Donner est un devoir essentiel du chrétien, car nos biens et notre argent nous sont confiés en vue du bien commun. L’usage de l’argent résulte de notre devoir d’état, puis de ce que nous sommes appelés à dépenser utilement, à investir et à donner. Mais alors que faut-il dépenser ? C’est la première question d’une série de tribunes qu’Aleteia consacre au chrétien et l’argent (1/6).
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Donner est certainement un maître mot de la Bible et plus particulièrement des évangiles. Ce principe a même vocation à devenir central dans nos vies, à commencer par le don de son temps et de sa disponibilité personnelle, et il n’épargne pas non plus la vie professionnelle, y compris en entreprise. Mais le domaine le plus immédiat d’application de ce principe est bien entendu le don personnel en argent. Apparemment simple, il pose en réalité des questions à beaucoup de personnes. Notamment dans un pays comme la France, à fiscalité élevée, et où les charges notamment familiales sont lourdes. Combien donner ? À qui ? Ce sont là des questions qu’il faut se poser. Naturellement il n’y a pas de règle fixe en la matière. Mais il paraît utile de livrer quelques réflexions qui peuvent permettre d’éclairer la démarche de chacun.
Le premier examen est celui de la disponibilité. Il va de soi que plus on a reçu de moyens, plus on doit veiller à ce que ces moyens soient utilisés en vue du Bien commun, selon le principe catholique de la destination universelle des biens : nous sommes propriétaires de ce que nous avons, nous décidons donc librement quoi en faire ; mais nous devons l’ordonner au service de tous, du bien commun.
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À la famille, en premier lieu
Le premier niveau d’obligation qui nous incombe est celui qui résulte de notre devoir d’état, et donc en premier lieu le souci de notre famille. Son cadre de vie dépend de notre position dans la société et des usages, appréciés en conscience. Quel est le niveau de dépenses qui découle légitimement de nos obligations sociales ? La réponse dépend bien sûr en partie de la société. Il ne saurait s’agir de la seule contrainte sociale, qui peut être tantôt excessive (si elle conduit à des dépenses somptuaires, immorales en regard de la pauvreté), tantôt au contraire insuffisante, au moins qualitativement (ainsi à notre époque où l’absence de valeurs collectives qualitatives permet à un riche de vivre dans la plus complète médiocrité égoïste). Il s’agit donc des dépenses qui permettent de remplir dans la société le rôle positif qu’elle attend légitimement de celui qui a reçu des moyens, surtout s’ils sont importants.
Mais il faut distinguer parmi ces dépenses. Il y a d’abord un niveau de base indispensable, lui aussi dépendant de notre insertion dans la société. Tout ce qui dépasse ce niveau doit faire l’objet d’une réflexion pour examiner ce à quoi nous sommes appelés, comment utiliser en fonction de cela les moyens dont nous disposons et de la responsabilité correspondante. On peut ranger cette utilisation en trois grandes catégories : les autres dépenses, l’investissement et la générosité.
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Ce qui est utile à la société
Parmi les autres dépenses d’abord, il y en a qui sont socialement utiles mais moins indispensables que celles évoquées ci-dessus. Cela va depuis le maintien d’un certain style, y compris de vêtement, l’encouragement à des moyens culturels, la construction de maisons, belles si possible, l’artisanat d’art etc. jusqu’à l’acceptation d’un rôle public, rendu possible par ces moyens. En d’autres termes il s’agit de dépenses que la société attend plus ou moins explicitement de qui a un certain revenu ou une certaine richesse, et que l’on a soi-même validées comme justifiées et effectivement bénéfiques. Parce que la société s’est organisée en y comptant dessus, ces dépenses sont alors doublement nécessaires. D’un côté des circuits économiques de production légitimes et bénéfiques en vivent; et de l’autre la société compte que des personnes, ayant un certain effet d’entraînement sur les autres du fait de leur position et de leurs moyens, assument la promotion effective de telle ou telle valeur, ou style de vie.
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