Basé sur une histoire vraie, le film allemand « Le vent de la liberté » retrace l’épopée de deux familles prêtes à tout pour quitter le régime socialiste de la RDA. Poursuivies par la Stasi, leur rêve de liberté ne déchante pas, au risque d’y perdre la vie ou d’aller en prison.
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Dix ans avant la chute du mur de Berlin, le 16 septembre 1979, les familles Strelzyk et Wetzel font la Une des journaux. Ils sont passés à l’Ouest en tombant en Bavière, ils sont parvenus à s’échapper. Beaucoup d’autres y ont laissé la vie. Trente ans après la fin du symbole de la guerre froide, la nuit du 9 novembre 1989, le réalisateur Michael Bully Herbig s’empare de cette incroyable histoire aux accents de thriller intimiste et historique.
Un film plein d’espoir et d’audace
« Une montgolfière, ce n’est pas compliqué à fabriquer. Il suffit d’avoir de bonnes notions de physique et de mathématique », avait écrit Peter Strelzyk, l’un des protagonistes de l’histoire. Une idée qui germe jusqu’à devenir une obsession et pourquoi pas la solution aux frustrations de la vie en Allemagne de l’Est à la fin des années 1970. Avec son ami Günter Wetzel, il tente de donner corps à ce rêve un peu fou de passer la frontière en ballon gonflable avec leurs familles. Le film revient sur les étapes d’élaboration du plan.
L’été 1979 à Pössneck, les familles Strelzyk et Wetzel bâtissent dans un travail d’orfèvre le projet audacieux de construire eux-mêmes leur montgolfière. À l’abri des regards indiscrets, Günter coud les morceaux de tissus un à un dans son sous-sol. Une première tentative d’évasion de la part des Strelzyk les met dans l’angoisse d’être découverts. D’autant que leur voisin, Erik Baumann, fait partie de la Stasi. Ils doivent cesser un temps toute relation avec les Wetzel pour ne pas les mettre en danger. Mais le doute prend Doris Strelzyk qui a peur de mettre ses enfants en danger et de les mener tout droit en foyer. Doivent-ils vraiment essayer de partir à nouveau ?
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La confiance mutuelle entre les personnages est frappante, leur capacité à ne pas douter de leur rêve, malgré les grandes difficultés, les obstacles et les échecs. Ils font véritablement corps, à l’instar du modèle socialiste, mais pour le mobile de la liberté et de manière authentique. Cette différence d’avec les agents de la Stasi et les militaires, où la suspicion est de mise, est assez bien rendue. Le lieutenant-colonel Seidel, incarné par Thomas Kretschmann (Avengers), a bien conscience de la dépendance de sa fonction à l’existence d’une frontière, qu’il doit donc protéger jusqu’au bout, et qui en fait le méchant du film.
Suspense, musique et montgolfière
La bande sonore à base de pulsations accompagne de près chaque enjeu dramatique, tout comme les mouvements de caméra rendent bien compte de l’angoisse vécue par les personnages. Mais la musique est parfois trop présente, comme un personnage à part entière du film. Celui sans doute de l’oppression socialiste qui pèse dans la vie quotidienne, à travers chaque regard, chaque mot et chaque action. L’équipe de réalisation parvient ainsi à nous replonger dans l’histoire, avec vraisemblance et terreur, bien que l’histoire soit à destination du grand public. L’intrigue tient aussi bien au tempo qui s’accélère, à cause de la nécessité de partir au plus vite, qu’aux caprices de la météo. Avec la Stasi à leurs trousses, la fabrication d’une nouvelle montgolfière et l’attente du vent du Nord nécessaire à leur fuite, il y a de quoi avoir des sueurs froides. Les scènes à bord de la nacelle sont captivantes et d’un réalisme au cordeau, surtout quand on sait le peu de connaissances qu’ils ont en matière de navigation en ballon.
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Le réalisateur et producteur du film Michael Herbig, un peu comme les héros de l’histoire, aurait pu ne jamais réussir à faire aboutir son projet. Les deux familles avaient vendu les droits de leur histoire à Disney, et à vie… Ce qui donna l’adaptation La nuit de l’évasion en 1982. Mais à force d’audace, il est parvenu à les obtenir par le biais de ses relations hollywoodiennes. Le vent de la liberté est un beau film sur le courage et la conviction, sans lesquels les héros de l’histoire ne seraient jamais parvenus à franchir la frontière.
Le vent de la liberté, de Michael Herbig (2019), avec Friedrich Mücke, Karoline Schuch, David Kross et Alicia von Rittberg. En salles le 10 avril, 2h06 min.