C’est un magnifique texte qu’a envoyé le père Guillaume de Menthière à ses amis prêtres et fidèles et qui résume peut-être bien l’état d’esprit de tous les catholiques de France ce matin.
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Le Père Guillaume de Menthière est prêtre du diocèse de Paris, ordonné à Notre Dame de Paris en 1991. Professeur aux Bernardins et auteur de nombreux ouvrages, il prêchait cette année les conférences de Carême dans le coeur même de Notre Dame de Paris. Il était donc sur place la veille du drame et relate dans ce texte, écrit au beau milieu de la nuit, son sentiment après le choc initial.
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Écrit aux aurores, il a envoyé ce texte par mail à ses nombreux amis prêtres et fidèles, dont certains, émus par les mots justes, le partagent à présent sur les réseaux sociaux. Car, comme tous les Français rivés toute la soirée derrière leurs écrans devant ces images insensées, le Père de Menthière a pu écouter de très beaux témoignages tout au long de la nuit, et qui l’ont inspiré.
Nuit de feu
Cette nuit n’était pas faite pour dormir. A la vue de Notre-Dame en flammes, l’émotion était trop forte, la tristesse trop intense, la prière trop nécessaire. Et dire que j’étais encore la veille prêchant sous ces voûtes millénaires où je fus ordonné il y a bientôt trente ans ! Je ne puis vous exprimer la peine qui me gagne à la pensée de cet écrin de tant de nos souvenirs heureux disparu en fumée…
Vous avouerais-je pourtant qu’à la consternation a très vite fait place en moi une sorte de reconnaissance subjuguée ? Des propos que j’avais toujours désiré entendre ont semblé jaillir comme par miracle de ce funeste évènement. Au cours de ces heures angoissées, il m’a semblé, en effet, sentir le vieux coq Gaulois se réveiller de sa torpeur.
Que de magnifiques paroles unanimes les médias n’ont-ils pas relayées de manière persistante et ininterrompue ! De la part de touristes, de badauds, de journalistes, d’hommes politiques, d’ecclésiastiques, d’esthètes, de pompiers,… Des gens de tous âges, de toutes conditions, de toutes origines et de toutes croyances… Une mystérieuse communion semblait régner enfin sur ce peuple de France dont les mois écoulés avaient si tristement montré au monde le morcellement et les fractures. Cette unité qu’un message présidentiel, prévu le même soir, n’aurait probablement pas réussi à renouer, Notre-Dame, la Vierge Sainte, l’accomplissait sous nos yeux éberlués. Et si c’était encore une fois l’intervention surnaturelle de la Mère de Dieu qui redonnait à notre cher et vieux pays l’élan de l’espérance ?
Bien sûr restent l’infinie douleur de voir ces ruines désolées, l’irréparable perte de tant d’œuvres d’art, et l’abattement devant la tâche colossale de la reconstruction. Pourtant en cette Semaine Sainte qui débouche sur la victoire de Pâques, les chrétiens aiment à se redire que de tout mal, Dieu peut faire sortir un bien. De quel relèvement ce désastre est-il la promesse et l’amorce ? Ces pierres dont le Seigneur nous disaient hier encore qu’elles crieraient, ne les entendons-nous pas, encore fumantes, appeler au sursaut et à la foi ?
Père Guillaume de Menthière+
Combien de pépites ont été prononcés en cette soirée médiatique ? De la part de badauds, de catholiques, de touristes, de journalistes présents sur place, ce sont des paroles magnifiques qui sont sorties de la bouche des citoyens de France et du monde. Or qui peut aujourd’hui être capable d’unir l’humanité entière dans un mouvement de recueillement et d’unité à part la Vierge Marie ?
Notre Dame est bel et bien l’âme de la France, et elle lui redonne l’élan d’espérance qui faisait défaut ces derniers temps.