Sous couvert de la protection contre la maladie, la manipulation génétique aurait eu pour objectif de tester la création d’êtres humains supérieurement doués.En novembre dernier, nous apprenions que le patrimoine génétique de deux petites jumelles chinoises, Lulu et Nana, aurait été modifié par la technique Crispr-cas-9 au moment de la fécondation in vitro. Ce bricolage génétique a suscité une vague d’indignation dans les milieux scientifiques du monde entier. Des bébés humains OGM ! La manipulation a été présentée comme ayant pour objectif de protéger les enfants contre la transmission du VIH. Une justification on ne peut plus douteuse. Devant le scandale, le gouvernement chinois a immédiatement pris ses distances. Et le sulfureux chercheur aurait été renvoyé de son laboratoire.
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Des capacités intellectuelles supérieures ?
Depuis, on en sait un peu plus. Il apparaît que le gène ciblé par la manipulation génétique serait corrélé à une meilleure capacité cognitive chez la souris. Ainsi qu’à une meilleure évolution chez les humains ayant subi un accident vasculaire cérébral. Ces informations ont été récemment publiées dans la littérature scientifique et le chercheur Hé Jankui n’ignorait probablement pas ces travaux. D’où la question : la manipulation génétique aurait-elle eu en réalité pour objectif de créer des êtres humains modifiés disposant de capacités intellectuelles supérieures ?
Il faut dire que la banalisation du discours transhumaniste qui revendique d’améliorer l’humanité, couplée aux fulgurants progrès des technologies biomédicales laissent effectivement entrevoir cette possibilité. On a aussi appris que de nombreux scientifiques étaient au courant des projets de Hé Jankui et n’ont pas réagi pour stopper l’expérimentation. Et si l’État chinois a pris ses distances, il semble que les autorités chinoises auraient initialement financé ces travaux.
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Comme des animaux de laboratoires
Les deux bébés ont été traités comme des animaux de laboratoire. Ils ont subi une expérimentation gravement transgressive qui modifie leur patrimoine génétique. Le consentement préalable donné par les parents n’excuse rien, ne justifie rien. Ce n’est pas parce que quelque chose est techniquement possible qu’il faut le faire. Cette recherche était-elle respectueuse de la dignité de la personne humaine ? C’est l’interrogation éthique qui aurait dû constituer le préalable à l’expérimentation.
Tribune publiée en partenariat avec RCF Nord-de-France.