Dans ce contexte, il est nécessaire de faire référence à un texte important de l’Apocalypse de saint Jean. Le diable y est identifié comme l’accusateur qui accuse nos frères devant Dieu jour et nuit (Ap 12,10). L’Apocalypse reprend là une pensée qui est au centre de la narration du livre de Job (Jb 1 et 2,10 ; 42,7-16). Il y est raconté comment le diable essaie, devant Dieu, de faire passer Job pour un homme qui n’est juste que de l’extérieur. Et l’Apocalypse nous dit précisément la même chose : le diable veut prouver que les hommes justes n’existent pas. Que la vertu des hommes n’est qu’un artifice extérieur. Et que si l’on y regardait de plus près, les masques de vertu auraient tôt fait de tomber. Le récit commence par une dispute entre Dieu et le diable, au cours de laquelle Dieu avait décrit Job comme un homme véritablement juste. Il sera désormais l’exemple permettant de prouver qui a raison. Qu’on lui retire tout ce qu’il possède, et il ne restera rien de sa piété, avance le diable. Dieu lui accorde cette tentative, dont Job ressort vainqueur. Alors le diable insiste : "Peau pour peau ! L’homme donne tout ce qu’il a pour sauver sa vie. Mais étends la main, touche à ses os et à sa chair, je parie qu’il te maudira en face !" (Jb 2,4) Dieu accorde un deuxième essai au diable. Il a également le droit de toucher la peau de Job. Seul celui de le tuer ne lui est pas accordé. Pour les chrétiens il est clair que Job, qui se tient devant Dieu comme un exemple pour toute l’humanité, c’est Jésus-Christ. Dans l’Apocalypse, le drame de l’humanité nous est présenté dans toute son ampleur. Le Dieu créateur est confronté au diable qui dit du mal de l’ensemble de l’humanité et de la création. Il proclame, non seulement à Dieu mais avant tout aux hommes : regardez ce que ce Dieu a fait. Une création soi-disant bonne, mais en réalité misérable et répugnante. Cette façon de dénigrer la création est en réalité une façon de dénigrer Dieu. Elle veut nous prouver que Dieu lui-même n’est pas bon, et ainsi nous détourner de Lui.