« En invoquant la présomption d’innocence, [le pape François] n’a pas voulu accepter cette démission », a indiqué le cardinal Barbarin dans un communiqué publié ce 19 mars sur le site du diocèse de Lyon. Le primat des Gaules a également annoncé qu’il se mettait en retrait du diocèse. Cette décision n’a pas manqué de faire réagir de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux et d’alimenter les conversations des Lyonnais. Retour sur une décision inédite qui trouble des catholiques.
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Alors que le souverain pontife a refusé la démission que le cardinal Philippe Barbarin était venu lui présenter ce lundi au Vatican et que ce dernier a annoncé se mettre en retrait du diocèse de Lyon, de nombreuses personnes ont réagi pour faire part de leur surprise, leur incompréhension, leur colère ou encore le soutien. Florilège.
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Le pape François refuse la démission du cardinal Barbarin
Connu des milieux catholiques, Erwan Le Morhedec, avocat et blogueur connu sous le nom de Koztoujours, apprécie que le Pape préserve la présomption d’innocence.
https://twitter.com/koztoujours/status/1108002172120326145
Un avis que partage le père Jean-Baptiste Nadler, prêtre de la communauté de l’Emmanuel :
Le Pape fait davantage confiance dans la justice française que dans le tribunal médiatique. #PrésomptionDInnocence
— Père JB Nadler (@perenadler) March 19, 2019
Mais ce n’est pas l’opinion de tous. Pour François Beaudonnet, journaliste longtemps en poste à Rome, le Pape a perdu une formidable occasion d’appliquer la “tolérance zéro”.
Le pape François a perdu une formidable occasion d'appliquer sa "tolérance zéro" en matière de non dénonciation de la #pedophilie.
Quelle erreur ! https://t.co/4MBFuYeLgc— François Beaudonnet (@beaudonnet) March 19, 2019
Directeur de la rédaction de La Vie, Jean-Pierre Denis s’interroge sur la confusion que peut entraîner une telle décision.
Je démissionne mais on ne veut pas que je démissionne alors on me dit de démissionner si je veux mais sans démissionner, du coup je ne démissionne pas mais je démissionne un peu, et pour quelque temps.
C'est clair ? #Barbarin— Jean-Pierre Denis (@jeanpierredenis) March 19, 2019
Une position que ne partage pas la journaliste freelance Olivia Dufour qui “salue le recul du Pape qui est le seul à ne pas se faire embarquer” :
Je suis rarement en désaccord avec vous, mais là je me permets de faire observer que cette condamnation n’est rien d’autre que la désignation d’un bouc-émissaire, une faillite médiatico-judiciaire, et je salue le recul du Pape qui est le seul à ne pas se faire embarquer
— Aliocha (@Plumedaliocha) 20 mars 2019
Par ailleurs, l’AFP révèle que les évêques de France s’étonnent également de cette situation. “Je ne m’attendais pas à ce scénario qui est intermédiaire entre les deux scénarios prévisibles, à savoir l’acceptation de sa démission par le Pape ou son refus”, a indiqué Mgr Georges Pontier, soulignant que cette situation “inédite” résultait du “conflit entre deux exigences”, celle de “respecter le cheminement de la justice” et celle de “se préoccuper du bien du diocèse de Lyon”.
La Conférence des évêques "s'étonne" de la situation "inédite" du cardinal Barbarin #AFP pic.twitter.com/IxGBWDm1jY
— Agence France-Presse (@afpfr) March 19, 2019
Quant aux Lyonnais interrogés par Aleteia, cette double annonce laisse un goût mitigé. “Je suis surtout contente que le Pape ne suive pas la pression médiatique, et continue à apporter son soutien au cardinal”, confie Dominique, catholique de 67 ans. “Mais je comprends aussi la décision du cardinal de se retirer, je pense que c’est plus sage et cela apaisera le climat, enfin je l’espère”, ajoute-t-elle.
Car le climat chez les catholiques lyonnais est pesant en ce moment. C’est en tout cas ce que constate depuis 15 jours un curé de paroisse. “Nous avons eu ces dernières semaines beaucoup de personnes qui sont venues nous voir en colère, ou pour exprimer leurs doutes. Ce que je retiens de positif, c’est que oui, la parole se libère, et je leur dis de ne regarder que le Christ, qui doit être notre modèle”.
Un autre prêtre confirme : “Nos paroissiens souffrent de cette lumière mise sur leur diocèse, ils aimeraient sortir de l’actualité et travailler ensemble à trouver les bonnes attitudes et accueillir les victimes avec finesse”. Ce qui explique sans doute le succès de la soirée organisée par le diocèse de Lyon vendredi 15 mars dans l’église Saint Bonaventure avec la projection du film “Grâce à Dieu” suivie d’une rencontre avec une victime, une psychologue et Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon. “Le diocèse souffre, il est temps de tourner la page, cette décision intermédiaire est surprenante, je ne suis pas sûre qu’elle soit bien interprétée”, confie inquiète, une autre personne interrogée par Aleteia.