Aujourd’hui, tout le monde connaît les effets potentiellement dévastateurs du smartphone sur les enfants. Pourtant, la quasi-totalité des ados en possède un. Où est donc la faille ? La pression sociale semble tellement forte, qu’elle balaie le désir de protéger ses enfants. Qu’à cela ne tienne ! Alors pourquoi ne pas tenter d’affaiblir cette injonction à faire comme tout le monde en se concertant entre parents pour ensemble dire non au smartphone ?
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Les enfants réclament des smartphones de plus en plus tôt sous prétexte que « tout le monde en a un ». Parallèlement, médecins, psychologues, psychiatres, s’accordent à dire que la surexposition aux écrans est nocive : troubles de l’attention, troubles du sommeil, perte de vie sociale, isolement… Les responsables politiques ont interdit le téléphone dans les écoles et les collèges à la rentrée 2018. Les parents sont informés des risques d’addiction, de cyberharcèlement, d’exposition à la pornographie et à la violence. Et pourtant, comble du comble, les enfants sont de plus en plus équipés, et ce de plus en plus tôt. D’après l’étude « Junior Connect’ » 2018, enquête annuelle réalisée par Ipsos sur la fréquentation média des jeunes de moins de 20 ans, aujourd’hui en France, 84% des 13-19 ans, possèdent un smartphone, et 24% des 7-12 ans.
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Existe-t-il une seule bonne raison pour qu’un enfant possède un smartphone ?
« Tout le monde semble contre, mais beaucoup succombent à la pression sociale », constate Valérie Halfon, conseillère en gestion de budget, dans son ouvrage Tout le monde en a un, sauf moi ! (Albin Michel) pour décrire ce phénomène paradoxal. Comme si les effets potentiellement néfastes du smartphone pesaient peu dans la balance, face à l’injonction de faire comme tout le monde. N’oublions pas que les créateurs de ces technologies modernes sont les premiers à se méfier des conséquences sur leurs propres enfants. Adolescents, les enfants de Steve Jobs n’ont jamais utilisé d’iPad. Bill Gates a attendu que ses enfants aient 14 ans pour leur offrir un smartphone. Ils envoient leur progéniture dans des établissements comme la Waldorf School of the Peninsula, où tablettes et ordinateurs sont proscrits jusqu’à la quatrième. N’est-ce pas le signe que le smartphone n’est pas un objet pour les enfants ?
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Stéphane Blocquaux, docteur en sciences de l’information et de la communication, conférencier, exhorte les parents à s’interroger : « Donnez-moi une seule bonne raison pour qu’un enfant ait un smartphone ? » La majorité des parents soulèvera le besoin de communiquer avec leur enfant, savoir où il est, s’il a un problème, etc. Mesure de sécurité. En ce cas, pourquoi ne pas lui donner un téléphone portable basique, sans connexion à Internet ? L’autre raison invoquée est la peur de l’exclusion. « Les parents cèdent souvent, par crainte de l’exclusion », renchérit Valérie Halfon. Ne pas être présent sur les réseaux sociaux ou dans les parties de jeux en ligne signerait la fin de toute vie sociale digne de ce nom. « Pourtant, il est temps d’arrêter d’avoir peur de la différence. C’est en développant son individualité que notre enfant pourra avoir confiance en lui, pas en suivant aveuglément le troupeau », assure-t-elle.
Vers une mobilisation des parents ?
« Il ne tient qu’à nous de faire évoluer les choses. En effet, si nous sommes nombreux à penser ainsi, si nous sommes des centaines, des milliers de parents à vouloir préserver l’enfance de nos enfants, pourquoi ne pas se concerter en début d’année scolaire et décider ensemble que cette année nos enfants n’auront pas de smartphone », propose Valérie Halfon. C’est ce que font depuis deux ans les Américains. « Wait until 8th » (« pas avant la huitième classe », qui équivaut à la quatrième en France) est une initiative lancée par une mère de famille, Brooke Shannon, convaincue qu’un enfant s’épanouit plus en jouant à l’extérieur, en passant du temps avec sa famille et ses amis et en lisant, qu’en s’abrutissant derrière un smartphone. Les parents s’engagent, en signant une « promesse » numérique, à ne pas donner de smartphone à leur enfant avant 14 ans. L’engagement prend effet lorsque dix autres familles de l’école se sont également inscrites. Ainsi, l’argument « tout le monde en a un » ne tient plus la route, et les parents se serrent les coudes.
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