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La flèche de Notre-Dame de Paris, une histoire mouvementée

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Caroline Becker - publié le 16/04/19
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On croit souvent qu’elle a toujours dominé fièrement la cathédrale Notre-Dame depuis sa construction. Et pourtant la flèche de la cathédrale de Paris a été édifiée au XIXe siècle par Viollet-le-Duc.

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La flèche, détruite le 15 avril par un violent incendie, a été édifiée seulement en 1859 par l’architecte Viollet-le-Duc et avait soulevé de nombreuses controverses à l’époque. La première, édifiée au XIIIe siècle, avait été démontée à la fin du XVIIIe siècle. Par chance, le coq qui dominait la flèche a été sauvé, les reliques qu’il contenait également.

Viollet-le-Duc, un architecte controversé

Il suffit de mentionner le nom de Viollet-le-Duc pour que viennent à l’esprit les images du Mont Saint-Michel, de la cité de Carcassonne ou encore du château de Pierrefonds. Architecte le plus célèbre du XIXe siècle, Viollet-le-Duc a toujours été un personnage clivant, adoré ou détesté, ces restaurations de monuments historiques n’ayant pas toujours fait l’unanimité. Parmi ses réalisations les plus célèbres, Notre-Dame de Paris reste l’une des plus controversées.

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© P Deliss / Godong

Flèche de Notre-Dame de Paris construite en 1859 par Viollet-le-Duc.

L’architecture médiévale revient à la mode

Grâce à la redécouverte du gothique au XIXe siècle, impulsée par les romantiques, Napoléon III lance la restauration de grands monuments gothiques dont l’entretien n’était, jusqu’alors, pas une priorité. Eugène Viollet-le-Duc, architecte réputé et passionné par le médiéval, est à la tête de ce programme. À Paris, il œuvre à la restauration de la cathédrale. La façade ouest est reprise, les arcs-boutants sont rénovés et les chimères des tours sont changées. Notre-Dame de Paris aurait pu s’arrêter là mais, dans une désir de rendre à la cathédrale sa flèche initiale, l’architecte décide de se lancer dans sa reconstruction.


Notre Dame
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Car depuis 1792, les Parisiens avaient pris l’habitude d’admirer Notre-Dame sans sa flèche après plus de cinq siècles d’existence. Construite au XIIIe siècle, elle avait l’allure d’un véritable clocher et comportait, à la fin du XVIIIe siècle, cinq cloches. Très dégradée, elle fut démontée entre 1786 et 1792. Aujourd’hui son souvenir reste gravé dans des enluminures célèbres, notamment dans les Très Riches Heures du duc de Berry sur la planche illustrant La rencontre des rois mages.

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© Photo. R.M.N. / R.-G. Ojda – Wikimedia commons

La rencontre des rois mages, Les Très Belles Heures du duc de Berry.

S’éloignant fondamentalement de la flèche du XIIIe, Viollet-le-Duc décide de la réaliser dans un style néo-gothique mais sans cloches. Il s’inspire alors de celle de la cathédrale d’Orléans construite au début XIXe siècle. À Paris, la polémique enfle et on reproche à l’architecte de n’en faire qu’à sa tête. On l’accuse de trahir le travail de ses prédécesseurs en imposant son propre style. “Restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné”, écrivait-il dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868.

Un travail titanesque

Les travaux de la flèche sont absolument considérables. Culminant à 93 mètres de hauteur, la structure est double : la première, faite de bois, est recouverte d’un manteau de plomb de plusieurs centaines de tonnes afin d’éviter que celle-ci ne soit abîmée par la pluie. Les gargouilles chargées d’évacuer l’eau de pluie sont également habillées de plomb. Tout autour, des statues monumentales des douze apôtres accompagnées du tétramorphe sont disposées en quatre rangées. En cuivre, elles sont l’œuvre du sculpteur Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume qui a également réalisé la sculpture du Beau-Dieu au trumeau du grand portail du Jugement Dernier. Par chance, celles-ci ont été déposées au sol quatre jours avant l’incendie en vue d’être restaurées. Ces statues sont aujourd’hui les seuls éléments subsistants de la flèche. Parmi les apôtres, saint Thomas, patron des architectes, est le seul à se tourner vers la flèche et ressemble trait pour trait à Viollet-le-Duc. Ce dernier se serait-il représenté contemplant son œuvre ?

Tout en haut, dominant la flèche, un coq. Celui-ci contenait trois reliques : des fragments de la Sainte Couronne d’épines, une relique de saint Denis et de sainte Geneviève, patrons de la ville de Paris. Ces reliques — installées par le cardinal Verdier, archevêque de Paris, au moment de la dernière grande restauration de la flèche, le 25 octobre 1935 — constituaient un véritable “paratonnerre spirituel”. Depuis cette date, elles n’ont pas bougé de leur emplacement.



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