Revêtir l’armure de Dieu, c’est revêtir le Christ ! Et cela afin de mener le « bon » combat. Est-ce que Jésus nous a donné comme consigne : « Choisissez-vous un bon fauteuil et une bonne paire de pantoufles, je vous enverrai du monde. » Ça, c’est dans l’Évangile selon sainte charentaise… Ne nous a-t-il pas plutôt dit : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Évangile à toute la création » ? Ça c’est dans l’Évangile selon saint Marc (16, 15). C’est pour cela qu’il nous faut de bonnes chaussures et une bonne protection…
Si dans la vie courante avoir de bonnes chaussures, c’est important, dans le combat, c’est essentiel ! Or se chausser n’est pas chose facile. Selon le type de terrain et la saison, selon le type d’activité, on ne se chausse pas de la même manière. Il ne viendrait à l’idée de personne, de mettre des talons aiguilles pour faire de la montagne… même pour atteindre l’Aiguille du Midi ! « Mettez pour chaussures à vos pieds, le zèle que donne l’Évangile de la Paix » (Ep 6, 15). Donc les chaussures qui nous sont nécessaires pour livrer le bon combat, sont des chaussures spéciales. Il nous faut absolument les chausser si nous voulons être opérationnels.
Notre Plaxmol à nous, chrétiens, c’est le « ZAEP »
Je me souviens d’un vieux film de Walt Disney qui racontait l’histoire de deux équipes de baskets. L’une, composée de géants, était d’une puissance redoutable et l’équipe adverse, composée de nains, était tout le temps battue, jusqu’au jour où un savant trouve un produit dont le nom ne s’est jamais effacé de ma mémoire tant il était miraculeux et drôle : le « Plaxmol ». Mis sous les chaussures, il donnait une capacité de rebond extraordinaire… Je ne vous raconte pas la suite vous la devinez aisément.
Dans notre combat se pose le même problème : nous n’avons pas la taille pour l’entreprendre. Mais il y a une différence entre ne pas avoir la taille et ne pas être de taille… Alors se pose la même question que Marie pose à l’ange : « comment cela se fera-t-il ? » (Lc 1, 34). Jésus sait que le combat spirituel que nous devons mener nécessite d’être bien chaussé. Notre Plaxmol à nous, chrétiens, c’est le « ZAEP » (Zèle à Annoncer l’Évangile de la Paix). Laissons-nous donc enflammer de l’ardeur de l’annonce de la bonne Nouvelle.
En décembre 2005, Benoît XVI rappelait que le devoir des catholiques est de témoigner de l’Évangile de la Paix. La bonne nouvelle de la paix, c’est de proclamer la venue du Prince de la Paix (Is 9, 6), or Jésus est ce prince de Paix. Tout prince qui veut se rendre en visite envoie d’abord des ambassadeurs, et nous sommes ses ambassadeurs comme nous le dit saint Paul (2 Co 5, 20). La Paix que nous annonçons c’est la réconciliation de l’homme avec Dieu et de l’homme avec lui-même. Christ a réconcilié tous les êtres, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix (Co 1, 20). Quelle plus belle mission peut-on espérer recevoir ?
Si nous avons perçu un temps soit peu, l’immense honneur que nous fait le Christ de nous associer à sa mission, notre ardeur, notre zèle, doivent être à la hauteur de la confiance qu’il nous fait et à l’importance de la tâche qu’il nous confie.
Le bouclier de la foi
« Prenez par dessus tout le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Mauvais. » (Ep 6, 16) Nous avons l’habitude de considérer notre foi comme une croyance. La voir comme un bouclier demande une certaine conversion du regard. Pourtant, même si nous n’en avons pas conscience, nous l’utilisons souvent comme tel. Soit à la manière d’Abraracourcix — le chef de la tribu d’irréductibles gaulois du village d’Astérix —, qui se faisait porter sur son bouclier ; la foi est alors l'occasion de parader, de montrer son pouvoir, sa respectabilité… Soit notre foi, comme un bouclier, nous préserve d’avoir telle ou telle attitude ou action mauvaise, elle nous protège en évitant de commettre des fautes dommageables pour soi et pour autrui.
N’oublions pas que sur les boucliers, il y a les armoiries qui annoncent clairement qui est le combattant et à qui il est allié. En l’an 312, à la bataille de Milvius, l’empereur Constantin fit apposer le Chrisme, symbole du Christ, sur les boucliers de ses légions, suite à une révélation : « Par ce signe, tu vaincras. » Ce fut la victoire de son armée.Dans le combat spirituel, pour que la foi soit un bon bouclier, il est impératif qu’elle dépasse le stade de la simple croyance intellectuelle et qu’elle devienne puissance enracinée dans la Parole de Dieu et la connaissance intime de Dieu.
Attention ! Beaucoup de chrétiens ont par mégarde, pris un bouclier de la foi en toc que notre adversaire propose de manière attrayante sur les marchés aux puces de la spiritualité ; un bouclier à deux balles : le bouclier des convictions. Il est aussi inefficace que la ceinture de la Sincérité. La foi est un don de Dieu, un bouclier fourni par Dieu. Rappelons-nous qu’elle a un double aspect : « c’est la garantie des biens que l’on espère, et c’est aussi une démonstration des réalités que l’on ne voit pas » (He 11,1).
Afin que notre bouclier nous protège efficacement, il faut qu’il soit confectionné dans de bons matériaux. Si c’est un bouclier de parade rutilant, en carton ou en papier mâché — le fameux bouclier des convictions —, il ne résistera pas aux premiers assauts enflammés de l’ennemi. Le bon matériau dans lequel notre bouclier doit être confectionné c’est la foi en Dieu lui-même, comme le dit le psaume 17, 31: « Dieu est un bouclier pour qui s’abrite en lui » ou encore : « c’est toi Seigneur qui est mon bouclier » (Ps 3, 4).
Nous avons tous essuyé des tirs de traits enflammés du Malin, lorsque tout à coup s’abattent sur nous des flèches comme autant de pensées qui mettent le feu à notre imagination et attisent nos passions. Saint Jean nous rappelle que le fait d’être né de Dieu c’est être vainqueur du monde par la foi (1 Jn 5, 4) et non pas d’être vaincu et se voir retirer l’équipement de combat qui nous donnait confiance (Lc 11, 22).
Prenons donc bien en main notre bouclier et dans les moments difficiles, n’oublions pas que nous avons des frères qui eux-mêmes en sont équipés. Nous pouvons ainsi traverser des zones dangereuses en employant la technique romaine de « la tortue » où nous nous protégeons et sommes aussi protégés de tous côtés par les boucliers de nos frères. Plus que jamais, gardons à l’esprit, qu’un chrétien seul est un chrétien affaibli et en danger.
Entraînement spirituel :