“Invoquant la présomption d’innocence”, le pape François “n’a pas voulu accepter” la démission du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, explique ce dernier dans un communiqué publié sur le site de son archidiocèse ce mardi. Il annonce toutefois se mettre “en retrait” de la conduite de l’archidiocèse lyonnais.
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Le pape François a refusé la démission de l’évêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, qu’il était venu lui présenter lundi au Vatican, quelques jours après sa condamnation par le tribunal correctionnel de Lyon à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuels commis par le père Preynat. C’est le cardinal lui même qui a annoncé mardi cette décision par un communiqué de quelques lignes publié sur le site du diocèse de Lyon.
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“En invoquant la présomption d’innocence, il n’a pas voulu accepter cette démission, écrit l’archevêque. Il m’a laissé la liberté de prendre la décision qui me paraît la meilleure pour la vie du diocèse de Lyon, aujourd’hui. À sa suggestion et parce que l’Église de Lyon souffre depuis trois ans, j’ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps,” précise-t-il. Mgr Philippe Barbarin reste donc archevêque de Lyon. C’est l’actuel vicaire général du diocèse, Yves Baumgarten, qui se chargé de “la conduite du diocèse” à compter de ce jour précise le communiqué.
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Le 7 mars, à l’annonce du jugement, le cardinal Barbarin avait annoncé son intention de faire appel de sa condamnation. En droit français, l’appel est suspensif et le cardinal est donc présumé innocent jusqu’à ce que le verdict en appel ne soit rendu. Ce choix du Souverain pontife se situe donc dans la ligne de ce qu’il avait annoncé dès mai 2016 au quotidien La Croix. Accepter cette démission, estimait-il à l’époque, “serait un contresens, une imprudence. On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant, ce serait se dire coupable.”
La décision du pape François et cette suggestion de se mettre en retrait formulée par l’évêque de Rome ont été répétées par Alessandro Gisotti, directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège ce mardi. “Le Saint-Siège, a-t-il ajouté, tient à redire sa proximité avec les victimes d’abus, avec les fidèles de l’archidiocèse de Lyon et avec toute l’Église en France qui vivent des heures douloureuses”.
Le primat des Gaules a accordé une interview à la chaîne KTO ce mardi pour détailler sa démarche. “Après ce jugement, cette condamnation, et même s’il n’y avait pas eu de condamnation, je pense qu’il est bon qu’une page soit tournée” a-t-il lancé. Mais, interrogé sur la durée de cette prise de distance, il a répondu: “Je n’en sais rien, ça dépend si le procès en appel est très long ou ne dure que quelques mois”.
La Conférence des évêques de France (CEF), dans une prise de distance singulière, s’est dite, avec ce faux départ, “étonnée” d’une situation “inédite”. Le président de la CEF, Mgr Georges Pontier, a toutefois expliqué comprendre que ce choix résulte du “conflit entre deux exigences”, celle de “respecter le cheminement de la justice” et celle de “se préoccuper du bien du diocèse de Lyon”.