Afin de venir en aide à une jeune fille aveugle et sourde, une équipe de bénévoles s’est mobilisée pour transformer un dictionnaire de 1.800 pages en fichier numérisé.
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Edon, mais quel drôle de nom ! Non, il ne s’agit pas d’une insulte inédite du capitaine Haddock mais d’un célèbre dictionnaire français-latin. C’est ainsi que Marie-Pierre Kruck a annoncé l’achèvement de sa numérisation complète. Une grande victoire, si l’on considère ce travail titanesque réalisé par 275 bénévoles en quatre mois. Une entreprise menée pour sa fille Clémentine, âgée de 18 ans. En classe préparatoire au lycée Fermat (Toulouse), cette jeune fille brillante est sourde de naissance et aveugle depuis l’âge de sept ans. Ce qui ne l’empêche pas de manier le braille avec autant de dextérité que le latin.
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Un projet fou
Jusque-là, ce dictionnaire n’existait qu’en version papier. Impossible donc pour Clémentine de s’en servir. Confier sa numérisation à une entreprise spécialisée aurait coûté 27.000 euros. Une dépense inenvisageable. Il nous fallait « baisser les barrières », évoque Marie-Pierre Kruck. Un appel a donc été lancé. Latinistes plus ou moins chevronnés, élèves et parents d’élèves, membres de l’ENC (École nationale des Chartes), hommes et femmes de bonne volonté se sont levés des quatre coins de France et du monde , pour travailler d’arrache-pied à ce projet, également utile à tous les étudiants aveugles et voyants.
Au programme, détacher chaque page du dictionnaire papier, la scanner et la numériser en utilisant un logiciel spécifique de reconnaissance de caractère. Les bénévoles ont ensuite dû scruter les mots un à un, à raison d’une page par heure en moyenne. Un véritable travail de fourmi.
« Le projet me paraissait complètement fou. Mais j’ai été très touchée par l’élan de solidarité qui s’est aussitôt déclenché », confie Clémentine Kruck. Jean-Christophe, ingénieur d’Airbus, y a consacré ses soirées, en alternance avec sa thèse en grec et latin. Il est heureux d’avoir pu aider « de façon concrète, au lieu de donner de l’argent de façon impersonnelle ».
Étudiante à Lyon, Emmanuelle a été impressionnée par la volonté de Clémentine et sa famille : « Cela m’a donné envie de me dépasser malgré ce travail répétitif et laborieux ». Tandis que Christiane, 70 ans, retraitée confie avoir « été comblée d’une richesse intérieure qu’on n’obtient pas avec les choses matérielles ». Clémentine en a tiré une belle leçon de vie : « Maintenant, j’utilise avec plaisir ce fichier qui a plus de valeur à mes yeux que n’importe quel autre ».
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