Alors que les flammes ravageaient la cathédrale Notre-Dame de Paris ce lundi 15 avril en fin de journée, Parisiens, badauds et touristes se sont arrêtés de part et d’autre de l’île de la Cité, abasourdis par un tel spectacle. « C’est beaucoup plus qu’un monument qui brûle », confie un jeune homme à Aleteia. « C’est Notre-Dame, c’est le cœur de Paris ». Témoignages.
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Ce sont des visages abasourdis, incrédules et sidérés dont les yeux sont rivés sur l’île de la Cité. En face d’eux, le spectacle est irréel. Quelques minutes auparavant, un peu avant 20h, la flèche de Notre-Dame de Paris, culminant à 93 mètres de haut, s’est effondrée sur elle-même. Alors que les flammes continuent de dévorer la charpente du XIIIe siècle, si joliment appelée « la forêt », les yeux s’embuent et les regards se figent. « C’est dur de regarder Notre-Dame brûler ainsi sans pouvoir rien faire », confie Véronique F., la cinquantaine et parisienne depuis plus de vingt ans. « Il a fallu tellement de travail pour l’élever et la voir réduire en cendre en si peu de temps… C’est terrible ». Depuis vingt minutes, elle n’a pu détacher son regard de l’édifice. C’est à demi-mot qu’elle raconte ‘son’ histoire avec Notre-Dame, sa dame. « J’y étais allée petite avec mes parents et j’y suis retournée moi-même avec les miens. Je comptais profiter de la venue de mes petits-enfants à la Pentecôte pour leur faire découvrir, à leur tour, ce joyau… ».
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Un peu plus loin deux étudiants alternent la prise de vidéo avec leur téléphone et l’envoi des fichiers à leurs contacts. « J’ai besoin de filmer pour leur faire comprendre ce que nous vivons », raconte Julie, 20 ans et habitant le XIVe arrondissement depuis deux ans. « C’est tellement surréaliste que j’ai du mal à le croire, à l’accepter ». « C’est tellement plus qu’un simple monument qui brûle », souligne de son côté Karim N., 21 ans. « C’est Notre-Dame, c’est le cœur de Paris. Pour moi il y aura clairement un avant et un après », se désole-t-il.
À quelques mètres de là, c’est un fils qui tente de rassurer son père, lyonnais de passage dans la capitale. « On va mettre des années à la reconstruire et encore, va-t-on y arriver ? », s’interroge-t-il. Ingénieur, son fils Matthieu se veut optimiste. « Nous ne savons pas encore l’ampleur des dégâts et puis, avec les technologies dont on dispose, cela peut aller vite », tente-t-il de rassurer.
« On la croyait immortelle, recouvrant les passants de son ombre pour l’éternité », constate avec tristesse Claire V. jeune mère de famille. « Elle ne sera plus jamais cathédrale décrite avec panache par Victor Hugo. Ce soir c’est mon cœur de Parisienne, de Française mais surtout de croyante qui saigne », reprend-t-elle les larmes aux yeux.
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Les cheveux poivre et sel, appuyé contre un réverbère un peu à l’écart de la foule, Antoine G. contemple la scène. « C’est un trésor inestimable que nous sommes en train de perdre », constate-t-il. Catholique pratiquant, il ne peut s’empêcher de s’interroger : « En ce premier jour de la Semaine sainte, cette flèche qui s’écroule sur elle-même m’interpelle et me fait penser à la situation que nous traversons aujourd’hui, au sein de l’Eglise catholique mais aussi dans la société. D’une certaine manière, je trouve qu’elle interroge les Français sur leur foi, l’Europe sur ses racines chrétiennes et l’Église catholique sur sa rectitude ». Meurtri oui, mais pas désespéré. « Voir tous ces gens rassemblés et émus par ce qui est en train de se passer en dépit de leurs convictions religieuses me laisse espérer que le combat n’est pas perdu », assure-t-il.
Sur le pont de l’Archevêché, un jeune homme, Jean R., consultant, est en pleine conversation avec ses voisins. D’une voix douce mais ferme, il discute, échange, rassure et interpelle. « Peut-être que voir Notre-Dame de Paris brûlée va réveiller quelque chose dans le cœur des Français », souligne-t-il. « Elle était là, symbole de Paris, depuis huit siècles. Et je suis convaincu qu’elle renaîtra, encore plus resplendissante », assure-t-il. « Il faut parfois que des symboles soient abîmés pour que chacun se rendent compte de sa valeur et de son attachement ».