célèbres ont lancé à Marie un cri désespéré, plein d’un amour où se cache une foi inconsciente. L’Union sacrée était de retour, rassemblée sur l’île de la Cité qui n’a jamais aussi bien portée son nom.
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Fiers de notre héritage
Ce soir-là, le président de la République devait s’adresser à la nation pour présenter les conclusions du grand débat national. Ce devait-être une ultime adresse concluant le processus de consultation mis en œuvre pour répondre à la crise des Gilets jaunes qui a divisé le pays. Une adresse pour tenter de restaurer la confiance et l’unité.
L’adresse n’a pas eu lieu en raison de l’incendie. Mais le Président est venu sur les lieux et, aux côtés de Mgr Aupetit, du Premier ministre, du maire de Paris Anne Hidalgo et d’autres personnalités, il a donné un bref discours sans note. Les mots du chef de l’État rendaient hommage à Notre-Dame, à sa place dans notre culture, comme épicentre de la France. Mais surtout, il a annoncé avec émotion et détermination le projet de reconstruire Notre-Dame : « Ce soir, je veux avoir un mot d’espérance pour nous tous, a-t-il lancé. Cette espérance, c’est la fierté que nous devons avoir. Fierté de tous ceux qui se sont battus pour que le pire n’advienne pas : ces soldats du feu. Fierté parce que cette cathédrale, il y a plus de 800 ans, nous avons su l’édifier. Et à travers les siècles, la faire grandir et l’améliorer. Alors je vous le dis très solennellement ce soir : cette cathédrale, nous la rebâtirons tous ensemble. Et c’est sans doute une part du destin Français. »
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Un projet commun
Involontairement, mystérieusement, Emmanuel Macron a délivré ici la réponse à la crise de notre pays : nous rassembler tous ensemble autour d’un immense projet qui nous dépasse et qui donne du sens à nos vies. Bâtir une cathédrale ! Une œuvre de longue haleine que nous avons mis cent-sept ans à construire et que nous mettrons beaucoup de temps à rebâtir. Un chantier qui mobilise plusieurs générations qui se transmettent le relais. Une œuvre qui nous élève, nous rend fiers et nous rassemble dans un destin commun. Dans la France divisée par l’individualisme qu’a révélé la crise des Gilets Jaunes, la réponse ne peut-être qu’un immense projet rassemblant tout le monde sur plusieurs générations. À l’individualisme, nous répondons par le destin commun ; au consumérisme, nous répondons par le don, la souscription ; au matérialisme, nous répondons par l’aventure spirituelle de la foi et de l’art ; à la post-modernité nous répondons par l’esprit des cathédrales, celui qui habitait nos ancêtres qui ont bâti la France, un esprit de transmission, de travail de longue durée, de patience, de beauté, d’espérance et de foi dans ce qui ne passe pas.
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La Cité nouvelle
Notre-Dame en feu, c’est la Cité qui brûle et c’est la nation réunie qui éteint les flammes par le courage de ses pompiers, et qui la reconstruit par la générosité de tous. La Cité nouvelle s’est donnée rendez-vous sur l’île de la Cité, soyons présents ! Soyons présents pour rebâtir la cathédrale Notre-Dame, mais aussi pour rebâtir la cathédrale de la justice sociale, de l’état de droit, de la paix, de la protection de la vie et pour rebâtir la Forêt : pas seulement celle du toit de Notre-Dame, mais pour toutes celles qui sont menacées par la crise écologique, pour toute la biodiversité qui s’y trouve, pour ces cathédrales naturelles que sont tous les écosystèmes.
La Passion de Notre-Dame est peut-être l’annonce de la résurrection de l’esprit des cathédrales. C’est notre espérance en cette Semaine sainte que nous n’oublierons jamais.