Près d’un parent français sur deux (48%) considère qu’être un bon parent, c’est avant tout laisser le plus d’autonomie possible à son enfant. C’est ce que révèle le troisième baromètre Kinder-Ipsos des relations parents-enfants publié en février 2019. Pourtant, faire de l’autonomie une valeur prioritaire appauvrit le sens de sa mission en tant que parent, et conduit à un durcissement du regard, notamment vis-à-vis de ceux que la vie rend dépendants.
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Premier entretien pour l’inscription de tout-petit-chéri à la crèche : la puéricultrice vous assure qu’elle saura bien vite le rendre autonome. Entendez : d’ici à deux mois, calé entre deux coussins, il tiendra son biberon tout seul. À la maternelle, même promesse : il fera bientôt son cartable et ses lacets sans aide. En attendant, achetez-lui des chaussures à scratch. Le même discours sera déroulé interminablement : autonome pour ses devoirs, ses trajets, son argent de poche, ses idées et tous ses choix de vie tant qu’on y est.
C’est une fausse bonne idée éducative. Vendre l’autonomie comme le but éducatif de la scolarisation ou de notre mission de parents, et en faire une valeur prioritaire, appauvrit singulièrement le sens de notre mission et nous conduit à un durcissement du regard, le nôtre et celui de nos jeunes.
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L’intention est sincère, mais elle met silencieusement sur la touche tous ceux que la vie rend dépendants : l’adulte handicapé qui ne fermera jamais ses boutons tout seul, le petit vieux qui ne sait plus où il habite, vous et moi qui avons si souvent à demander du secours.
Éduquer à la liberté
Comment en est-on arrivé à présenter comme un accomplissement le simple fait d’être autosuffisant ? Car, concrètement, il s’agit bien de ça : apprendre à faire tout seul, ne dépendre de personne, se passer des autres. Or l’inverse est plus important et bien moins spontané. Ce que nous devons transmettre, c’est au contraire la certitude que l’enfant pourra compter sur l’adulte que nous sommes, en sorte qu’il veuille devenir lui aussi quelqu’un sur qui on pourra s’appuyer.
L’injonction d’autonomie est de plus totalement contradictoire. À proprement parler, est autonome celui qui se donne à lui-même ses propres lois. Est-ce vraiment cela que nous voulons ? Non, cela nous fait même plutôt peur : alors, nous lui inculquons nos propres règles en lui demandant de les appliquer sans notre aide. Et nous appelons ensuite « adulte autonome » ou « citoyen responsable » celui qui a intégré notre code de bonne conduite et l’applique en individualiste. Nous n’avons pas fait grandir sa liberté, nous avons juste préservé la nôtre.
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Alors visons plus large. Soyons animés par le désir de faire grandir leur liberté. Être autonome, c’est n’obéir qu’à soi-même : grand confort. Être libre, c’est ouvrir en grand son intelligence et son cœur : oser former des projets qui nous dépassent, oser aimer la justice plutôt que la loi, le service des autres plutôt que le « chacun pour soi », le risque intelligent plutôt que le respect du règlement.
Cette mission est difficile, car elle engage l’éducateur dans toute sa personne. Le jeune construira une liberté joyeuse, faite d’inventivité et de débrouillardise, au contact de l’adulte qu’il verra prendre des engagements, affronter avec courage les contrariétés, renoncer à l’envie du moment, et proposer de la sécurité autour de lui quitte à sacrifier… son indépendance.
Jeanne Larghero
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