La difficulté n’est pas d’aimer ses enfants. À de rares exceptions près, tous les parents aiment leurs enfants. La difficulté, c’est de montrer à nos enfants que nous les aimons. La facilité réside parfois dans l’énonciation facile et rapide d’un petit « je t’aime » jeté à la va vite devant les grilles de l’école ou au moment du coucher. Mais il existe bien d’autres façons de manifester son amour, de manière plus sincère, et paradoxalement, plus parlante, bien qu’elles se passent parfois de mots.Si les générations d’après-guerre ne disaient guère « je t’aime » à leurs enfants, les parents d’aujourd’hui ne lésinent pas. Est-ce l’héritage de Françoise Dolto, qui a révolutionné les relations parents-enfants en faisant de l’enfant une personne à part entière à qui il faut parler ? Ou bien la conséquence d’une culpabilité larvée de parents trop occupés ? Quoiqu’il en soit, les experts observent un changement majeur dans les relations parents-enfants. La psychanalyste Liliane Holstein constate : « On est passé d’une période où l’on disait assez peu aux enfants qu’on les aimait à une époque où l’on emploie un langage quasi amoureux à leur égard. Il y a là un surinvestissement, avec des “je t’aime” cinquante fois par jour, comme s’il s’agissait d’une phrase banale ».
Une phrase qui deviendrait à certains égards anodine, usuelle, répétée dans le but de se dédouaner d’une quelconque culpabilité, ou bien d’entendre en retour un « moi aussi » quelque peu arraché. Loin de renier l’importance vitale d’exprimer son amour à son enfant, il peut être utile de revisiter d’autres manières de lui dire « je t’aime ». Pour plus de sincérité, de vérité, et de présence à ce que l’on fait ou à ce que l’on dit.