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« Je me mets en position allongée, et là, ça commence : est-ce que j’ai rempli ce document pour la visite médicale de Mathilde ? Oui je l’ai rempli. Mais non j’l’ai pas rempli, parce qu’en fait j’en ai rempli un pour Camille, pour Martin… Et alors là ça s’enchaîne, j’ai pensé à mon repas du lendemain, à ce que j’allais faire, j’allais faire des macaronis jambon fromage et là je réalise que je n’ai plus de fromage râpé ! Oui mais bon, c’est un truc qui se met en plus dans ma journée du lendemain ! » L’humoriste belge Véronique Gallo exprime parfaitement, dans son sketch L’insomnie, ce qu’est la charge mentale, cette espèce de flux incessant de pensées, jugées parfois futiles, mais néanmoins nécessaires au bon déroulement de la vie de famille.
Pour Axelle Trillard, coach spécialisée dans l’accompagnement des mères et auteur d’un ouvrage sur le burn out maternel, la charge mentale fait partie du « package » de la maternité. En effet, qui empêchera une mère de penser au goûter de son enfant ? Elle est largement débattue, dénoncée, voire condamnée sous prétexte qu’elle n’est pas partagée au sein du couple, et pourtant, si l’on change son regard, n’est-elle pas tout simplement une manière d’aimer ses enfants ? Prendre soin d’eux, penser à leur confort, à leur bien-être, est une façon d’exprimer son amour. Et comme, concrètement, il n’est pas si évident de changer de regard, Axelle Trillard transmet à Aleteia quelques pistes pour vivre sa charge mentale dans la joie.
Consentir à un mode de fonctionnement typiquement féminin
« Arrêtons de demander aux papas d’être des mamans ! », s’exclame Axelle Trillard. « Il y a, dès le départ, un déséquilibre puisque c’est la femme qui porte le bébé. Et il y aura toujours un déséquilibre entre l’homme et la femme, la charge mentale étant un mode de fonctionnement proprement féminin », précise-t-elle. Consentir à cette différence, au lieu de la considérer comme une injustice, l’accueillir comme faisant partie de la maternité, est un premier pas vers plus de paix et de sérénité. Bien entendu, les hommes sont appelés à s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants, mais sans doute d’une autre manière.
Présenter la répartition de la charge mentale comme un absolu est, d’une part, irréalisable puisqu’elle est difficilement mesurable, et d’autre part, cela induit un calcul qui n’a pas lieu d’être dans le couple. « Tout est une affaire de mental », souligne notre experte. « Une femme qui vit bien sa charge mentale consent au fait qu’effectivement c’est elle qui pense au goûter de son enfant. En même temps, elle reconnaît que c’est son conjoint qui anticipe la révision de la voiture par exemple ».
De l’enfant-soleil à l’enfant-boulet
Axelle Trillard témoigne que dans le discours des mamans, bien souvent, l’enfant est un rayon de soleil et leur bonheur consiste à prendre soin de lui. Mais dans la réalité du quotidien, l’enfant pèse, au point de devenir parfois synonyme de boulet. « Qu’est-ce qui fait que le côté plaisant ait basculé ainsi dans quelque chose de si pesant ? », invite-t-elle à s’interroger.
Elle engage chaque mère à identifier le « trop » qui lui pèse tant, et l’empêche de goûter à la joie de s’occuper de ses enfants. Une fois « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase » détectée, on peut trouver des solutions en couple ou avec soi-même. Cela peut-être de déléguer à son conjoint l’élaboration des menus de la semaine, ou encore de ne pas s’astreindre à cuisiner des soupes maison 100% bio tous les soirs.
Si on oublie le potiron, et alors ?
Autre référence au sketch de Véronique Gallo, l’humble légume venant se rappeler au bon souvenir de la mère de famille au beau milieu de la nuit, pour bien lui signifier qu’elle avait oublié d’acheter la cucurbitacée pour sa fille de 4 ans qui devait en apporter une en classe. « Si elle n’a pas son potiron, elle va être la seule enfant sans potiron, sans rien, elle va devoir regarder sur le potiron des autres ! (…) Je suis la seule mère qui ne pense pas à acheter un potiron pour sa fille ! Qu’est-ce qu’elle va avoir comme image de moi Mathilde ? Elle va se dire qu’elle est la petite dernière et que je ne pense jamais à elle ! (…) Et la maîtresse, qu’est-ce qu’elle va penser ? Elle va se dire que je me désintéresse, mais moi je ne me désintéresse pas ! » Bel exemple de l’emprise que peut avoir la charge mentale sur nos vies, et nos nuits !
Comment s’en défaire ? Axelle Trillard souligne que la charge mentale diminue au fur et à mesure que l’on arrive à lâcher prise. Et une bonne manière de lâcher prise consiste à penser qu’il n’y a pas mort d’homme si jamais on a oublié de mettre le goûter (ou le potiron) dans le cartable. Stop à la culpabilité ! Au contraire, l’experte invite à avoir confiance en la vie, dans les ressources de ses enfants et les ressources extérieures. Oui, l’enfant aura un peu faim pendant quelque temps, oui, elle n’aura pas son potiron comme tout le monde, mais c’est dans ces moments-là où il se passe quelque chose, où ils font des expériences qui les font grandir.